Véronique Le Goaziou - Monsieur Viannet
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4ème de couverture :
Monsieur Viannet a cinquante ans et vit dans un minuscule appartement, du côté de Bastille. Monsieur Viannet a autrefois été bel homme. Sportif. Monsieur Viannet a fait l’armée. Monsieur Viannet, surtout, a été acquitté après avoir été accusé du meurtre de son père. Entre la prison, les foyers d’urgence et les hôtels minables, Monsieur Viannet appartient à ce qu’il est convenu d’appeler le quart-monde. Il ne voit plus ses enfants, et sa femme n’est plus qu’un témoin de son passé. Monsieur Viannet ne sort plus. Il a ses cigarettes qu’il fume à la chaîne, ses bières qu’il vide du matin au soir, son écran plat qu’il n’éteint jamais. Monsieur Viannet est, que cela nous plaise ou non, notre exact contemporain.
Dans ce roman âpre et tendu, Véronique Le Goaziou explore un fait social par son versant humain, construisant un dialogue poignant qui nous emmène du côté de Beckett et de Kafka.
L’auteure (site de l’éditeur) :
Véronique Le Goaziou est sociologue et chercheuse. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages de sociologie. Monsieur Viannet est son quatrième roman.
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« Mon père, j’ai fini par le tuer un soir comme les autres où je voulais juste qu’on dîne en paix ». Tel est le début de ce livre. Monsieur Viannet se confie à une femme qui note tout ce qu’il dit. Est-ce une policière, une inspectrice qui enquête sur le meurtre ?
« C’est obligé que je vous dise comment j’ai tué mon père ? Comment je m’y suis pris ?
Je serre les genoux. Mon cahier se ferme, mon stylo tient entre deux doigts en équilibre.
-Obligé ? Non… Bien sûr que non… C’est… comme vous voulez. »
Ce n’est donc pas quelqu’un de la police. La narratrice enquête, mandatée par une association, sur le devenir des anciens résidents d’un centre de réinsertion. C’est elle qui pose des questions, essaie de garder une distance professionnelle, malgré ce qu’elle entend, refuse de répondre aux questions du couple Viannet dans une ambiance tendue et une atmosphère enfumée.
Monsieur Viannet est un laisser pour compte, Monsieur Viannet habite avec sa femme un misérable petit appartement, ne sort jamais, passe sa vie à regarder la télé, boire des bières et fumer assis ou couché sur un matelas posé à même le sol. Il n’a plus d’espoir, plus d’avenir.
La narratrice ne vient pas qu’une seule fois mais trois fois, une fois par mois, chez Monsieur Viannet qui confie sa misère sociale, sa dépression, ses colères. Elle ne peut que noter ce qu’il raconte pour cacher son désarroi, bouleversée qu’elle est par les confidences de monsieur Viannet et je n’ai pu faire autrement qu’être bouleversée également par son désarroi, sa solitude, son mépris de lui. Sa femme à peu près transparente, également dans le renoncement fait quelques fois le tampon, calme son mari. Elle aussi, aimerait se confier, parler de sa vie, de la spirale qui les entraîne irrémédiablement vers le fond, sans espoir de rebond
Je ne me suis jamais ennuyée dans ma lecture. Véronique Le Goaziou, sociologue et romancière, a écrit un livre où les dialogues sont ciselés, l’écriture, très précise, le dialogue tendu. Je verrais bien une transcription théâtrale
Je suis avec eux, dans la pièce enfumée. Le désespoir du couple qui n’attend plus rien de la vie, qui attend que cela se passe, vivent en marge de la société, sont enfermés dans la spirale de la pauvreté, du désespoir de l’exclusion, de la marginalisation.
Je ne suis pas sortie indemne de ce livre. J’en ai pris plein la figure. La réalité est âpre. Ce n’est pas un fait divers, bien que la fin du livre puisse être relatée par les journaux, mais une réalité.
Véronique Le Goaziou, dessille mes yeux, rend visible ces gens que l’on ne veut pas voir, leur donne la parole, un peu d’humanité,
Un livre bouleversant. Un coup de cœur et un coup de poing.