Caroline Laurent, Evelyne Pisier - Et soudain, la liberté
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Evelyne Pisier
Caroline Laurent
août 2017
448 pages
ISBN : 9782365693073
4ème de couverture :
Mona Desforêt a pour elle la grâce et la jeunesse des fées. En Indochine, elle attire tous les regards. Mais entre les camps japonais, les infamies, la montée du Viet Minh, le pays brûle. Avec sa fille Lucie et son haut-fonctionnaire de mari, un maurrassien marqué par son engagement pétainiste, elle fuit en Nouvelle-Calédonie.
À Nouméa, les journées sont rythmées par la monotonie, le racisme ordinaire et les baignades dans le lagon. Lucie grandit ; Mona bovaryse. Jusqu'au jour où elle lit Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir. C'est la naissance d'une conscience, le début de la liberté.
De retour en France, divorcée et indépendante, Mona entraîne sa fille dans ses combats féministes : droit à l'avortement et à la libération sexuelle, égalité entre les hommes et les femmes. À cela s'ajoute la lutte pour la libération nationale des peuples. Dès lors, Lucie n'a qu'un rêve : partir à Cuba. Elle ne sait pas encore qu'elle y fera la rencontre d'un certain Fidel Castro...
Et soudain, la liberté, c'est aussi l'histoire d'un roman qui s'écrit dans le silence, tâtonne parfois, affronte le vide. Le portrait d'une rencontre entre Evelyne Pisier et son éditrice, Caroline Laurent - un coup de foudre amical, plus fou que la fiction. Tout aurait pu s'arrêter en février 2017, au décès d'Evelyne. Rien ne s'arrêtera : par-delà la mort, une promesse les unit.
L’auteur (site de l’éditeur) :
PRIX PREMIERE PLUME du Furet du Nord, en partenariat avec le Crédit agricole
Caroline Laurent est née en 1988. Agrégée de lettres modernes, directrice littéraire et amie d’Evelyne Pisier, elle co-signe ici son dernier roman.
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J’ai eu peur de ce livre, j’ai craint un bio un peu « branchitude » et puis, j’ai ouvert la première page et ai commencé ma lecture. A partir de ce moment, mes craintes se sont envolées et j’ai aimé la façon dont Caroline Laurent a procédé pour parler d’Evelyne Pisier, alias Lucie, et son destin à la Marguerite Duras.
Evelyne Pisier a vécu entre un père Maurassien et une mère amoureuse qui s’ennuie dans un monde bourgeois où l’épouse sert de faire-valoir. Pendant la seconde guerre mondiale, ils habitaient l’Indochine où mère et fille furent internées dans un camp de concentration japonais, avec tout ce que cela comporte de cruauté et de sévices. La famille a eu la chance de s’en sortir et de se retrouver, le père était dans un autre camp. Les voici en Nouvelle Calédonie après un passage en France où Evelyne Pisier découvre l’histoire de France qu’elle ne connait pas. En Indochine, sa vie était partagée entre les niakoués serviteurs et inférieurs et les français et autres coloniaux, race supérieure, selon les critères maurassiens.
Avec tout cela, il y avait de quoi faire un roman, plus agréable, pour moi, qu’une biographie pure et dure. « Non pas chercher l’exactitude biographique mais la vérité romanesque d’un destin. S’autoriser à changer les noms, laisser respirer l’imaginaire, explorer les sentiments profonds. »Oui, la vie d’Evelyne Pisier est digne d’un roman. Etre aimée de Fidel Castro, se retrouver mariée avec un ancien ministre et French Doctor et avoir trois enfants dont des jumeaux tout en continuant ses études…
L’Histoire est partie prenante de la vie d’Evelyne Pisier. Elle a vécu dramatiquement les derniers jours de l’Indochine, connu et vécu la colonisation et ses dérives qu’elle ne comprenait pas, toute subjuguée par son père ses idées maurassienne lorsqu’elle était petite. Lucie participe à Mai 68
Mona, sa mère, grâce à son passage à Nouméa et une bibliothécaire découvre « le deuxième sexe » qui va changer sa vie, jusqu’ à divorcer. Evelyne Pisier étouffe entre ses deux parents, a besoin de partir, de s’éloigner, de faire ses propres expériences, son éducation sentimentale et politique
Une histoire de femmes, une école de la liberté qui a un prix, qu’il faut payer comptant, même au prix de sa séparation d’avec Fidel Castro. Quelle découverte cette histoire d’amour entre ces deux êtres. Outre une belle femme, Evelyne Pisier me semble être une belle personne, ce qui n’empêche pas d’avoir du caractère.
Caroline Laurent, vous racontez si bien que, prise par le texte, l’histoire je n’ai même pas essayé de chercher qui était derrière quel pseudo et, je m’en moque. J’ai aimé vos digressions où vous racontez la genèse du livre, votre amitié avec Evelyne Pisier, un coup de foudre amical dont vous parlez avec tendresse. Vous racontez également les parallèles entre votre propre mère et Mona. Ceci n’alourdit pas le livre, au contraire, cette mise en abyme donne encore plus de relief au récit.
Merci d’avoir évité l’écueil racoleur, merci pour m’avoir fait aimer ce livre au-delà de ce que je pouvais espérer.
Un coup de cœur pour un livre dense mais léger, dramatique et libre. L’histoire de deux femmes à la recherche de leur liberté à une époque où les maris ont le pouvoir (L’épisode du permis de conduire vaut son pesant d’or), le tout entouré par l’Histoire..
Livre lu dans le cadre des 68 premières fois. Merci les fées.
Et soudain, la liberté a eu le prix Marguerite Duras 2017