Giocchino Criaco - La Maligredi

La Maligredi

Gioacchino Criaco

Traduction Serge Quadruppani

Editions Métailié

Juin 2022

352 pages

ISBN : 9791022612067

 

4ème de couverture :

Le terme de « Maligredi » désigne l’avidité du loup qui ne se contente pas de tuer la brebis qui rassasierait sa faim mais tue l’ensemble du troupeau.

Dans les monts de l’Aspromonte calabrais, Africo est un bourg dont la population turbulente a été déportée sur la côte malsaine et marécageuse par les autorités sous prétexte d’un danger d’éboulement. Niccolino, un adolescent, nous raconte sa vie dans cet endroit marqué par la pauvreté, l’isolement et l’abandon, où même les trains ne s’arrêtent pas, ils ralentissent juste pour que les collégiens puissent en sauter ou les prendre au vol.

La vie de tous est réglée sur les allées et venues des hommes entre le bourg et les villes, tout le monde surveille tout le monde, les petits trafics et le militantisme politique occupent les esprits. Les hommes travaillent en Allemagne, les mères sont admirables dans leur lutte contre la misère, elles gardent le souvenir de l’ancien village, de la grève des cueilleuses de jasmin et de leur révolte, tandis que les mafias sont à l’affût malgré l’immense pauvreté.

L’action tourne aussi bien autour d’un bar, animé par un amateur de musiques modernes et observateur désabusé des mœurs calabraises, que de la vie des quartiers, avec leurs solidarités, leurs fêtes et leurs rites religieux. Tout cela, porté par une bande de jeunes amis cherchant à faire les quatre cents coups, se développe entre épopée et polar, roman social et lyrisme païen, dans une nature sublime.

L’auteur (site de la maison d’édition) :

Gioacchino CRIACO a 47 ans. Après avoir été avocat à Milan, il est revenu dans son village d’Africo, Aspromonte, travailler sa terre, au contact des réalités qu’il décrit. Il est l’auteur des Âmes noires.

 

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« Vous savez quelle malédiction est pire que le démon ? La Maligredi, dit-il, sans attendre de réponse. C’est le hurlement du loup qui a franchi une clôture et qui, au lieu de manger juste la brebis qu’il lui faut pour se rassasier, les égorge toutes ».

Me voici en Calabre.Les vieux regardent la montagne, leur ancien village, Africo, d’où ils ont été chassés, soit disant parce qu’il y avait des risques d’éboulement après les inondations de 1951… mon œil, c’est plutôt parce qu’ils étaient considérés comme des séditieux un peu trop actifs. Les jeunes eux regardent du côté de la mer Ionienne en contrebas de leur village d’Africo, réinstallés dans les marais. Les maris sont partis en Allemagne gagner la vie de la famille et quelques fois, ne reviennent plus.

Les enfants se trouvent livrés à eux-mêmes dans ce village où le train qui les conduit à l’école ne s’arrête pas, mais ralentit… C’est dire ! Les trafics mettent des pâtes dans les assiettes ; Nicolino,notre jeune héros et ses amis n’y échappent pas et y plongent avec la fougue de leur jeunesse sans voir plus loin que l’argent qu’ils ramènent. Les parrains « don » de la ‘ndrangheta ont la main mise sur le village

Arrive le sentiment politique avec Papule et son pull rouge. Les garçons y mettent autant de cœur. Ils y croient. Papule et toute la communauté manifestent arrête le train jusqu’à la création de la gare de Africo avec un arrêt pour les collégiens… Quelle réussite. Africo devenait un nom sur la carte ferroviaire. Une première reconnaissance. Papule contraint à se cacher dans la montagne ; Nicolino qui le suit et découvre la beauté de la montagne

Parlons un peu d’Africo. Village créé de toute pièce . Les habitants y ont mis leur âme. Comme dans chaque village il y a la ‘ndrangheta, les trafics, la misère, la joie, les rires, les pleurs.

En plusieurs tableaux, Gioacchino Criaco insuffle la vie dans les phrases, les mots, l’émotion est toujours à fleur de pages. Un très beau portrait sort du lot, celui de la mère de Nicolino. Oui, son mari est parti gagner l’argent en Allemagne, est revenu tous les étés, jusqu’au jour où…. Il n’est plus venu. Il lui a seulement envoyé une lettre pour l’avertir, sans même l’argent. Alors, elle se joint aux autres femmes qui vont cueillir le jasmin, sans se plaindre, mère courage. Nicolino et ses potes gagnent un peu d’argent en servant toutes les fins de semaine dans le restaurant. Oui, ils sont travailleurs ses minots. Et puis, ils ont des pourboires. Le pognon plus l’argent gagné avec les recels, ils le mettent de côté et, lorsque la révolution dans le village est là, le partagent avec la famille et les autres.

Gioacchino a écrit une chronique villageoise pleine de vie, de rires et de larmes. La beauté des lieux, la poésie quotidienne sont magnifiées par l’écriture à la fois descriptive et romanesque.

Ce village n’est pas sorti de l’imagination de l’auteur, il existe vraiment et il y est né et est retourné vivre et travailler la terre.

A la fois picaresque et politique, récit et roman, c’est de la littérature comme je l’aime.

 


 


 


 

« Je pense que la maligredi et la révolution se ressemblent, risquent d’être éternelles, comme l’espoir qui, par ici, malgré la tragédie infinie, est un vent qui souffle sans se lasser »

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I
Une belle découverte on dirait ! En tous cas je suis très tentée.
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Z
Si cela te tente....
M
Une belle découverte, je n'en avais pas du tout entendu parler. Merci pour ta présentation qui me donne envie.
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Z
Les éditions Métaillié oànt un panel littérature très intéressant. J'aime aller y puiser; très rarement déçue
A
Un roman qui pourrait me plaire. Noté.
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Z
Je te comprends. Si tu ne le trouves pas, je peux te l'envoyer
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