Hannelore Cayre - Les doigts coupés
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Les doigts coupés
Hannelore Cayre
Editions Métailié
Mars 2024
192 pages
ISBN : 9791022613507
4ème de couverture :
En découvrant le squelette d’une femme dans une grotte, la paléontologue n’a pas seulement mis au jour une sépulture vieille de 35 000 ans, mais également la première scène de crime de l’Histoire.
Quelle révélation est allée colporter Oli, cette femme venue du fond des âges, entraînant à sa suite l’humanité dans un chaos irrémédiable ? Qu’a-t-elle voulu nous dire en plaçant l’empreinte de sa main mutilée au centre de cette fresque de la douleur et de l’impuissance ? “Regardez donc ce qu’ils m’ont fait” ; “Regardez, ce qu’ils nous ont fait subir à nous toutes !”
Oli veut être une chasseuse car la chasse est interdite aux femmes. Comme toutes les héroïnes de l’auteur, elle est portée par le même vent de liberté et elle revendique avec une âpre autorité et un humour caustique son droit au bonheur.
D’une plume hilarante et acérée comme la lance de sa chasseuse, Hannelore Cayre mène le lecteur ravi au cœur de la préhistoire sur les traces de nos origines et joue avec notre avidité à écouter des histoires.
L’autrice (site de la maison d’édition) :
Hannelore Cayre est avocate pénaliste, elle est née en 1963 et vit à Paris. Elle est l'auteur, entre autres, de Commis d'office, Toiles de maître et Comme au cinéma. Elle a réalisé plusieurs courts métrages, et l'adaptation de Commis d'office est son premier long métrage. Elle a écrit le best-seller La Daronne (Métailié, 2017) porté à l’écran en 2020. Elle est lauréate du Grand Prix de Littérature Policière et du prix Le Point du Polar Européen
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« La ligne c’est l’homme. La femme c’est le cercle. »
Le livre se déroule en Dordogne. Une personne veut creuser une piscine, sans permis de construire, dans son terrain caillouteux grâce au travail d’ouvriers polonais. On va pas s’gêner !! Oui, mais voilà…. Les ouvriers découvrent un cadavre et demandent la présence d’un prêtre pour bénir ce corps. Le prêtre pénètre dans la grotte ouverte par les polonais et…. Ma pov’ dame, il faut arrêter les travaux, c’est un site préhistorique de l’Aurignacien et le prêtre de téléphoner à Adrienne Célarier paléontologue. Ils ont découvert une grotte où, outre une sépulture, ils trouvent plein d’empreintes de mains peintes sur les parois auxquelles ils manquent plusieurs phalanges. Interpellant, n’est-ce pas !
Et, c’est parti pour un livre très bien renseigné, intéressant qui alterne entre le récit de Oli et les longues conférences très documentées données par Adrienne Célarier.
Oli vit dans une tribu de deux familles au bord d’une rivière, ils font partie des aurignaciens, donc des sapiens, comme à la Grotte Chauvet, ce sont des chasseurs-cueilleurs.
Oli donne tout de suite le ton « les hommes : quelle plaie ». « Oncle-aîné l’avait attrapée alors qu’elle était en train de faire cuire le lapin qu’elle venait de tuer, assez loin de l’abri, mais pas suffisamment pour qu’il ne la retrouve pas. » Oui, en chassant, elle avait enfreint la règle et s’était attaquée au pouvoir des mâles et surtout de Oncle-aîné. La punition est immédiate : des phalanges de la main droite coupées ! Oli et sa mère se rendent dans la grotte des femmes-ancêtres où, avec un pochoir, elle détourent la main estropiée sur les murs de la caverne rejoignant la grande cohorte de pochoirs de mains mutilées.
Discutant devant la grotte en pleine nuit, avec sa sœur, elles voient un point lumineux à gauche de la grottes des femmes-ancêtres…. Donc, il y a des gens qui campent là-bas…
Oli aime aller dans la grotte aux mains estropiées, la nettoyer, elle s’y sent bien, en sécurité. Elle a même construit un muret pour que les ours n’y entrent plus. Un jour, elle y rencontre une femme « torse nu vêtue d’un simple cache-sexe en peau émerger de derrière les branchages…. Femme à la peau d’un blanc sale et aux cheveux blonds hirsutes »… et ces femmes peuvent chasser avec les hommes !! On lui a donc menti et coupé des phalanges pour rien !!! Aucune marque d’hostilité face à Oli, ils vont chasser, c’est tout.
Plusieurs membres vont visiter ces nouveaux voisins néandertaliens,et, bien sûr, il y a copulation... neuf mois plus tard, un bébé métis naît qui fait comprendre à Oli, que ce sont les hommes qui ensemencent le ventre des femmes et que, donc, ils sont tous plus ou moins frères et sœurs
A chaque découverte de Oli, un chapitre où Adrienne Célarier explique et espère que cette découverte fera avancer les recherches car « il suffit d’une seule découverte pur faire voler en « éclats toute une construction intellectuelle et condamner à la poubelle une flopée de thèses. Sa grotte est de cette trempe ». Elle a été la première scientifique sur les lieux et avec son ami curé, ils ont gardé le silence sur le lieu de cette découverte immense.
Elle raconte, décrit, explique la rencontre entre les Sapiens et les Néandertaliens au début de l’aurignacien. Apparemment, il n’y a pas eu de transfert de technologie, mais des contrefaçons … Et bien oui, les contrefaçons étrangères existaient déjà à cette époque !!
Oli, un beau jour, est partie, a suivi le cours d’eau pour arriver à la mer et rencontre d’autres tribus dont une dont le chef est une femme et qui connaît les plaisirs solitaires.
Un phallus en pierre a été découvert dans la fameuse grotte. « De leur plaisir sexuel il n’a jamais été question » explique la paléontologue, puisque les premiers découvreurs étaient des hommes et, qui plus est, des gens d’église.
Hannelore Cayre est une formidable conteuse d’histoire. Elle s’est appuyée sur les recherches et les ouvrages de scientifiques féminines, a pris le parti, osé, de faire parler Oli avec notre langage actuel. J’ai adoré ce livre où Oli, ne se résigne pas à son statut de femelle, rit à ses réparties, lu avec attention les explications données par la paléontologue. Que de recherches restituées avec art ; l’autrice laisse Adrienne Célarier rapporter ce qu’elle a vu, expliquer les conclusions qu’elle tire de cette grotte et Oli raconter sa vie, avec l’humour caustique et les réparties de l’autrice.
Délectable !! L'écriture, le franc-parler, l'humour de Hannelore Cayre me plait depuis son premier livre. Le mélange fiction-réalité scientifique m’a beaucoup plus. Un grand plaisir de lecture et donc, un coup de cœur.
Merci Amrita
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