Diane Meur - Sous le ciel des hommes

Sous le ciel des hommes

Diane Meur

Editions Sabine Wespieser

Août 2020

340 pages

ISBN : 9782848053615

 

4ème de couverture :

Rien ne semble pouvoir troubler le calme du grand-duché d’Éponne. Les accords financiers y décident de la marche du monde, tout y est à sa place, et il est particulièrement difficile pour un étranger récemment arrivé de s’en faire une, dans la capitale proprette plantée au bord d’un lac.

Accueillir chez lui un migrant, et rendre compte de cette expérience, le journaliste vedette Jean-Marc Féron en voit bien l’intérêt : il ne lui reste qu’à choisir le candidat idéal pour que le livre se vende.

Ailleurs en ville, quelques amis se retrouvent pour une nouvelle séance d’écriture collective : le titre seul du pamphlet en cours – Remonter le courant, critique de la déraison capitaliste – sonne comme un pavé dans la mare endormie qu’est le micro-État.

Subtile connaisseuse des méandres de l’esprit humain, Diane Meur dévoile petit à petit la vérité de ces divers personnages, liés par des affinités que, parfois, ils ignorent eux-mêmes. Tandis que la joyeuse bande d’anticapitalistes remonte vaillamment le courant de la domination, l’adorable Hossein va opérer dans la vie de Féron un retournement bouleversant et lourd de conséquences.

C’est aussi que le pamphlet, avec sa charge d’utopie jubilatoire, déborde sur l’intrigue et éclaire le monde qu’elle campe. Il apparaît ainsi au fil des pages que ce grand-duché imaginaire et quelque peu anachronique n’est pas plus irréel que le modèle de société dans lequel nous nous débattons aujourd’hui.

Doublant sa parfaite maîtrise romanesque d’un regard malicieusement critique, Diane Meur excelle à nous interroger : sous ce ciel commun à tous les hommes, l’humanité n’a-t-elle pas, à chaque instant, le choix entre le pire et le meilleur ?

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Dans le Grand Duché d’Eponne la vie semble couler avec l’ennui calme d’un dimanche en province.

Jean-marc Féron, grand reporter, journaliste reconnu, a perdu l’inspiration et, sur la demande de son éditeur, accueille un migrant sans papier, Hossein. De cette co-habitation devrait naître un livre, à succès bien sûr. Comment se comporter, Féron ne sait pas, il est plus habitué aux scènes de guerre qu’à la proximité avec une réalité quotidienne, à être le seul. D’ailleurs, il ne réussit pas à créer un lien amical avec le jeune homme. Hossein, quant à lui, garde optimiste, fait tout pour ne pas être un poids. « Il a fallu que je construise mon image, puis que je reste à la hauteur de cette images, des attentes, … Tenez, vous savez ce qui m’insupporte chez Hossein ? Tout ce bagage réel qu’il traîne avec lui, cette épaisseur humaine » Il est confronté à un être humain et ne sait comment se comporter.

De l’autre côté, un groupe de personnes lancé, avec l’aide d’Eugène Waiser, un vieux professeur de philo et maître à penser dans la création d’un long pamphlet où chacun écrit un chapitre. « « Remonter le courant avec comme sous-titre, « Critique de la déraison capitaliste »

Gravitent dans le Duché des ombres, hommes et femmes migrants attendant leur sésame pour demeurer dans le Grand Duché. Tous essaient de trouver de petits boulots payés avec des lance-pierre et juste le droit de ne rien dire, de rester à leurs places, même s’ils n’en ont pas de place parmi les habitants.

Diane Meur réunit dans ce petit pays tout notre mode de vie et démontre, par des exemples de situations l’ironie de notre monde moderne. Il y a hiatus entre être, dire et faire.

Du côté des pamphlétaires, Jérôme a pour maîtresse Sylvie, cadre aux dents longues, mariée et mère de famille. Sylvie de son côté a pour femme de ménage Semira, une jeune femme sans visa, qu’elle emploie au noir. Tout déraille lorsqu’elle apprend que cette étrangère aide son fils Fabio dans ses devoirs de maths

« Alors tu prends des cours particuliers avec notre femme de ménage

– Elle dit qu’elle a un diplôme de comptabilité, intervient enfin Bernard (le mari)

– Comme si les femmes faisaient des études dans ces pays-là ! »

Tout est dit, chacun à sa place et les émigrés seront bien gardés !

Ghoûn est bien embêté, il doit faire sa demande d’asile sur le site officiel du Duché, mais un bug informatique l’en empêche et, après, il sera trop tard, le délai sera passé… Vive la dématérialisation

J’admire le travail d’écriture de Diane Meur qui met en abyme de façon ironique, les chapitres du pamphlet. Un livre très politique et non politicien. Ce petit Duché nous ressemble, très arrangeant avec les riches et les puissants mais si dur pour les étrangers, les faibles, les pauvres.

« Derrière le col, c’est le grand-duché d’Eponne. Nous on ne veut pas de vous ici » OK, mais ils sont nécessaires pour faire ce que personne d’autre ne veut plus faire et puis… une main d’œuvre qui ne peut faire grève, raisonner… C’est pratique !

Notre société actuelle de consommation y est parfaitement décrite, le pamphlet très éclairant nous met face à nos propres contradictions.

 


 


 

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J
J’avais lu La carte des Mendelssohn. Ce n’est pas une lecture facile. Celui-ci est dans ma pile et ce que tu en dis m’incite à le passer en haut de la pile. Un regard éclairant sur notre société
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Z
J'ai retenu la carte des Mendelssohn à la bib
A
Il faudrait quand même que je me décide à découvrir cette autrrice ! Mais peut-être avec un autre titre, vu que je viens de terminer un roman sur le même sujet, "Nous arrivons", un premier roman très dynamique !
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Z
Ce fut mon premier, mais certainement pas mon dernier !
V
Merci pour cette découverte, je ne connais pas du tout.
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Z
Un livre qui ne s'offre pas de suite mais qui laisse une empreinte
A
Un billet intéressant qui donne envie de découvrir ce livre.
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Z
Merci
M
Je n'en ai pas encore entendu parler ! Pourtant le sujet m'intéresse beaucoup...Je le note !
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Z
Des sujets très actuels, malheureusement
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