Gaëlle Pingault - Il 'y pas pas Internet au paradis

 

 

Il n’y a pas Internet au paradis

Gaëlle Pingault

Editions du Jasmin

Septembre 2017

224 pages

ISBN: 9782352842200                    

                 

 

4ème de couverture :

Gentiment bourgeois bohèmes sans être tout à fait dupes, Alex et Aliénor s’aiment, envisagent de faire un enfant ou deux, et de se déconnecter d’un monde qui va trop vite. Mais la Grande Entreprise en a décidé autrement. À coups de réorganisations, elle consomme de l’être humain comme une machine du carburant : sans états d’âme.

Entre chagrin et souvenirs, la colère d’Aliénor monte contre l’entreprise, mais aussi contre Alex, à qui son amour n’a pas suffi pour continuer à vivre. Et puis le deuil se fait, Aliénor commence une existence nouvelle, un peu hésitante, avec une seule certitude : face à l’adversaire, il ne faut pas plier.

Sans rien masquer de la souffrance de son personnage, l’écriture enlevée, touchante et drôle de Gaëlle Pingault réussit à tenir à distance la cruauté des entités déshumanisées pour laisser à l’individu toute la place, car en continuant à chercher son paradis sur cette Terre et dans cette vie, il est le seul grain de sable capable de gripper la machine.

           

L’auteure (site de l’éditeur) :

Nouvelliste, et maintenant romancière, animatrice d’ateliers d’écriture, orthophoniste, bretonne. Et réciproquement, ou l’inverse. Ça dépend du sens du vent. Celui que je préfère, moi, c’est le noroît qui claque.

Pas très sérieuse, enfin pas trop, parce que la vie est trop courte pour ça. Déjà 40 ans de passés, c’était bien, merci. Barman, vous m’en remettrez le double, s’il vous plaît ?

Un homme, une petite fille de moins en moins petite, la mer à 50 km : triangle parfait, équilibre atteint.

 

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« Être la veuve d'un suicidé est un truc indémerdable. Entre la colère et la pitié, quelle place reste-t-il pour la peine, la vraie ? Comment fait-on son deuil quand on plaint son disparu autant qu'on lui en veut ? »
Aliénor et Alex, Alex et Aliénor, un couple parfait, comme dans les magazines, "Nous avons vite été l'archétype du jeune couple dynamique qui a tout pour plaire, tout pour réussir. Et qui d'ailleurs -logique- plaît et réussit."  sauf que… Lorsqu’une entreprise veut vidanger, et que le personnel ne veut pas démissionner, mon dieu ce que les cadres peuvent être obtus (ironie amère) et bien, on les pousse vers la dépression, grâce à un harcèlement moral des plus raffiné. Alex est allé un poil trop loin, mais ce n’est pas la faute de sieur Boucher, un chef au-dessus de tout soupçon mis là par la direction pour faire le sale boulot… Il y en a qui aime ça à ce qu’il parait.

Alex ne s’est pas défenestré, non, il s’est immolé, donc un acte vraiment pensé, « froidement déterminé ». Il est parti sans un mot d’adieu. Aliénor doit vivre avec le manque, la colère, le désespoir, le silence.

Aliénor se bat pour ne pas plonger et Gaëlle Pingault a le talent de mettre des mots sans pathos où la colère, l’amour, le manque ne s’adressent pas à nous lecteurs, mais à Alex pour lui hurler son chagrin, son incompréhension, son amour, son manque, sa colère. Alex n’est plus là pour lui répondre, pour l’aider, elle commence même à oublier son visage.

Aliénor est telle qu’en elle-même, capable de bons mots, de plaisanteries, un ton direct, oral Aliénor vide son sac, alors qu’elle ne peut vider l’armoire d’Alex. Elle se raccroche à ses centres d’intérêts que sont les arts. « Je l'ai déjà dit, il me semble. Un jour, je ferai la liste de tout ce que je dois à la beauté de l'art. De toute les fois où elle m'a sauvée du désespoir. Il se pourrait que la liste soit longue. »

Un livre à la fois pessimiste, comme les nouvelles fraîches entendues à la radio, le calvaire d’Alex et de nombreux autres cadres ou simples employé, le côté positif est la lente résilience de Gaëlle

 « Je vais y arriver, tu sais. J’ai décidé d’être résiliente, je me répète ça comme un mantra, j’ai décidé que je m’en sortirai. Ce n’est pas marrant-marrant tous les jours, mais je vais y arriver. Le bon revient doucement. Tiens, regarde, la preuve. Je suis venue ici à pied. Et un peu avant d’arriver, j’ai réalisé que je voyais des visages. Alors que depuis ton décès, je voyais surtout des pieds. Je me redresse, tu vois. Je vais y arriver. Mais je voulais quand même te dire que la vie avec toi, c’était… waouh…. C’était drôlement bien.

Une superbe déclaration d’amour à l’homme qui l’a rendue veuve.

Un livre lu d’une traite. Un livre écrit avec les tripes, les larmes, la colère. Un livre d’amour qui a une résonance particulière pour moi, tant, avec l’âge, la peur de la disparition de l’être aimé est ancrée en moi.

Un livre qui, malgré le sujet et les mouchoirs mouillés, n’est pas pathétique ; il part des tripes et j’aime ça.

Encore une belle découverte due aux fées des 68 premières fois. Merci à elles.

 

 

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A
Je n'ai pas encore lu cette auteure, mais je sens que je vais le faire :-)
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Z
Ce livre m'appartient, donc, il peut voyager vers toi sans problème
A
Le nombre de mouchoirs mouillés ? Tant que ça !
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Z
C'est tendre, caustique à la fois
L
Tu donnes envie de le lire. Mais je vais résister et essayer de faire descendre un peu ma PAL ! J'ai bien dit "essayer" !
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Z
Nous en sommes tous là !!
M
Et bien ce que tu en dis me donne envie de le lire...c'est vrai qu'en prenant de l'âge on pense davantage au veuvage d'autant plus quand ça commence à toucher de près des personnes que l'on connaît bien et quand on a passé une vie entière ensemble...Je verrai si je le trouve à la médiathèque. Merci d'en parler aussi bien
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Z
C'est un très bon premier roman
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