Claire Keegan - Ce genre de petites choses
-
Ce genre de petites choses
Claire Keegan
Editions Sabine Wespieser
Novembre 2020
Traduction Jacqueline Odin
Novembre 2020
120 pages
ISBN : 9782848053721
4ème de couverture :
En cette fin d’année 1985 à New Ross, Bill Furlong, le marchand de bois et charbon, a fort à faire. Aujourd’hui à la tête de sa petite entreprise et père de famille, il a tracé seul sa route : élevé dans la maison où sa mère, enceinte à quinze ans, était domestique, il a eu plus de chance que d’autres enfants nés sans père.
Trois jours avant Noël, il va livrer le couvent voisin. Le bruit court que les sœurs du Bon Pasteur y exploitent à des travaux de blanchisserie des filles non mariées et qu’elles gagnent beaucoup d’argent en plaçant à l’étranger leurs enfants illégitimes. Même s’il n’est pas homme à accorder de l’importance à la rumeur, Furlong se souvient d’une rencontre fortuite lors d’un précédent passage : en poussant une porte, il avait découvert des pensionnaires vêtues d’horribles uniformes, qui ciraient pieds nus le plancher. Troublé, il avait raconté la scène à son épouse, Eileen, qui sèchement lui avait répondu que de telles choses ne les concernaient pas.
Un avis qu’il a bien du mal à suivre par ce froid matin de décembre, lorsqu’il reconnaît, dans la forme recroquevillée et grelottante au fond de la réserve à charbon, une très jeune femme qui y a probablement passé la nuit. Tandis que, dans son foyer et partout en ville, on s’active autour de la crèche et de la chorale, cet homme tranquille et généreux n’écoute que son cœur.
Claire Keegan, avec une intensité et une finesse qui donnent tout son prix à la limpide beauté de ce récit, dessine le portrait d’un héros ordinaire, un de ces êtres par nature conduits à prodiguer les bienfaits qu’ils ont reçus.
Prix Lucioles 2020 (attribué par les lecteurs de la librairie Lucioles à Vienne) Finaliste du Grand Prix de l’Héroïne Madame Figaro 2021 - Sélection du Prix Babelio 2021
L’autrice (site de la maison d’édition) :
Claire Keegan est née en 1968 en Irlande. Elle a grandi dans une ferme du comté de Wicklow, qu’elle a quittée pour aller étudier à La Nouvelle-Orléans et au pays de Galles. Également diplômée de Trinity College à Dublin, elle vit aujourd’hui entre l’Irlande et la Corrèze. Elle donne des cours de creative writing.
Saluée comme une des voix importantes de la nouvelle génération des écrivains irlandais, elle est traduite en chinois, en japonais, en italien, en slovène, en allemand, en tchèque, en bulgare et en espagnol. Dans nombre de ces pays, ainsi qu’aux États-Unis, elle a longtemps figuré sur les listes de meilleures ventes et obtenu plusieurs prix importants.
Ce genre de petites choses, à paraître en novembre 2020, est une novella de la même eau que le très remarqué Les Trois Lumières.
==================================
L’automne est arrivée, octobre est froid, les horloges reculées d’une heure. Bill Furlong, marchand de charbon et de bois, ne chôme pas. « Elle (la camionnette) est sur la route la journée entière, dit-il. Nous ne tarderons pas à rouler sur les jantes. » Bill est un brave homme, marié, père de cinq filles. Ils bosse dur, est sobre, va à la messe, est bon père de famille et bon mari. Bill est l’enfant illégitime d’une domestique. Sa grande chance fut que la patronne a gardé sa mère, alors que dans l’Irlande catholique, on a plutôt tendance à les foutre à la porte. Elle s’est même occupé de Bill. Oui, il a eu de la chance tout comme sa mère.
Bill ne s’en fait pas un étendard, non, il vit leur petite vie tranquille, jusqu’au jour où il livre chez les bonnes sœurs. Il sait ce que l’on dit au village. Les bonnes sœurs s’occupent de ces filles qui ont fauté et se retrouvent enceintes, bien fait pour elles !! Elles triment dans la blanchisserie tenue par les sœurs, telles des esclaves et leurs bébés sont soit morts, soit donnés ou vendus à des parents en mal d’enfants. Non pas des bonnes sœurs, mais de mauvaises personnes. Mais chut, on n’en parle pas, d’autant que cela fait vivre les commerces
Il voit, comprend lorsqu’une gamine, cachée dans la cave à charbon veut qu’il l’emmène et retrouve son bébé.
Ce petit livre (112 pages) est un condensé d’humanité. Les silences, les non-dits, les yeux fermés, les on sait, mais on ne peut rien faire, Bill Furlong les connaît par cœur. Il n’écoute que son cœur. pour nous offrir un joli conte de Noël.
Comme dans un précédent roman « Les Trois lumières », Claire Keegan parle de ces enfants mal aimés, abandonnés. Dans ce livre, pas de grandiloquence, simplement la vie quotidienne. La grande battisse austère où vivent ces enfants sous la coupe des sœurs n’est presque qu’évoquée, ce qui donne encore plus de force à la fin du livre.
J’ai aimé l’humanité de Bill dans la grisaille et le bien-pensant irlandais, j’apprécie qu’en si peu de pages, Claire Keegan soit capable de transposer l’atmosphère de cette période de la nativité.
Je me tourne de plus en plus vers cette maison d’édition dont j’apprécie la ligne éditrice.