Sébastien Gendron - Révolution

Révolution

Sébastien Gendron

Editions Albin Michel

Janvier 2017

400 pages

ISBN : 9782226393258

 

4ème de couverture :

Debout au milieu d’un pont autoroutier, jambes légèrement écartées, corps dressé, bras droit le long de la hanche, bras gauche replié soutenu par une orthèse, Pandora Guaperal a un Glock 23 posé sur la tempe, chien relevé, balle wadcutter dans la chambre, index sur la queue de détente réglée à un kilo de pression, cran de sûreté en position on.
Face à elle, à la sortie du tunnel, un véhicule approche. Derrière lui, des milliers d’autres dont le seul horizon est la route des vacances.
Pandora est prête : la révolution n’attend pas. Et elle vaut bien une balle dans la tête.

Pour résister à l’absurdité du monde, Sébastien Gendron, l’auteur de Road Tripes et de La Revalorisation des déchets, a lui aussi une arme : nonsense et subversion dans une comédie noire, entre Frédéric Dard et les Monty Python.

L’auteur (site de l’éditeur)

Sébastien Gendron est l'auteur d'une dizaine de romans noirs. Il est aussi réalisateur, scénaristes et chroniqueur. Il puise tour à tour son inspiration chez les Monty Python, le cinéma américain des années 1970, les livres de Jean Echenoz, Jean-Patrick Manchette, Jean-Bernard Pouy, Tim Dorsey, Jim Thompson et Philippe Djian. Soit un univers unique aux accents volontiers loufoques.

Il a publié Road Tripes (2013) puis La revalorisation des déchets (2015) aux éditions Albin Michel. Il écrit également pour la jeunesse.

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Nous ne sommes pas en mai, mais je me suis fait une petite révolution avec Sébastien Gendron pas piquée des vers ni des hannetons !

Pandora Guaperal et Georges Berchanko ont un cursus non négligeable, pourtant, ils n’ont pas trouvé de boulot à leur hauteur et se retrouvent à faire de minables mission chez Vadim Interim. Ils ont une bonne instruction, un bon niveau, mais, ils se sont trouvés parmi les laissés pour compte parce que trop ou pas assez.

« Parce qu’à l’origine Georges n’est pas manœuvre, c’est même tout le contraire. Il est ingénieur informaticien. ».

Gorges se retrouve, malgré lui, embarqué dans une histoire qui l’a totalement dépassé, mais je crois qu’il est souvent dépassé,  Résultat final deux morts et un copain, voyelle. Non, ce n’est pas un chien, mais un colosse attardé mental qui ne peut aligner deux mots.

Quant à Pénélope, joli prénom n’est-il pas, elle a pour mission d’abattre le calvaire de Marjovent pour y construire le minaret de la nouvelle mosquée. Pandora a failli se faire lyncher à la fin, on ne s’attaque pas à un emblème catholique. Plus qu’énervée, elle  défonce à la pelleteuse, qu’elle conduit de main de maître, la maison de son exploiteur, le sieur Vadim qui a pris la tangente. J’ai oublié, elle est également championne de tir, cela a son importance dans l’histoire

« J’attends que les gens fassent la révolution. Et je ne bougerai pas d’ici tant qu’ils auront pas commencé. »

Ah ces jeunes et leur révolution !! Mais vous n’y êtes pas du tout chers amis ! Pandora et Georges sont quadras, ce ne sont plus des perdreaux de l’année. Cela n’empêche pas que de boulot de merde en boulot de forçat…

