Vénus Khoury-Ghata - Ce qui reste des hommes
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Ce qui reste des hommes
Vénus Khoury-Ghata
Editions Actes Sud
février 2021
128 pages
ISBN : 9782330144623
4ème de couverture :
Diane, qui a atteint un âge qu’on préfère taire, se rend dans une boutique de pompes funèbres pour acheter un caveau et se retrouve avec un emplacement prévu pour «deux» cercueils… Au fil de sa vie bohème, Diane a aimé des hommes, s’est lassée de certains, a été quittée par d’autres, a enterré celui qui comptait le plus. Bref, elle est seule, n’a même plus de chat, et il ne sera pas dit que cette solitude la poursuivra dans l’au-delà. La voilà qui recherche, parmi les encore vivants qui l’ont aimée, celui qui serait prêt à devenir son compagnon du grand sommeil.
Dans cette quête, elle est encouragée et volontiers taquinée par son amie de toujours, Hélène, veuve partie mettre en vente la villa sur la Riviera dans laquelle est mort son époux, et qui trouve là une manière inattendue d’ensoleiller sa vie.
Ce roman aussi grave que fantasque, qui parle de mort, de solitude et de chagrin avec l’élégance de la légèreté, offre deux portraits de vieilles dames indignes délicieusement complices, bouleversantes et merveilleusement inspirantes.
L’autrice (site de la maison d’édition) :
Née au Liban, Vénus Khoury-Ghata vit à Paris depuis 1972. Romancière et poète, elle est l’auteure d’une œuvre importante que plusieurs prix littéraires ont récompensée.
Chez Actes Sud, elle a publié une Anthologie personnelle de poésie (1997) ainsi que quatre romans : La Maestra (1996 ; Babel n°506), Le Moine, l'Ottoman et la Femme du grand argentier (2004 ; Babel n°636), Une maison au bord des larmes (2005 ; Babel n°676) et La Maison aux orties (2006 ; Babel n°873).
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Diane, certain âge ou âge certain, c’est selon, décide de s’offrir un caveau… Ben oui, ça ne fait pas mourir que de le prévoir et, ainsi, Diane choisit exactement ce qu’elle veut. Marbre rouge méché de gris, malgré l’avis négatif du vendeur « Du marbre rouge alors que les tombes voisines sont noires ou grises, je vous le déconseille madame. » Qu’est-ce qu’il y connaît le mec… Même morte, on vous embête parce que vous ne voulez pas la même chose que vos voisins… »
Oui, mais… bien entendu, c’est un caveau à deux places alors qu’elle est seule. Qu’à cela ne tienne, Diane va se rapprocher de ses anciens amants, des fois que… Je me demande les résultats que donneraient une annonce de ce genre « Cherche homme pour partager caveau... » Une chasse au prétendant très surprenante.
Raphaël entre dans sa vie et la demande en mariage… Oui… Mais…. Il a un tiers de son âge et est un cousin très éloigné. Ils se sont rencontrés à l’enterrement d’une parente commune et, depuis, ne l’a pas lâchée une seule seconde. « Epouse-moi parce que je t’aime plus que ma peau, plus que tous ceux qui te faisaient l’amour pendant que je salivais sur ta photo. Epouse-moi et je te ferai des crêpes tous les matins de tous les jours de ta vie. » Il faut pouvoir résister à une telle demande ! « « Trop beau pour toi, trop jeune pour toi, mais craquant » dirait Hélène si elle le voyait. »
Hélène, son amie, sa sœur « Pareilles à deux vases communicants, Hélène et toi êtes fusionnelles jusqu’à ne plus savoir si tel homme fut son amant ou le tien. » voit la vie autrement. Elle collectionne les amants, les aventures sexuelles. D’ailleurs, elle le dit à son amie « Tu ferais mieux d’embaucher un vivant, un grand costaud capable de réchauffer ton lit et tout le reste... »
Le ton est donné et j’ai adoré l’humour grinçant de Diane et Hélène, irrévérencieuses mais jamais pathétique, attachantes même dans leurs gros défauts.
Hélène s’offre aussi une petite histoire d’amour-sexe avec celui qui squatte, pardon, surveille, sa maison dans le sud. Très bien dans la genre veuve joyeuse….
Oui, vraiment réjouissant. Une façon iconoclaste de parler, de représenter les femmes d’un âge certain, de mon âge (peut-être), de leur solitude, de la mort.
Une belle récréation