Jean Echenoz - Envoyée spéciale
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Envoyée spéciale
Jean Echenoz
Editions de Minuit
Janvier 2016
320 pages
ISBN : 9782707329226
4ème de couverture :
Constance étant oisive, on va lui trouver de quoi s’occuper. Des bords de Seine aux rives de la mer Jaune, en passant par les fins fonds de la Creuse, rien ne devrait l’empêcher d’accomplir sa mission. Seul problème : le personnel chargé de son encadrement n’est pas toujours très bien organisé.
L’auteur (source ici) :
Jean Echenoz est né le 26 décembre 1947 s'impose avec un sens de l'observation unique et un style singulier. L'ancien étudiant en sociologie et en génie civil déclare être l'auteur de romans “géographiques”. Il tâche en effet dans son oeuvre de tracer les conditions, les décors et les milieux qui fondent une existence, celle de personnages fictifs ou réels à l'instar de Ravel dans un roman éponyme ou d'Emile Zatopek dans Courir. Amené à l'écriture suite à la découverte d'Ubu Roi d'Alfred Jarry, Echenoz imprime sa propre empreinte avec un sens de la dérision hérité du dramaturge. Lauréat du prix Goncourt en 1999 pour Je m'en vais, l'auteur joue à détourner les codes du langage et les genres littéraires. Ainsi, il s'approprie le roman policier avec Cherokee (Prix Medicis en 1983) ou le roman d'espionnage avec Le Lac. Ecrivain de la quête et de l'enquête, Jean Echenoz succède avec brio et innovation à la génération du Nouveau Roman, qui a fait la renommée de sa maison d'édition, Minuit. En 2012, cette dernière publie son roman 14.
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Constance, jeune femme oisive des beaux quartiers parisiens est enlevée par un « plombier » même pas polonais. Une demande de rançon arrive et son mari, Lou Tausk (un pseudo), ancienne gloire musicale réagit mollement. Constance fera preuve de constance (je n’allais pas louper ce mauvais jeu de mots), n’essaie pas de se sauver, attend, trouve même quelques menus plaisirs en présence de ses deux geôliers, sentiment réciproque. Les directives conduiront notre héroïne jusqu’en Corée du Nord avec la même placidité, où elle sera un peu espionne.
Comment parler de ce livre sans l’amoindrir ? Jean Echenoz semble s’être amusé à l’écrire, à semer de petits indices, comme un bout de doigt. Beaucoup de personnages se croisent, ou pas, beaucoup de rebondissements. Dans ce livre, tous les mots sont importants. J’ai aimé, que dis-je, adoré la tournure des phrases. L’utilisation du « on » qui devrait alourdir le texte, le rend malicieux, avec ce mélange alerte de trivial et de précieux. « Une fois l’on a vu, dos tourné à la route, au milieu d’une culture de pois protéagineux, piser un paysan sous sa casquette. » Vous avez la description et l’action en un minimum de mots. Sobriété.
Jean Echenoz est le marionnettiste d’une histoire improbable au mécanisme précis d’horlogerie. Il joue avec les fils, tisse un dessin. Il distille, à dessein, des détails importants. Qu’importe si l’histoire est improbable, lui, la rend possible. Et si, tout s’était déroulé dans une autre dimension ? Possible à la lecture du dernier paragraphe, ou pas.
Un coup de cœur