Jean Mattern - Le bleu du lac
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120 pages
ISBN : 9782848053028
4ème de couverture :
En remplaçant au pied levé Pogorelich dans une salle de concert londonienne, celle qui allait devenir la grande pianiste Viviane Craig ne se doutait pas qu’un défi bien plus difficile l’attendait.
Concertiste célébrée, elle vit depuis des années une passion secrète avec James Fletcher, critique musical charismatique – et boxeur à ses heures –, quand un appel lui apprend le décès brutal de son amant. Au bout du fil, l’exécuteur testamentaire, sans mesurer la portée de la requête posthume qu’il transmet, l’invite à jouer lors de la messe de funérailles.
Pendant le long trajet en métro qui va la conduire à l’église choisie par James, minutieux ordonnateur de la cérémonie, Viviane, stupéfiée d’avoir accepté sans réfléchir cette épreuve, laisse libre cours aux émotions qui l’assaillent. L’angoisse de ne pas parvenir à dissimuler son violent chagrin, voué lui aussi à la clandestinité, le ressac des souvenirs heureux, les confidences arrachées à l’homme énigmatique qu’était James cohabitent en un fiévreux et hypnotique monologue intérieur, au fil des stations de la Piccadilly Line.
Beau chant d’adieu et vibrant hommage au pouvoir de la musique que ce nouveau roman, parfaitement maîtrisé, de Jean Mattern, subtil interprète du trouble amoureux et de la complexité des sentiments.
• Prix de la Ville de Deauville 2019 (festival Livres et Musiques)
L’auteur (site de la maison d’édition) :
Jean Mattern est né en 1965 dans une famille originaire d’Europe centrale. Il suit des études de littérature comparée en France à la Sorbonne, avant d’être responsable des droits étrangers aux éditions Actes Sud puis responsable des acquisitions de littérature étrangère aux éditions Gallimard, principalement pour les collections « Du monde entier » et « Arcades ». Il est aujourd’hui éditeur responsable du domaine étranger chez Grasset.
Dans chacun de ses romans, la question de la transmission occupe une place prépondérante : Suite en do mineur (2021) est son sixième roman chez Sabine Wespieser éditeur, après Les Bains de Kiraly (2008), De lait et de miel (2010), Simon Weber (2012), Le Bleu du lac (2018) et Une vue exceptionnelle (2019). Aux éditions Gallimard il a publié un roman, Septembre (2015), ainsi qu’un essai, De la perte et d’autres bonheurs (2016), dans la collection « Connaissance de l’Inconscient ».
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Vêtue d’une robe noire trop chaude et qui la gratte, Viviane Craig, concertiste de renommée internationale « La Greta Garbo du piano » se rend aux obsèques de son amant James Fletcher, critique musical. L’exécuteur testamentaire lui annonce sa mort et lui demande, requête du défunt, de jouer lors de ses funérailles. « J’ai raccroché et j’ai laissé la bombe éclater en moi, silencieusement, la douleur se diffuser, atteindre mon cœur, ma poitrine, mon bas-ventre, mes jambes, mes orteils, mon cerveau, le dernier membre de mon corps, me dire que c’était fini, qu’il n’y avait rien à faire » Son ultime rendez-vous avec James où elle doit jouer, l’intermezzo en si bémol mineur de Brahms, devant une assistance non informée de ses relations. Elle doit feindre l’indifférence alors qu’elle n’est que chagrin.
A sa première rencontre il lui dit « avec le plus grand naturel qu’il avait ruiné deux pantalons en deux sorties à cause de moi ». Elle sait qu’elle ne résistera pas.
Le voyage en métro sur la Piccadilly Line jusqu’à l’église est le moment pour elle, de se souvenir, de revenir vers James, de se rappeler le peu de nuits d’amour, tous ses rendez-vous clandestins chez lui. Leur liaison fut à la fois torride et tendre. Personne n’est au courant de leur relation et elle ne peut se reposer, de ce fait, sur l’épaule de personne et doit contenir en elle le Niagara de son chagrin. « une femme qui ne sait comment garder pour elle le chagrin qui lui déchire la poitrine »
Le trajet en métro est son chemin vers l’enfer, la petite robe noire trop chaud et qui gratte son cilice, le morceau de musique, qui les a uni, son chant d’amour.
Mariée à Sebastian, elle ne l’oublie pas qu’elle aime d’un autre amour. James, c’était le sexe, les rencontres qui devaient rester cachées. Sebastian, c’est le pilier, ce qui est tangible, toute une vie qu’elle ne veut pas rompre.
Les répétitions, comme la petite robe noire trop chaude et qui gratte, l’amour caché, sans voir personne,… scandent le récit, comme des refrains toujours aimés. Le bleu du lac d’Annecy ramène vers James qui adorait tant y aller et plonger nu dans les eaux… bleues. Les phrases longues, bien rythmées, accompagnent le monologue de Viviane
Un livre court, un seul chapitre, mais si dense, si beau dans l’intensité progressive au fil des stations de métro, jusqu’à une fin... quelque peu inattendue.
Jean Mattern a su pénétrer l’âme de Viviane, nous faire toucher du doigt sa peine (le mot est faible), ses émotions en peu de mots.
Coup de cœur
J’ai noté ce livre sur le site de Geneviève et je l’en remercie pour cette bouleversante lecture.