Michel Bernard - Les forêts de Ravel

 

Les forêts de Ravel

Michel Bernard

Editions La Table ronde

Collection Vermillon

Janvier 2015

176 pages

ISBN : 9782710376071

 

 

4ème de couverture :

« Quand Ravel leva la tête, il aperçut, à distance, debout dans l'entrée et sur les marches de l'escalier, une assistance muette. Elle ne bougeait ni n'applaudissait, dans l'espoir peut-être que le concert impromptu se prolongeât. Ils étaient ainsi quelques médecins, infirmiers et convalescents, que la musique, traversant portes et cloisons, avait un à un silencieusement rassemblés. Le pianiste joua encore la Mazurka en ré majeur, puis une pièce délicate et lente que personne n'identifia. Son doigt pressant la touche de la note ultime la fit longtemps résonner. »

En mars 1916, peu après avoir achevé son Trio en la majeur, Maurice Ravel rejoint Bar-le-Duc, puis Verdun. Il a quarante et un ans. Engagé volontaire, conducteur d'ambulance, il est chargé de transporter jusqu'aux hôpitaux de campagne des hommes broyés par l'offensive allemande. Michel Bernard le saisit à ce tournant de sa vie, l'accompagne dans son difficile retour à la vie civile et montre comment, jusqu'à son dernier soupir, « l'énorme concerto du front » n'a cessé de résonner dans l'âme de Ravel.

Quelques mots sur l’auteur (source de l’éditeur) :

Michel Bernard est né à Bar-le-Duc. Haut fonctionnaire, il est l'auteur de Mes tours de France (L'Âge d'Homme, 1999, la petite vermillon, 2014) et de Comme un enfant, biographie romancée de Charles Trenet (Le Temps qu'il fait, 2003). Après La Tranchée de Calonne en 2007, couronné par le Prix Erckmann-Chatrian, il publie deux autres livres à La Table Ronde, La Maison du docteur Laheurte (2008, Prix Maurice Genevoix) et Le Corps de la France (2010, Prix Erwan Bergot de l'Armée de Terre). Suivront, toujours à la Table Ronde, un livre sur l'écrivain Maurice Genevoix, Pour Genevoix (2011), ainsi qu'un roman sur l'expérience humaine et musicale du compositeur Maurice Ravel durant la Grande Guerre, Les forêts de Ravel (2014).

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Dès les premières phrases, les mots de Michel Bernard m’ont enveloppée. Son écriture classique et délicate fait revivre Ravel lors de la première guerre mondiale.

D’aucun aurait tout fait pour ne pas être mobilisé, Ravel, au contraire, malgré ses 48 kilos a fait des pieds et des mains pour partir. « Il voulait autant faire la guerre que fuir l’arrière » car « il lui répugnait de poursuivre son existence comme avant alors que des millions d’autres hommes, riches ou humbles, humbles surtout, avaient été mobilisés pour défendre le pays ». Le voici donc à Bar-le-Duc, au volant d’un gros camion Ariès « Maurice Ravel tenait et tournait à force de bras le grand volant d’un poids lourd de l’armée française » Dur à imaginer ce frêle jeune homme au volant d’un tel véhicule.

Jean Echenoz avait proposé un Ravel superbe sur les dernières années de la vie du compositeur. Michel Bernard enveloppe Ravel dans son époque ; un Ravel, comme tous ses congénères, à jamais marqué par la guerre. Le compositeur trouve un peu de sérénité dans les forêts, à écouter les chants d’oiseaux. J’ai partagé avec les spectateurs unmoment de grâce dans ce beau livre lorsque Ravel déniche, dans un hôpital de fortune,un piano. Là, le « petit soldat pianiste » enchantera les soirées. Ce sera un moment de magie pour soignants et soignés. "Une musique délicieuse, apparemment très simple et incroyablement raffinée. Joyeuse et douloureuse à la fois, sans qu’il soit possible de dire laquelle dans ces harmonies était joyeuse, laquelle était douloureuse, elle ne ressemblait à rien de connu.»

Ce que fait dire Michel Bernard à Ravel sur ce qu’écrivent les journalistes, je l’ai ressenti dans « L’enfer de Verdun » de Félicien Champsaur.

Un livre superbe. J’ai aimé l’écriture de Michel Bernard puissante, classique, délicate. Beaucoup d’images dans ses phrases comme celles concernant « la voie sacrée » toujours en réparation (p.48).

Livre lu dans le cadre de l'opération organisée par que je remercie sincèrement pour cette belle lecture.

 

 

Une organisation au millimètre, à la discipline implacable, avait inventé l’embouteillage qui avance.

Dans le velum sonore d’appels, d’ordres, de grognements, de jurons, où fusaient les exclamations joyeuses des rigolos, l’absence de voix féminines était soulignée par les frottements des souliers cloutés sur la pierre et le pavé.

Il tenait à sa patrie comme le paysan à sa terre.

Une soudaine crue d’hommes et de matériel avait noyé le pays barrois sous le flot énorme de la guerre mondiale.

Dans la campagne assombrie par la mauvaise saison, entre les masses des bois que violaçait la montée en sève de mars, sur les routes et chemins embourbés par un trafic excessif, le bleu pâle des uniformes était répandu par places, comme l’eau sur les plaines à la fin de l’hiver.

Il avait affirmé que les hommes vivent plusieurs vies consécutives, jusqu’à ce que leur actes les rendent dignes d’un monde dont la beauté est inconcevable, et que de tous les mortels, les musiciens étaient les plus proches du terme ultime, de la béatitude ineffable, puisqu’ils en répandaient le son, en suggéraient l’idée et en fondaient la croyance parmi les hommes.

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M
L'ai vu en librairie, très envie de le lire, mais je me suis dit " après le Echenoz, est ce que le Ravel repousse ...?" . La langue a l'air très travaillée . Tentant ! <br /> Et joli billet ;-)
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Z
Merci Mior. J'ai lu les deux. Aucune redite. Tu peux y aller de confiance
S
J'ai croisé pas mal de fois Michel Bernard autour de la littérature de la Première Guerre mondiale, et notamment de Maurice Genevoix. A l'inverse d'Aifelle, j'apprécie beaucoup les biographies romancées et lirai très certainement celle-là.
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Z
Une belle lecture
Y
J'avais aimé le Ravel de Echenoz et je me disais que je devrais le relire, mais peut-être vais penser d'abord à lire celui-ci
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Z
Les deux Ravel m'ont enchanté. Toujours la même proposition sachant que je ne suis pressée en récupération !
A
Je l'ai vu ces jours-ci sur un autre blog et noté. En général je n'aime pas le mélange de fiction sur un personnage réel, mais là je suis tentée.
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Z
Je n'ai pas pensé à ce livre en ces termes
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