Azza Filali - Malentendues

Malentendues

Azza Filali

Editions Elyzad

344 pages

Octobre 2023

ISBN : 9782492270895

 

4ème de couverture :

En pleine canicule, Emna, avocate à Tunis, accepte une mission à Djerba afin d'évaluer l'autonomie des femmes de Tezdaïne, un village réputé pour son conservatisme. En côtoyant ces Djerbiennes cloîtrées dans des traditions millénaires, Emna voit ses propres repères vaciller : son modernisme ne serait-il qu'un leurre ? Qu'en est-il de l'égalité des sexes ? Où réside l'essentiel ? Sur l'île écrasée de lumière, elle renaît à la vie.

Azza Filali célèbre ici ces femmes, leur sincérité, leur admirable courage, leur rapport au corps et à la sexualité, à mille lieues des idées reçues. Peinture vibrante et sensuelle, ce roman livre un regard aiguisé sur la condition des femmes aujourd'hui en Tunisie.

L’autrice (site de la maison d’édition) :

Azza Filali, romancière et médecin, est une figure majeure de la littérature tunisienne contemporaine. Plusieurs de ses romans sont parus aux éditions Elyzad : L’heure du cru (2009), Les Intranquilles (2014), Prix Zoubeida B’Chir, De face et sans chapeau (2016), Chronique d’un décalage (poche, 2020), Grand Prix du Roman Tunisien.

Depuis la révolution de 2011, elle s’engage et écrit régulièrement dans la presse.

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Emna est avocate, habite Tunis, mariée, paraît libre dans sa vie professionnelle ainsi que dans sa vie familiale. Elle est missionnée par l’Europe pour savoir où en sont les libertés féminines sur l’île de Djerba, qui malgré le tourisme, est connue pour son conservatisme. « mission consacrée aux femmes rurales de Tezdaïe. Il s'agit d’ évaluer leur degré de civisme, d’autonomie, leurs relations avec leurs conjoints. Mon travail doit préparer la mise en place de centres d’aide à travers tout l’île » (Djerba). Il faut se rappeler qu’il y a soixante ans, Bourguiba a promulgué des lois visant à l’autonomie des femmes.

Première rencontre avec le maire de Tezdaïe qui n’a aucune envie de lui faciliter le travail. Pour lui « Elles semblent plutôt satisfaites de leur sort. Elles sont dynamiques, hyperactives ; en un mot, elle pètent la forme. Si j’abattais le quart des tâches qu’elles s’envoient, je serais mort depuis des lustres ».C’est clair !!

La voici installée, qui va à la rencontre de ces femmes soit-disant satisfaites de leur sort. Houria, la première venue lave et prépare les morts avant leur enterrement et prépare les jeunes filles pour leur mariage ; certaines fois cela peut se confondre « pendant la pose du harkous, j’avais l’impression de tatouer une morte ». Elle ouvre la voie aux autres femmes ; il faut quand même les appâter avec un téléphone portable offert, qui bien sûr sera donné au fils... que feraient-elles d’un téléphone portable, elles qui vivent dans l’indigence, dans l’urgence de nourrir une famille alors que le mari dépense l’argent ! « Ma petite Emna, je t’aime comme ma fille, mais ton Union européenne et sa bienveillance à la noix me flanquent des aigreurs. Les copines d’ici s’en moquent, toutes empêtrées qu’elles sont dans leur indigence ! »

Petit à petit, malgré un « conformisme social, plus lourd qu’une chape de plomb », les liens se nouent entre ces femmes et Emna qui écoute leurs problèmes, tente de les aider. La confiance, durement gagnée, permet la liberté de paroles, les rires, les confessions, parfois étonnantes pour moi, comme sur l sexualité.

Mais, comme souvent, il y a hiatus entre les concepts élaborés loin des réalités et la vie de ces femmes. Emna le perçoit, le reconnaît et sa propre vie semble prendre un peu plus de plomb dans l’aile. Est-elle si différente, elle qui subit un mariage, un mari hypocondriaque qui ne travaille plus, râle s’offusque de son travail, la prend pour son infirmière, mais qui est bien content de profiter de l’argent qu’elle ramène à la maison ? Son métier d’avocat ne rapporte pas beaucoup, sa vie personnelle est mourante… Ce temps passé à Tezdaï lui fait comprendre qu’elle n’est pas si différentes de ces Djerbiennes qui ne savent ni lire ni écrire pour la plupart. Elle est peut-être plus libre parce qu’elle travaille, mais…

Emna voudrait, mais n’ose penser à une autre vie, « Vivre ? On ne m’a sans doute pas fourni le bon mode d’emploi ». La rencontre avec Lofti, un homme charmant, marié à une française, pourrait-il représenter un nouveau départ , oser braver tous les règles qui régissent la vie des tunisiens, et pas qu’eux.?? «  il suffit parfois d’un changement minuscule pour que les êtres prennent un nouveau départ. »

Elle fera son rapport, après les deux mois passés à « sensibiliser les femmes à leurs droits civiques, comme disposer d’une carte d’identité, aller voter, ne pas être malmenées par les hommes… »

Emna se met à la hauteur des Djerbiennes, ne brusque pas ces Malentendues qui souffrent tant des malentendus, de leur servitude.

L'écriture tout en douceur, finesse et subtilité avec les angles saillants de la moquerie, de la causticité. Le roman s’amplifie au fil des pages et de social va du côté politique.

Un roman que j’ai dégusté.

Les éditions Elyzad m'offrent l'ouverture à une littérature tunisienne et maghrébine tout en intelligence.


 


 


 

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V
oh que ça donne envie ! Pas de manichéisme et au-delà des préjugés, je prends !
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Z
Tu devrais apprécier ce livre
A
Tu donnes envie de rencontrer ses femmes de l'autre côté de la Méditerranée.
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Z
Contre l'adversité, elles ont des ruses, mais je n'ai pas l'impression qu'elles connaissent le bonheur
M
Tu me fais découvrir des auteurs dont je n'ai jamais entendu parler je vais la noter en pense-bête sur Babelio comme ça je pourrais penser à lire un de ses romans. Merci beaucoup
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Z
Tu sais, je peux te l'envoyer!
A
Je ne connais pas du tout cette autrice. L'histoire a l'air bien racontée et les personnages intéressants.
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Z
Un petit bijou
K
J'avais lu Ouatann et bien aimé. Il faudrait que je me penche de nouveau sur cette autrice.
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Z
Je peux t'envoyer le livre si tu veux
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