« J’en ai rien à foutre d’être traitée d’extrémistes par des gens qui manipulent l’information pour effrayer tout le monde. Moi, ce que je veux, c’est que les gens se révoltent. Dans ce pays, c’est tout à fait légitime. Des révolutions ici, il y en a eu et elles ont changé le monde. Regardez ce que la France est devenue depuis. Vous vous souvenez de cette ministre de l’Intérieur qui proposait au Parlement d’envoyer nos experts de la police nationale pour aider Ben Ali à mater la révolution tunisienne ? Une ministre de la V° République, héritière directe d’une démocratie qui s’est construite grâce à un soulèvement populaire plus de deux cent ans auparavant ! Notre classe dirigeante ressemble de plus en plus à celle qu’on a envoyée à la guillotine en 1789. Des gens qui n’ont plus aucun rapport avec le peuple et un peuple qui les traite de pourris et s’éloigne de plus en plus des urnes. Vous trouvez ça normal ? Pas moi. Je trouve ça à vomir. »

Donc, Pandora se trouve au beau milieu de la chaussée sur l’autoroute A53, viaduc de Saint-Maxence avec un pistolet sur la tempe. Vous imaginez l’embouteillage que cela peut créer des deux côtés car, il faut compter avec les curieux circulant en sens inverse. Tout cela baigné par la musique protestataire lancée par l’animateur d’une radio locale qui a baptisé Pandora « Lady Gun ».

Ces ingrédients auraient pu faire un livre marrant, avec suspens et cela aurait été simplement burlesque rien qu’en imaginant une quadra avec un pistolet à la tempe causant un embouteillage monstre avec tout ce qui cela peut sous-entendre. Oui, mais voilà, Sébastien Gendron laisse percer certaines vérités. Personne ne bouge, tout le monde râle, se dispute entre voisins de queue, mais sans plus de panache, chacun pour soi et Dieu pour eux. Certains iront même jusqu’à extraire violemment de leurs voitures des mecs en costume trois pièces avec grosse voiture, des décideurs pour eux. Une autre forme d’action qui rappelle certaines périodes peu glorieuses. Tout autour de Pandora et Georges il y a une galerie de personnages  dont la journaliste opportuniste, Voyelle, un médecin urgentiste, un mercenaire étranger à la solde du patronat….

Un livre lucide, loufoque, un brin acide à l’humour noir décapant lu d’une seule traite qui ne se laisse pas oublier facilement.

 Sébastien Gendron et les éditions Albin Michel m’ont offert une belle nuit blanche (beaucoup en ce moment). Un livre qui a du corps, de la tripe.

Le troisième quart, il finira dans mes impôts. C’est normal sauf que ces impôts, l’Etat en refile une partie aux banques pour les sauver, ces mêmes banques qui refusent de prêter de l’argent. L’Etat en refile une partie entre autre à l’industrie automobile qui licencie à tour de bras. L’Etat en refile une partie à des entreprises qui sont en train de se barrer de l’autre côté de la Méditerranée parce que les ouvrier français ne sont pas compétitifs. Et ces ouvriers français, qui voient leurs entreprises délocalisées, parce que c’est la crise, ils ont pourtant accepté de bosser plus sans être payés davantage. Même les syndicats leur ont dit que c’était la seule chose à faire. On les fout à la porte ou on leur propose d’aller bosser ailleurs, à des centaines de kilomètres de chez, à l’autre bout de la France, voire à l’étranger. S’ils refusent tant psi pour leur gueule.

Tout le monde cède, parce que tout le monde a peur. Voilà ce qui se passe. Tout le monde vit courbé en deux.

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J
Pas vraiment mon genre mais tu avances des arguments qui pourraient me parler ;)
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Z
LV ?
M
Un livre d'un auteur que je ne connais pas et qui risque de me faire passer une nuit blanche moi aussi :) Alors tu te doutes bien que je le note...
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Z
Dis donc, ta liste de livres augmente vitesse V
S
Tu as prénommé l'auteur Alain dans le titre de ton billet.
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Z
Merci, je vois que cela m'arrive souvent !
L
J'ai entendu parler de cet auteur mais je ne l'ai pas encore lu.
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Z
Ce fut une sacré découverte pour moi aussi
M
Waouh, quelle mise en scène ! Forcément, on veut savoir pourquoi et connaître la suite...
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Z
Alors, il faut le lire
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