Kamil Hatimi - La Houlette
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La Houlette
Kamil Hatimi
Editions Elyzad
Mai 2015
310 pages
ISBN : 9789973580771
4ème de couverture :
Lorsque Dragan Chenah, marocain à moitié serbe et journaliste star des ragots à La Houlette Casablancaise, découvre qu’il a perdu la faculté d’écrire, il est bien ennuyé. Entamer une thérapie ? Décevoir encore sa femme ? Noyer son spleen dans l’alcool et autres substances illicites, en compagnie d’une clique aussi fantasque qu’improbable ? Une dernière option inattendue s’offre à lui. Car soudain l’actualité se déchaîne. Un attentat vient de se produire dans un grand hôtel de Casa. Entre piste islamiste et traumatismes refoulés, c’est le moment pour Dragan de secouer sa carcasse et de se pencher sur les trous noirs de son passé. À l'abri des palmiers et des fronts de mer ensoleillés se dissimule une réalité silencieuse et trouble.
L’auteur :
De mère allemande et de père marocain, Kamil Hatimi est né en 1960 à Rabat où il a passé sa jeunesse. Il poursuit en France des études de sociologie. Après avoir exercé différents métiers dont celui de musicien de bal et de photographe, il entame en 1995, une carrière de formateur interculturel et d’interprète. Il vit actuellement dans le sud de la France. La Houlette est son premier roman.
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Suite à un attentat dans un grand hôtel de Rabat, Dragan Chenah, géant blond marocain de père et serbe par sa mère, journaliste ou plutôt journaleux à la Houlette Casablancaise voit sa vie remise en question. Il doit déterrer ce qu’il cachait à tout le monde, la tâche qui a fait de lui cet alcoolique, déprimé, blasé, fumeur de haschisch que veut fuir sa femme. A lui de trouver la force de puiser dans sa mémoire et trouver le moyen de soigner le mal qui le ronge et qui fait qu’il ne peut plus écrire une seule ligne ? Oh, non, pas la simple peur de la feuille blanche, mais bien l’incapacité de prendre un stylo et d’écrire.
Cet attentat sera le coup de pied au derrière salvateur, l’urgence qui le poussera à tout raconter au docteur Urziz « le docteur des maboules ».
A travers ce journaliste blasé, déprimé, alcoolique, fumeurs de joints, Kamil Atimi raconte les relations étroites entre la presse et le régime (les pages relatant la conférence de rédaction du rédacteur de la Houlette est un petit chef-d’œuvre), l’impossible liberté des journalistes, le cynisme des policiers, dont Dragan fut une innocente victime. Les années 63-65 qu’Ilyas raconte à la femme de Dragan et qu’il appelle « la chasse aux gauchos » pour abattre l’opposition et dont sa femme et mère de Dragan fut très certainement victime.
Un premier roman fort au ton ironique et féroce. Une lecture nouvelle où le Maroc n’est pas que la destination des retraités français avec leurs camping-cars, mais un pays en proie à l’islamisation sournoise, un pays où, pour avoir la paix, Dragan se doit de maîtriser le minimum des rudiments d’une religion à laquelle il ne croit pas « Il avait appris à maîtriser les rituels langagiers bordant les relations sociales marocaines. Il connaissait toutes les arabesques, les virgules, les pommades et les enluminures de la phraséologie quotidienne et savait qu’à chaque situation chaque évènement, sacré ou profane, correspondait une formule prête à l’emploi qu’l suffisait de dire au bon moment, avec la bonne intonation et le bon rythme, pour émettre les signaux d’une religiosité de surface, le minimum syndical, à même de lui garantir qu’on lui ficha la paix. »
Les Editions Elyzad ont, une nouvelle fois, démontré leurs talents à m’offrir, à nous offrir, de très belles lectures. La couverture, avec ses deux costumes, montre l’ambivalence entre la modernité et la tradition du peuple marocain, le grand écart entre les tenants d’un certain rigorisme religieux et les autres.
Livre lu dans le cadre de la voie des indés avec Libfly et les maisons d’éditions indépendantes dont Elyzad. Je les remercie pour cette belle lecture