Raphaël Jerusalmy - La confrérie des chasseurs de livres
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La confrérie des chasseurs de livres
mai 2015
320 pages
ISBN : 978-2-330-05118-1
4ème de couverture :
Le roman de Raphaël Jerusalmy commence là où calent les livres d'histoire. François Villon, premier poète des temps modernes et brigand notoire, croupit dans les geôles de Louis XI en attendant son exécution. Quand il reçoit la visite d'un émissaire du roi, il est loin d'en espérer plus qu'un dernier repas. Rebelle, méfiant, il passe pourtant un marché avec l'évêque de Paris et accepte une mission secrète qui consiste d'abord à convaincre un libraire et imprimeur de Mayence de venir s'installer à Paris pour mieux combattre la censure et faciliter la circulation des idées progressistes réprouvées par Rome. Un premier pas sur un chemin escarpé qui mènera notre poète, flanqué de son fidèle acolyte coquillard maître Colin, jusqu'aux entrailles les plus fantasmatiques de la Jérusalem d'en bas, dans un vaste jeu d'alliances, de complots et de contre-complots qui met en marche les forces de l'esprit contre la toute-puissance des dogmes et des armes, pour faire triompher l'humanisme et la liberté.
Palpitant comme un roman d'aventures, vif et malicieux comme une farce faite à l'histoire des idées, regorgeant de trouvailles et de rebondissements, La Confrérie des chasseurs de livres cumule le charme et l'énergie de Fanfan la Tulipe, l'engagement et la dérision de Don Quichotte et le sens du suspense d'un Umberto Eco.
L’auteur (site de la maison d’édition) :
Diplômé de l’École normale supérieure et de la Sorbonne, Raphaël Jerusalmy a fait carrière au sein des services de renseignements militaires israéliens avant de mener des actions à caractère humanitaire et éducatif. Il est aujourd’hui marchand de livres anciens à Tel-Aviv.
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« ...En 1462, à l’âge de trente et un ans, il (François Villon) est arrêté, torturé et condamné à être pendu et étranglé ». Le 5 janvier 1463, le Parlement casse le jugement et le bannit de Paris. Nul ne sait ce qu’il advint de lui par la suite... »
Raphaël Jerusalmy trouve une suite à cette disparition. François Villon a une dimension romanesque ; rebelle, amoureux de la littérature, un brin voleur… Tout ce qu’il faut pour un roman d’aventures épique.
Or donc, Louis XI, désireux d’asseoir son pouvoir par rapport à Rome, veut que les livres circulent en son pays. Bien entendu, la papauté s’y refuse, elle qui a la main sur tout ce qui se lit par le biais de ses copistes. « Le roi de France cherche à affaiblir le pouvoir du Vatican, afin de consolider le sien propre. Or, une industrie naissante mine soudain la suprématie papale. A la différence des moins copistes, l’imprimerie n’est pas assujettie à l’Église. Habilement utilisée, elle pourrait conférer bien de la puissance à ceux qui en assurent le contrôle. Il est donc regrettable qu’il n’y ait encore aucune presse en France". Louis XI veut unifier la France et la langue est un vecteur important. Et puis, il y a le motif bassement matérialiste « Il s’agit d’une simple question de finances. A cette heure, tout ce qui vient de Byzance, d’Alexandrie ou du Levant passe par la vallée du Rhône. La suzeraineté papale sur Avignon et le Comtat venaissin lèse donc le roi de gains énormes provenant des droits de passage et de taxation des denrées. C’est le légat pontifical qui les perçoit, renflouant ainsi les caisses de Rome plutôt que celles de Louis XI. »
Il fait libérer un François Villon en mauvais état suite aux tortures qu’il a subies et l’envoie retrouver son comparse coquillard, maître Colin de Cayeux, démarcher un certain Johann Fust pour qu’il ouvre une imprimerie à Paris, en échange de quelques livres très précieux. « François reste assis. Il range les précieux volumes dans sa besace, sans rien dire. Il n’a pas le sentiment d’une victoire. Il s’en veut d’être le courtier de Guillaume Chartier, d’obéir docilement aux consignes de ce faux jeton ecclésiastique. Et, surtout, de trahir les livres. »
Ce n‘est pas tout, ensuite, il l’envoie sur les traces de la Confrérie des chasseurs de livres en Galilée.
C’est parti pour des aventures, des mensonges, des chausses-trappes, des manipulations, des complots, de l’espionnage, pour un roman épique, polar, récit historique (vrai ou faux), roman d’aventures… desservi par une belle écriture où Villon découvre deux Jérusalem, celle du haut et celle du bas où des livres uniques sont cachés. Jérusalem, à l’époque, est une cité cosmopolite où se côtoient juifs, musulmans, chrétiens. Les érudits sont là, en terre sainte. Des hommes d’un grand savoir temporel et ou spirituel. Il s’y trame des alliances inattendues, voire contre-nature, cachées mais à grande portée politique
Un dur parcours initiatique vers une vie plus spirituelle pour François Villon via les Médicis, la Confrérie des chasseurs de livres, le désert… Peut-être n’est-ce pas toujours très crédible, mais après tout, c’est un roman écrit avec beaucoup de talent et une certaine érudition. Raphaël Jerusalmy m’a conquise une nouvelle fois. J’ai pris plus que du plaisir à cette lecture qui va de retournements en chausse-trappe et de rebondissements en découvertes.
Les descriptions sont très visuelles, voire en odorama :
« La place du marché s’éveille, emmitouflée dans l’épaisse brume du matin. Des sont tout d’abord timides, épars, picorent quelques grains de silence. »
« Les tréteaux de bois croulent sous le poids des caisses et des amphores. L’air est chargé de senteurs d’épices, d’essences de parfum, de vapeurs de vin, d’extraits de teinture. »
« Les ruelles étroites déroulent leurs méandres. Des silhouettes furtives trottinent le long des murs. Les rares enfants qui traînent dehors sont éclopés ou rachitiques. Ils jouent dans la crasse, criant en arabe, en hébreu, en arménien, en grec. »
Avec cette lecture, je diminue ma PAL et participe au challenge de Moka En sortir 21 en 21