Joy Sorman - Sciences de la vie

 

Sciences de la vie

Joy Sorman

Editions Seuil

août2017

272 pages

ISBN : 9782021365122

 

4ème de couverture :

Nombre de médecins qui se sont penchés sur les cas saugrenus de la famille de Ninon Moise ont échoué à les guérir, parfois même à simplement les nommer. Depuis le Moyen Âge, les filles aînées de chaque génération sont frappées, les catastrophes s’enchaînent. Ninon, dix-sept ans, dernière-née de cette lignée maudite, a droit à un beau diagnostic : allodynie tactile dynamique, trois mots brandis pour désigner ce mal mystérieux qui brûle la peau de ses bras sans laisser de traces, et sans explications.

Mais Ninon, contrairement à ses aïeules, ne se contente pas d’une formule magique, veut être soignée par la science, et entend échapper au déterminisme génétique, aux récits de sorcières qui ont bercé son enfance, pour rejoindre le temps, adulte, des expériences raisonnées. C’est une décision, celle de contrarier sa propre histoire, de s’inventer une nouvelle identité, de remonter le courant de son intuition initiale, qui lui a fait dire un 19 janvier au réveil je suis maudite comme toutes les autres.

Formidable odyssée de la peau, ce roman de Joy Sorman tend le fil suspendu du destin dans le labyrinthe des énigmes médicales, où l’emporte toujours « la vie, la vie, la vie décidément ».

L’auteur (site de l’éditeur)

Née en 1973, Joy Sorman se consacre d’abord à l’enseignement de la philosophie avant de se diriger vers l’écriture. En 2005, paraît son premier roman Boys, boys, boys, lauréat du prix de Flore. En 2013, elle reçoit le prix François Mauriac de l’Académie française pour Comme une bête. En 2014, La peau de l’ours est sélectionné dans la liste Goncourt. Sciences de la vie est son treizième livre.

 

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Depuis toute petite, Ninon est biberonnée aux histoires familiales que lui racontent sa mère avant de s’endormir et quelles histoires !

Dans sa famille, les filles ainées sont victime d’une malédiction ;  Des maladies, des maux mystérieux surviennent du jour au lendemain. « La famille de Ninon est maudite, marquée depuis toujours du sceau de l’infamie et de  l’infection, une malédiction aussi risible que tragique, un sens de la transmission autant que de la contamination n, des catastrophes génétiques en chaîne : génération après génération, des récits de maladie, de mauvais sort, de démence et d’envoûtement, une multitude de maux qui frappent automatiquement les fils ainées depuis le XVIe siècle. »

Tout est consigné, transmis aux descendants et la mère de Ninon aime lui raconter l’histoire familiale, tout au moins, celle des filles ainées. Marie Lacaze fut la première de la lignée. Esther Moise, la mère de Ninon est atteinte d’une  forme de dégénérescence oculaire. Ninon, à dix-sept ans, un beau matin se réveille les bras en feu. Uniquement les bras, de l’épaule à la main. Le spécialiste diagnostique une allodynie tactile. Elle ne peut rien supporter sur les bras, s’enferme dans sa chambre et en elle, souffre. Sa mère n’est plus ce phare qui illuminait son enfance, c’est presque devenu l’ennemie, celle par qui cela arrive.

Parlons-en de la mère. De quelle névrose souffre-t-elle pour infliger ceci à sa fille ? Pourquoi cet orgueil d'une lignée de souffrance ?

Ninon se rebelle,  ne veut pas  dire un mot de cette hérédité démoniaque. Rien n’y fait, la médecine est impuissante à soigner la malade. Internet la mène vers des chamanes en tout genre. Là elle se rend compte qu’elle ne peut faire abstraction de la lignée maternelle.

Toutes ces visites et consultations ne lui apportent rien et deviennent même ennuyeuses. Il me faut les suivre, les subir, c’est son chemin de croix, plutôt son chemin de vie pour comprendre sa souffrance. Bien sûr, il y a la vodka et le joint qui, temporairement calment la douleur mais, la chute n’en est que plus dure.

Entremis, Joy Sorman dévoile l’arbre généalogique de toutes ces filles ainées, c’est un arbre, un catalogue hallucinant de divers maux et malédictions ! Je comprends que Ninon veuille briser ce lien.

La douleur enferme Ninon, la plonge dans la solitude. Est-ce par la peau que s’exsude son enfance ? Est-ce une mutation vers une nouvelle vie ? Faut-il souffrir dans sa chair, ici dans sa peau, pour se dévoiler, prendre de l’épaisseur, devenir adulte ?

De peau, il en était déjà question dans son précédent roman « La peau de l’ours ». Joy Sorman s’appuie sur une longue recherche historique et médicale pour mieux s’en échapper et nous emporter dans le tourbillon de survie de Ninon.

Les phrases jaillissent, valsent, comme tournent les praticiens. Les phrases sont longues, mais vivantes et alertes, pour mieux faire ressentir l’état de Ninon jusqu’à la renaissance et le retour à la douceur de sa peau qu’elle fêtera d’une façon radicale et inattendue. Oui, Ninon Moise est devenue elle et non plus la descendante d’une lignée maudite, elle s’est réapproprié son corps et son esprit. Non, Le mal ne passera plus par ces histoires racontées le soir au moment de s’endormir.

Un très bon roman dans la lignée des précédents et définitivement, j’aime le style de Joy Sorman.

Ce livre a fait partie de la liste des explolecteurs de lecteurs.com ; maintenant il voyage pour notre plus grand plaisir.

 

 

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V
c'est dur mais tu en parles bien, pourquoi pas d'autant plus que je ne connais pas cet auteur.
Répondre
Z
Un livre qui a du corps, mais pas dure, non
L
Il faut vraiment que je la lise !
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Z
Tu sais où trouver certains de ses livres !!
G
Je découvre par ton billet que Joy Sorman a changé d'éditeur, ceci dit je dois l'avouer, c'est la première fois qu'un billet me donne envie de la découvrir (sans doute parce qu'il est question de généalogie), il y a quelque chose de l'ordre de la rudesse qui me retient de la tenter, peut-être un jour alors, peut-être avec ce titre.
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Z
Oui, elle a changé d'éditeur. Je ne trouve pas de rudesse dans les écrits de Joy Sorman. Du coffre, de la chair dans les deux sens du terme, de l'épaisseur, du cru et j'aime ça
A
Quel billet tentateur !
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Z
J'ai beaucoup apprécié, comme les précédents d'aillurs
M
Un thème insolite et une belle personnalité à découvrir à travers Ninon. Merci pour cette découverte.
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