Jadd Hilal - Une baignoire dans le désert
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104 pages
Mai 2020
ISBN : 9789973581198
4ème de couverture :
Lorsque la guerre fait irruption dans son village, le quotidien d’Adel bascule.
Parents divorcés, amis absents, il lui reste heureusement ses deux insectes imaginaires qui lui tiennent lieu de compagnons. Amené à prendre très vite des décisions qui le dépassent, Adel se retrouve dans un camp au milieu du désert où les combattants, ces grandes personnes, ont l’air d’enfants perdus et où le cheikh le force à agir en adulte. L’occasion pour Adel de s’interroger sur le regard que l’on porte sur lui, et de se forger, seul, sa propre identité…
Jadd Hilal signe ici avec fraîcheur le roman d’un apprentissage quelque peu décalé, en miroir de nos interrogations.
L’auteur :
D’origine libano-palestinienne, Jadd Hilal est né en 1987 en France. Il réside à Paris où il est professeur de lettres au lycée et chargé d’enseignement à l’université Sorbonne-Nouvelle. En 2018 est paru aux éditions Elyzad son premier roman, Des ailes ou loin, récompensé par plusieurs prix littéraires dont le Grand Prix du Roman Métis
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« Ce que j’aimais le plus, c’étaient mes bains d’été. Notre baignoire était à côté d’une grand fenêtre, dans la salle de bains. Et derrière la fenêtre, comme on habitait au sommet d’une colline, je voyais très loin. »
Les parents d’Adel ont divorcé. La mère tient un salon de coiffure, toujours à le faire culpabiliser « Après l’éducation qu’on t’a offerte, après la fortune qu’on a dilapidée pour que tu puisses bien manger, après les heures qu’on a sacrifiées pour te consoler des voyages de ton père, de ton manque d’amis, après ‘énergie qu’on a dépensée à t’élever, voilà où on en est », le père, pilote d’avion, est un peu à côté de la plaque. Lorsqu’il retrouve son fils, il a toujours cette phrase « Mon fils, aucun avion ne t’est tombé sur la tête ? »
Adel, garçon solitaire, n’a pas d’amis. Pardon, si, il en a deux : Darwin, un très gros scarabée et Tardigrade, l’indestructible, qu’il voit et avec qui il a de grosses conversations. Cela énerve sa mère qu’il puisse passer son temps à discuter avec ses deux amis imaginaires
Après le divorce de ses parents, il quitte la maison sur la colline pour se retrouver dans un appartement. La ville ou le village est au cœur d’une guerre et il fuit dans le désert pour ne pas être tué. « Je me suis enfoncé dans le désert. Le bruit des tirs avait disparu mais je ne me suis pas arrêté. J’avais peur d’être suivi par ces inconnus qui avaient déboulé chez nous. » Il se retrouve dans un campement dirigé par un Cheikh… Là il apprend à grandir, à mûrir, à survivre aidé, très fermement quand même, par le cheikh. Les combattants, eux, hommes, ont des réactions d’enfants, rien ne faire sans l’assentiment du Cheikh alors qu’Adel doit se dépasser. « Marwan et Reda se sont regardés. Ils hochaient la tête, les sourcils froncés et la bouche en « o ». Dans la cour de récréation, à l’école, certains avaient le même air quand ils voulaient se donner du cran avant une bagarre »
J’y ai vu une illustration du proverbe « l’oisiveté est mère de tous les vices ». Oui, les combattants, faute d’actions s’ennuient, ne savent, ne veulent prendre une décision sans l’assentiment du Cheikh et projette d’aller chez l’ennemi où il y aurait plus d’actions « Vous êtes jaloux tous les deux. Jaloux ? C’est toi qui parles ? Tu m’as encore dit aujourd’hui que le cheikh me préférait à toi. Ce n’est pas vrai. Tu es jaloux et menteur en plus ? C’est toi qui mens. Moi, je mens ? Moi je mens ? Répète-ça pour voir…. Khalkass Chakib, baisse ton arme. Tu vas encore te faire punir par le cheikh » Non ce n’est pas une dispute entre enfants, mais entre les soldats… Confondant n’est-il pas !
Un conte, dans la veine du Petit Prince… Le père d’Abel n’est-il pas pilote d’avion ?
Un livre, promenade poétique lumineuse, tendre. un coup de coeur
Je suis séduite, une fois de plus, par le choix des éditions Elyzad, par la couverture originale