Olivia Rosenthal - Eloge des bâtards
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4ème de couverture :
« Un ange aurait pu passer s’il y avait encore eu des anges. »
Dans Éloge des bâtards, nous suivons neuf personnages entrés en désobéissance. Face au pressant danger qui les menace, ils vont, contre toute attente et cinq nuits durant, remonter aux origines de leur propre histoire, et ainsi sceller entre eux de nouveaux liens.
Avec ce roman conçu comme une chambre d’échos, Olivia Rosenthal réhabilite la puissance empathique et subversive de la parole.
L’autrice (site de l’éditeur) :
Olivia Rosenthal a publié dix fictions aux éditions Verticales, notamment Mes petites communautés (1999), Les fantaisies spéculatives de J.H. le sémite (2005), On n’est pas là pour disparaître (2007, prix Wepler), Que font les rennes après Noël ? (2010, Prix du Livre Inter 2011) et Mécanismes de survie en milieu hostile (2014), ainsi qu’une satire initiatique Les Sept Voies de la désobéissance («minimales», 2004) et Ils ne sont pour rien dans mes larmes («minimales», 2012). Elle est en outre l’auteur de deux récits dans le cadre de son projet « Architecture en paroles » : Viande froide (éd. Lignes/104), et « Maison d’arrêt Paris-La Santé » (éd. Paris Musées/Carnavalet) et de deux textes pour le théâtre : Les félins m’aiment bien (Actes Sud-Papiers, 2004) et Les Lois de l’hospitalité, (Inventaire / Invention, 2008). Initiatrice de nombreuses performances avec des cinéastes, plasticiens ou compositeurs, elle a également fondé avec Lionel Ruffel le master de création littéraire à l’Université de Saint-Denis.
Est paru en février 2016 Toutes les femmes sont des Aliens dont les deux premiers textes ont fait l’objet d’une adaptation sur scène par la compagnie Ildi ! eldi.
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La narratrice a la malchance d’entrer dans la vie des gens, de connaître leur histoire sans aucun échange ; elle l’a vérifié avec le poissonnier qui la sert. Elle doit absolument se protéger pour ne pas être dévorée par la vie des autres. Déjouant les tours de garde des vigiles, elle erre dans ce qui reste de verdure, de bois, non plutôt des taillis, des friches où elle retrouve d’autres insoumis comme elle « Nous sommes unis par des actions clandestines destinées à empêcher la disparition complète de notre ville. » Des affinités se créent et une petite troupe émerge Les résistants, les zadistes, les insoumis, enfin bref, eux qui ne veulent pas de cet avenir où la nature disparaît, où les gens habitent des tours et se surveillent les uns les autres, où des milices vous espionnent.
La bande se réunit chez les uns, les autres, enfin ceux qui ont un toit pour discuter, fourailler, décider des actions à mener. Ils savent que leur combat est déjà perdu, mais ils veulent garder, sauvegarder le peu d’espaces verts qui reste, replantent, écrivent, peignent… Ils veulent un peu de désordre dans l’ordre obligatoire, un peu de sauvage dans la cité trop tenue.
Olivia Rosenthal ne permet pas que l’on reste tranquille au fil des pages du livre. En début, Lily entre, sans le vouloir, dans l’inconscient des passants. Changement de cap direction des « zadistes » et une dystopie où des groupes sabotent, retardent les travaux en cours. Mais, ce ne sont pas des ados retardés ou pas, non, ce sont des adultes, même une grand-mère, et cela change l’optique. « En nous restreignant à être seulement ce que nous faisons de concret, nous nous épargnons tout le reste », car personne ne pose de questions sur personne, pas de confidence. Nouveau virage. Un soir Sturm le puissant, Macha la frisée, Clarisse la candide, Fox le nerveux, Gell le sauvage, Filasse le berger, Full le taciturne, Oscar le dandy et elle, Lily la secrète se réunissent chez elle.
« Cet état dure tant que nous sommes voués à l’action et unis par une conviction et un but commun. Mais un jour les choses s’enrayent. » Fox, en réponse à une question de Strurm, raconte sa vie , puis ce sera le tour des autres. Chacun raconte sa bâtardise, ses origines incertaines, ses ruptures.
L’enfance régit l’adulte ; les coups, le non-amour, la disparition, l’inconnu, le secret, l’amour, la tendresse… font ce que nous devenons et que les personnages sont devenus, avec les bidouillages de la vie, la force de s’en sortir avec le paquetage arrimé au dos.
Et si le roman était encore autre chose. Oui, pourquoi ceux-là se sont-ils agrégés le uns aux autres sans rien savoir de l’autre ?Qu’est-ce qui pousse des individualités à se regrouper ? Et que le groupe ne peut survivre sans une connaissance de l’autre. Vu de l’orée de mon bois, cette ville est très inhumaine dans sa verticalité. Plus de maisons individuelles, mais des appartements, des boîtes dans lesquels on vous place et vous surveille.
Un livre à tiroirs, à virages très intéressant grâce à la plume de l’auteur.