Tiffany Tavernier - L'ami
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L’ami
Tiffany Tavernier
Editions Sabine Wiespieser
Janvier 2021
264 pages
ISBN : 9782848053851
4ème de couverture :
Un samedi matin comme un autre, Thierry entend des bruits de moteur inhabituels tandis qu’il s’apprête à partir à la rivière. La scène qu’il découvre en sortant de chez lui est proprement impensable : des individus casqués, arme au poing, des voitures de police, une ambulance. Tout va très vite, et c’est en état de choc qu’il apprend l’arrestation de ses voisins, les seuls à la ronde. Quand il saisit la monstruosité des faits qui leur sont reprochés, il réalise, abasourdi, à quel point il s’est trompé sur Guy, dont il avait fini par se sentir si proche.
Entre déni, culpabilité, colère et chagrin, commence alors une effarante plongée dans les ténèbres pour cet être taciturne, dont la vie se déroulait jusqu’ici de sa maison à l’usine. Son environnement brutalement dévasté, il prend la mesure de sa solitude.
C’est le début d’une longue et bouleversante quête, véritable objet de ce roman hypnotique. Au terme de ce parcours quasi initiatique, Thierry sera amené à répondre à la question qui le taraude : comment n’a-t-il pas vu que son unique ami était l’incarnation du mal ?
Avec ce magnifique portrait d’homme, Tiffany Tavernier, subtile interprète des âmes tourmentées, interroge de manière puissante l’infinie faculté de l’être humain à renaître à soi et au monde.
L’autrice (site de la maison d’édition) :
Tiffany Tavernier est romancière et scénariste. Née en 1967, elle est la fille de la scénariste Colo Tavernier et du réalisateur Bertrand Tavernier. Son premier roman, Dans la nuit aussi le ciel (Paroles d’aube, 1999 ; Points, 2000), retrace son expérience dans les mouroirs de Calcutta, à dix-huit ans. Depuis lors, elle n’a cessé de voyager de par le monde, notamment en Arctique, où elle situe son roman suivant, L’Homme blanc (Flammarion, 2000 ; Points, 2001). Après avoir publié chez Grasset (Holy Lola, en 2004, le roman inspiré par le scénario qu’elle écrivit pour son père avec Dominique Sampiero), au Seuil, aux éditions des Busclats (Comme une image, 2015, qui revient sur son enfance sur les plateaux de cinéma) ou chez Tallandier (une biographie d’Isabelle Eberhardt, en 2016), Tiffany Tavernier rejoint le catalogue de Sabine Wespieser éditeur.
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« C’est un samedi comme tous les autres » Oui, cela aurait dû être un samedi comme les autres, lorsque Thierry ouvre la porte « découvre, abasourdi, une, deux, trois, quatre, cinq, six voitures de flics suivies d’une ambulance, qui déboulent en trombe. Au même moment, je vois surgir de la forêt une vingtaine d’hommes casqués, type GIGN, visières baissées, gilets pare-balles, armes au poing… Dans un nuage de poussière, les voitures viennent se garer devant la maison de Guy et Chantal ».
Guy et Chantal, ses voisins, leurs seuls voisins avec lesquels, ils sont devenus amis. Guy, toujours prêt à l’aider et, surtout, leur amour commun des insectes a scellé leur amitié.
Abasourdi, il apprend que Guy est un violeur et meurtrier multirécidiviste, Chantal soupçonnée de complicité. Le ciel leur tombe sur la tête, c’est peu de le dire. Élisabeth, son épouse, en fait une dépression et quitte la maison qu’elle ne peut plus habiter avec, devant elle, celle de leurs voisins et tout ce que la police y a trouvé. Thierry s’accroche à leur petit nid qu’il a transformé, amélioré, mis tout son amour… Non, il ne peut pas partir. Cette maison le protège pense t-il, c’est sa carapace, c’est ce que pense le psy. Ah ! Si Marc, leur fils, était encore à la maison, il pourrait les aider, mais le Vietnam est si loin.
Tous ces interrogatoires, ces sous-entendus ! Comment, vous êtes amis et vous n’avez rien vu, rien entendu ? Et au boulot, c’est la même rengaine. Comment vous n’avez jamais détecté le monstre en lui ?
Et bien non, non et non. Même si, il y eut des bruits mais, c’était le chat, enfin, c’était ce que disait Guy, alors, je le croyais, pourquoi ne pas le croire, oui pourquoi ?
Alors, un jour de trop, celui où le père d’une des victimes vient lui casser la figure parce que, c’est certain, il a vu quelque chose, au pire, il est lui aussi dans le coup... et puis, ces journalistes, toujours à fureter, a tenter d’entrer dans la maison. Et bien, c’est dit, « Je pars donc. Les plaquant tous : les épouses, les fils, les chiens trépassés, les gendarmes, les collègues, les DRH, les victimes, leurs parents, les monstres, les stagiaires, les rapaces ».
J’entre dans le second volet de l’histoire, plus introspectif. Marc part à la rencontre de son enfance, les chemins de l’Aune, pas loin de La Courtine, le temps des vacances passé seul avec son grand-père et les vaches « Les jours filaient. Je n’attendais plus rien. Ni le retour de mon père, ni le bonheur de ma mère. Plus tard, c’était une évidence, je vivrais ici. »
Oui, c’est là que Thierry veut rebondir, oublier, percer la carapace comme lui a dit le psy. « Ici, je n’ai à redouter de personne. Les loups et la horde sont ailleurs ». Il doit retrouver le petit enfant, le Raymond, son grand-père mort il y a longtemps déjà.
OK, le coup de l’ermite, est un peu de trop, bien que la campagne soit peuplée de ces personnes qui ont un don, qui soignent, qui un zona, qui une brûlure, qui une entorse, des problèmes de sang… Je les ai beaucoup fréquentés lorsque je jouais au tennis. Mais bon, un ermite (cela m’a fait sourire)… J’y vois plus le parcours compliqué et douloureux qui le mène vers la remontée. Une bonne claque retentissante et magistrale l’a réveillé, rien de tel pour faire éclater une carapace ; les larmes de la délivrance peuvent couler.
L’écriture de la première partie est tendue, la deuxième plus relâchée, car il y a moins d’action et plus d’introspection.
Un bon livre qui m’a happé. J’avais aimé son précédent roman Roissy.