Aude Seigne - Une toile large comme le monde
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Une toile large comme le monde
Aude Seigne
Editions ZOE
août 2017
240 PAGES
ISBN 9782889274581
4ème de couverture :
Sous nos trottoirs et nos océans, des millions de mails transitent chaque seconde à travers des câbles qui irriguent le monde. Surfant sur ce flux continu, Pénélope, June, Birgit et Lu Pan mènent leur existence de « millénials » aux quatre coins de la planète. Fascination ou familiarité, dépendance ou dégoût, leur rapport au web oscille, dans leur travail comme dans leur vie amoureuse. En découvrant l’univers de boîtes et de fils qui les relient bien plus concrètement qu’ils n’imaginent, ils élaborent un plan vertigineux pour atteindre leur but commun : mener une existence hors de la Toile.
Ce roman est un génial selfie du monde contemporain, dans lequel virtuel et réel sont toujours plus intriqués.
L’auteure (site de l’éditeur) :
À 15 ans, un camp itinérant en Grèce révèle à Aude Seigne ce qui sera sa passion et son objet d’écriture privilégié pendant les dix années qui suivront : le voyage. En parallèle de ses études gymnasiales, elle commence donc à voyager pendant l’été : Grèce, Australie, Canada, La Réunion. Le lycée terminé, elle découvre le temps d’une année sabbatique l’Europe du Nord, de l’Est, et le Burkina Faso. Elle effectue ensuite un bachelor puis un master en lettres – littérature françaises et civilisations mésopotamiennes – pendant lesquels elle continue d’écrire et de voyager autant que possible : Italie, Inde, Turquie, Syrie. Tous ces voyages, ainsi que la rêverie sur le quotidien, font l’objet de carnets de notes, de poèmes et de brefs récits.
C’est à la suite d’un séjour en Syrie qu’Aude Seigne décide de les raconter sous la forme de chroniques poétiques. Parues en 2011 aux éditions Paulette, ces Chroniques de l’Occident nomade seront récompensées par le Prix Nicolas Bouvier au festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo, et sélectionnées pour le Roman des Romands 2011. La même année, le livre est réédité aux éditions Zoé.
Depuis lors, Aude Seigne a publié Les Neiges de Damas (2015) et écrit pour plusieurs ouvrages collectifs, notamment au sein de l’AJAR.
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« Flin », c’est le nom donné par Aude Seigne à un des câbles sous-marin qui transporte nos données, nos mails, bref qui fait vivre internet.
« Flin, lui, restera immobile, transportant loin des regards fichiers, mails, images, vidéos, et tout ce qui utilise de près ou de loin le world wide web. »
L’araignée fixe sa toile pour pouvoir s’y mouvoir. Cela assure sa solidité, mais la fragilise, cassez l’herbe, la branche et la toile rompt. Il apparait donc normal qu’il en soit de même avec le net, bien que je ne me sois jamais posé la question
« Le fait est qu’internet est devenu presque gratuit, c’est bientôt un bien public, on parle de droit à la connexion. Et parce que qu’être connecté devient aussi naturel que respirer de l’oxygène, les gens pensent que c’est immatériel, qu’il n’y a pas d’impact sur l’environnement. C’est un énorme malentendu. »
Pénélope code sur internet de chez elle dans la journée et, le soir devient hacker. Mattéo, son petit ami, plongeur professionnel installe les copains de Flin au fond des mers. Présentement, ils sont quelque part du côté de la Chine.
June, fabrique des cosmétiques naturels qu’elle vend sur internet et vit à Portland.
Birgit, danoise, met les gens en garde, à travers le monde, sur les dangers d’internet et travaille à partir d’internet !
Kuan, dirige la salle d’opération du port de Singapour d’où partent tous les cargos chargés qui vont essaimés dans les ports du monde entier. Son fils Lu Pan ne sort plus de sa chambre depuis des mois, commande ses repas sur Internet et des les fait livrer. « Ton fils fait des trucs sur internet que le monde entier regarde » C’est un excellent joueur qui a développé un jeu.
« Si Lu Pan savait que les câbles qui le relient à internet passent juste sous sa fenêtre, s’il savait que ça fonctionne comme ça, il serait peut-être conscient des risques d’être coupé du monde. »
Pour Lu Pan comme pour presque tout le monde « le fonctionnement d’internet n’est pas une préoccupation ». Cette chose immatérielle, indispensable n’est possible que parce qu’il y a du tangible, du réel, du concret, au fond des océans.
Grâce à ce livre j’ai appris beaucoup sur le monde internet.
« Selon le site Consoglobe, une heure d’échange de mails dans le monde consomme autant d’énergie que 4000 allez-retours Paris-New-York en avion ».
« Un mail avec une pièce jointe, c’est une ampoule basse consommation allumée pendant une heure. »
Il faut refroidir les data-centers qui stockent tout ce que nous envoyons dans des armoires coiffées par des ingénieurs-réseau, « personnes les plus indispensables au fonctionnement d’internet. »
Non seulement, internet est énergivore, mais il est également grand pollueur avec l’extraction des terres rares. Le lac d’eau noire polluée, de Baotou, région de naissance du père de Lu Pan en est la triste image. Surtout ne pas mettre une main dans l’eau !
Pénélope est abasourdie en trouvant un site, fort bien informé, complet et pas du tout bredzingue « Le site a tout simplement pour thème principal le fait d’éteindre internet ». N’est-ce pas le comble de l’absurde, trouver sur internet un site pour détruire internet ? Puis, l’idée fait son chemin.
Qu’est-ce qui a fait qu’à un instant T, tous les personnages cités plus haut, sauf Lu Pan, ont décidé qu’il fallait détruire, sectionner les tubes pour revenir à une vie plus normale, comme avant ; revenir à la réalité des choses, se passer du virtuel.
« Hacker les serveurs est un acte immatériel. Couper des câbles s’apparentait trop fortement à « couper un fil » pour sembler important. »
Oui, mais voilà, une fois tous les « Flin » sectionnés, plus rien de fonctionne, il n’y a plus de réseau !
Il y a hiatus entre la compréhension des gens et ce qu’il vient d’advenir « Qu’est-ce que c’est que cette histoire de câble ? Ne parlait-on pas d’internet sans fil ? » La société flotte dans un flou total. Kuan n’a plus de travail, le port n’accepte plus aucun cargo à quai. Par contre, il va retrouver son fil Lu Pan et renouer des relations père-fils et c’est le plus important pour lui. Beaucoup ont perdu leur travail. Notre vie, nos souvenirs, nos papiers….sont stockés de plus en plus sur le net. « En même temps que les câbles, les liens sociaux se sont rompus ».
J’ai aimé ce roman où j’ai trouvé une foultitude d’informations (je ne m’étais jamais préoccupée de ce possible problème).
Un livre facile et très agréable à lire qui, plus est, une mine d’informations. L’écriture est rythmée, ironique, drôle, saisissante et amène à réflexions.
Stupéfiant, à lire.
Merci beaucoup à la libraire qui en parle si bien et à lecteurs.com pour ce roman qui me fait réaliser à la fois les ressources et la fragilité d’internet. Un colosse aux pieds d’argile ?