Marie-Hélène Lafon - Cézanne

Cézanne

Marie-Hélène Lafon

Editions Flammarion

Septembre 2023

176 pages

ISBN : 9782080421357

4ème de couverture :

Il y a Paul et il y a monsieur Cézanne.

Il y a le père et la femme, le jardinier Vallier, le docteur Gachet et les écrivains Flaubert et Zola.

Tout un monde. Il y a les toits rouges sur la mer bleue, les mains, le sucrier, le chapeau, l’argent et les secrets.

Il y a les silences, épais.

Marie-Hélène Lafon est allée vers Cézanne comme on « va au paysage ».

À corps perdu.

Cet essai en est la trace éblouie.

L’autrice (site de la maison d’édition) :

Marie-Hélène Lafon est née dans le Cantal en 1962. Elle vit et travaille à Paris. Romancière et nouvelliste, elle a notamment publié chez Buchet/Chastel Les Derniers Indiens (2008), L’Annonce (2009), Joseph (2014) et Les Sources (2023). Elle a obtenu le prix Renaudot des lycéens 2001 pour Le Soir du chien, le prix Goncourt de la nouvelle 2016 pour Histoires et le prix Renaudot 2020 pour Histoire du fils.

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« On ne saisit pas Cézanne, on ne l'épuise pas, il résiste, on l'effleure, il glisse, il disparaît dans le sous-bois. On l'espère. On l'attend. »
Cézanne, rien que le nom appelle le soleil, la lumière, la montagne Sainte Victoire et, la plume de Marie-Hélène Lafon rend cette évocation lumineuse.

Ce livre est une commande quelle a peiné à accepter ; toujours cette peur de l’illégitimité, elle qui, petite, n’a pas fréquenté les musées ni écouté de la musique classique. Une fois le chantier accepté, elle s’imprègne, lit, découvre Cézanne et sa vie. M.H. Lafon est entrée en cézannie (c’est elle qui le dit) par le Sous-bois « Au Louvre, en Janvier 2009, ça recommence. Je suis saisie, happée, cueillie »

Comme dans chacun de ses romans, la famille et l’attachement au pays sont les poutres maîtresses de ses chantiers, le Cantal pour elle, le pays d’Aix et la Montagne Sainte Victoire pour lui. Cézanne n’a de cesse, lorsqu’il est loin d’Aix d’y revenir et lorsqu’il y est de repartir à Paris ou ailleurs.

Cézanne n’a pas un caractère facile et les entrevues avec les marchands ne sont pas choses aisées, d’autant que sa peinture ne plaît pas trop, mal finie

Quant à la famille Cézanne… Le père ancien chapelier, devenu banquier aurait tant aimé que son fils, son seul fils, prenne la suite. C’est une grosse déception pour lui, mais il lui versera toujours une pension  « Le père finance, il est de la vieille école et il estime que ça lui donne des droits sur son fils, même s’il n’est plus un enfant ni un jeune homme. » La mère, épousée après la naissance des deux premiers enfants, aime ce fils si particulier et s’arrange pour que le père n’apprenne pas tout et fait le tampon entre les deux. La sœur aînée, Marie ressemble à son père mais ne pourra prendre la succession car elle est née fille ; alors, elle devient bigote et tient son petit monde à la baguette. Ces deux-là sont reliés, unis par leur naissance ancillaire, plus qu’avec l’autre sœur, née après le mariage.

De son côté Paul Cézanne « a charge d’âmes, une jeune femme, un fils qui n’a pas deux ans, un autre petit Paul », la vie est difficile, la pension versée par le père trop maigre, les éventuels acheteurs rebutés par la peinture de l’artiste, par son caractère difficile ; les chiens ne font pas des chats. Et oui, maintenant il doit subvenir aux besoins d’Hortense et du petit Paul«  la boule et le boulet » c’est par ce mot charmant qu’il les appelle !!

Hortense, elle posait pour les peintres, c’est ainsi qu’ils se sont connus. Alors, pensez donc une moins que rien car « les modèles des peintres ne sont justement pas des modèles de tenue…. Ces femmes se retrouvent seules pendant des heures dans les ateliers avec des hommes qui les payent et finissent par avoir des idées », « Une jeune fille ou une femmes qui se respecte ne se met dans dans des situations pareilles et, si elle y est contrainte, elle ne reste pas longtemps honnête ». Elle ne fera jamais partie de la famille mais aura sa revanche, à la mort de la mère ; elle sera la seule Madame Cézanne. «

Son travail n’est pas reconnu, Hortense en premier  « Cézanne ne savait pas ce qu’il faisait. Il ne savait pas comment finir ses tableaux. Renoir et Monet, eux, savaient leur métier de peintre » Triste  épitaphe de la veuve

M.H. Lafon fait appel à d’autres hommes célèbres dont Zola qui fut l’ami de Cézanne, Pissaro son grand-frère en peinture, son soutien, bien sûr le fameux docteur Gachet. Flaubert, qui comme lui vient de la bourgeoisie et la méprise, voici ce que Cézanne écrit dans une lettre à sa mère « Tous les bourgeois rechignent à lâcher leurs sous ». Il ne veut pas vivre comme eux, mais dépend de l’argent de son bourgeois de père.

Et puis, il y a les paysages, la montagne Sainte Victoire souvent peinte mais jamais pénétrée, jamais cheminée, le jardinier, Monsieur Vallier qu’il peint souvent

Il y aurait tant à dire sur cet essai. Toujours le style direct, travaillé à l’os de M.H. Lafon, toujours cette fougue, cette pugnacité. La succession de chapitres en italiques où l’autrice parle à la première personne, s’exprime sur sur Cézanne et les autres où raconte. En lisant le livre, j’avais l’impression de suivre M.H. Lafon dans la construction de son livre, sa perception de l’écriture d’un livre. « Il est en chemin, il va au motif, le monde le happe, le monte le travaille ; lumières formes, couleurs sont inépuisables et son acuité de perception est intacte » Ce pourrait être elle dans l’avancement de son chantier.

A chaque fois, M.H. Lafon me cloue sur mon fauteuil (ou ailleurs) et la regarder lorsqu’elle parle d’un de ses livres est un spectacle en soi. Ses mains virevoltent, le visage est mouvant, tout en elle parle alors je la regarde, je le vis. Merci M.H. Lafon pour tout.

Photos prises lors de son passage chez Quille.s, une cave à vins, invitée par la libraire Le Cyprès à Nevers.


 

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A
Une auteure que j'aime beaucoup. Titre noté.
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Z
Une autrice dont j'achète pratiquement tous les livres
Z
Alors, bonne lecture !
M
Voilà une autrice que j'aime beaucoup et tu te doutes bien que j'ai noté celui-là depuis sa sortie. Je le lirai un jour j'en suis certaine et je vois que tu as apprécié aussi de la rencontrer...à Nevers. Je suis vraiment contente pour toi que tu aies pu y aller.
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Z
C'"était ma semaine tranquille... Plus que 2éances !
A
Expressives les photos ! je voulais l'emprunter à la bibliothèque, mais je l'ai un peu perdu de vue. Merci pour le rappel.
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Z
A certains moments, je ne l'écoutais, je la regardais
L
Vile tentatrice ! 😄
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Z
Si tu savais.....
I
Je suis sûre que cette auteure me plairait, et je ne l'ai pourtant jamais lue... j'aime beaucoup moi aussi la regarder et l'écouter s'exprimer..
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Z
J'aime son style direct. En très peu de mots, elle t'emmène avec elle
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