Marcus Malte - Le Garçon
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Le Garçon
Août 2016
544 pages
ISBN 9782843047602
4ème de couverture :
Il n’a pas de nom. Il ne parle pas. Le garçon est un être quasi sauvage, né dans une contrée aride du sud de la France. Du monde, il ne connaît que sa mère et les alentours de leur cabane. Nous sommes en 1908 quand il se met en chemin – d’instinct.
Alors commence la rencontre avec les hommes : les habitants d’un hameau perdu, Brabek l’ogre des Carpates, philosophe et lutteur de foire, l’amour combien charnel avec Emma, mélomane lumineuse, à la fois sœur, amante, mère. « C’est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l’existence : nombre de ravages et quelques ravissements. » Puis la guerre, l’effroyable carnage, paroxysme de la folie des hommes et de ce que l’on nomme la civilisation.
Itinéraire d’une âme neuve qui s’éveille à la conscience au gré du hasard et de quelques nécessités, ponctué des petits et grands soubresauts de l’Histoire, le Garçon est à sa façon singulière, radicale, drôle, grave, l’immense roman de l’épreuve du monde
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A la mort de sa mère, il érige, à sa demande, un grand bûcher pour sa crémation. Pourquoi pas, c’est normal pour lui qui n’a d’autres références que celle de cette femme. Il ne parle pas, ne sait pas lire, vit à l’instinct comme un animal. Après cette cérémonie, il sort de la forêt qui lui a servi de matrice, l’a nourri, aussi neuf qu’un nouveau-né.
Il part sur les chemins « Ce qu’il va gravir maintenant n’est rien de moins que la montagne de la civilisation. » et rencontre les hommes qui le feront travailler dur sans qu’il s’en plaigne ni se rebiffe. Là, première étape de sa nouvelle vie, il apprend à coucher dans un lit, à manger à table, le minimum de propreté. Etape de la petite enfance, nonobstant le dur labeur qu’il doit accomplir.
« Outre sa volonté et son ardeur, outre sa malléabilité, il a encore pour atout, non négligeable, de ne demander aucun salaire. Il ne se loue pas. Il ne se vend pas. Ils se donnent.
Eux se le partagent ».
Marcus Malte écrit sur la plage blanche du garçon un roman initiatique. Chaque rencontre importante le fera avancer dans sa vie d’humain. Il ne parle pas, est analphabète, mais c’est vraie éponge qui retient tout. Lui qui était, dans sa forêt, indépendant devient, au fil du récit de plus en plus dépendant des autres, de la parole des autres.
« Tout lui manque assurément mais ceci plus encore : la parole. Celle de l’ogre. Ses récits, ses laïus, ses formules et ses maximes. (Regarde fiston, parce qu’un jour tu ne verras plus. Ecoute, parce que tu n’entendras pus. Sens, touche, goûte, éteins, respire. Qu’au moins tu puisses affirmer, le moment venu, que cette vie qu’on te retire, tu l’as vécue). Ou ne serait-ce que le son de sa voix. »
Ce sera encore plus criant lors de la maladie d’Emma, son grand amour.
Chaque fin de période se solde par une crémation. Rite nécessaire et normal. Ainsi, il peut passer à l’étape suivante de son initiation, de l’éveil de l’homme qu’il devient.
Il ne fait pas bon d’être différent. Un tremblement de terre, c’est le garçon le responsable ; Un meurtre, encore lui. Heureusement, il y a de merveilleuses personnes qui l’aident qui l’accueillent et le considèrent comme un fils, comme un frère.
A chaque phase de la vie du garçon correspond un style d’écriture. Roman naturaliste dans la première partie, érotique dans la seconde, dur, martial dans la troisième, retour au naturalisme pour la dernière. Le tout mâtiné d’ironie légère. Il y a des accélérations, il y a de la lenteur pour mieux nous montrer les paysages, il y a de la poésie et pourtant ce n’est pas le foutoir, non cher ami, tout est maîtrise du début à la fin de ce merveilleux roman d’initiation.
Marcus Malte sent bien, qu’à suivre le garçon, je perds la notion du temps, aussi, de temps à autre, il casse sciemment le rythme du livre en insérant des chapitres où sont écrits les évènements mondiaux importants ou pas qui se sont déroulés l’année en question.
L’épopée est émaillée de références musicales et littéraires. Le prénom de Félix vient de Mendelssohn « Romances sans paroles », Liszt, Guy de Maupassant, Victor Hugo, La Fontaine, le divin Marquis…
Dans le premier chapitre consacré à la guerre 14-18, Marcus Malte, avec quelque ironie écrit « Allons enfants » « Le Jour de gloire est arrivé » « L’étendard sanglant » « Entendez-vous mugir », cela ne vous rappelle rien ??
Une fresque, une épopée superbe. J’avais aimé « Garden of love » mais « Le garçon » est encore meilleur. Un livre coup de poing, un livre coup de cœur, malgré quelques longueurs, qui ne laissera personne indifférent. J’apprécie qu’un auteur puisse écrire des livres aussi différents avec autant de talent.