Yasmina Khadra - Khalil
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Khalil
Yasmina Khadra
Editions Julliard
Août 2018
264 pages
ISBN : 9782260024224
4ème de couverture :
Vendredi 13 novembre 2015. L’air est encore doux pour un soir d’automne. Tandis que les Bleus électrisent le Stade de France, aux terrasses des brasseries parisiennes on trinque aux retrouvailles et aux rencontres heureuses. Une ceinture d’explosifs autour de la taille, Khalil attend de passer à l’acte. Il fait partie du commando qui s’apprête à ensanglanter la capitale.
Qui est Khalil ? Comment en est-il arrivé là ?
Dans ce nouveau roman, Yasmina Khadra nous livre une approche inédite du terrorisme, d’un réalisme et d’une justesse époustouflants, une plongée vertigineuse dans l’esprit d’un kamikaze qu’il suit à la trace, jusque dans ses derniers retranchements, pour nous éveiller à notre époque suspendue entre la fragile lucidité de la conscience et l’insoutenable brutalité de la folie.
L’auteur (site de l’éditeur) :
Yasmina Khadra, de son vrai nom, Mohammed Moulessehoul, est né dans le Sahara algérien. Consacré à deux reprises par l’Académie française, salué par des prix Nobel (Gabriel Garcia Marquez, J. M. Coetze, Orhan Pamuk), Yasmina Khadra est traduit dans une cinquantaine de pays et a su toucher des millions de lecteurs. Adaptés au théâtre (en Amérique latine, Europe et Afrique) et en bandes dessinées, certains de ses livres sont aussi portés à l’écran (Morituri ; Ce que le jour doit à la nuit ; L’Attentat). Yasmina Khadra a aussi co-signé les scenarios de La Voie de l’ennemi, avec Forest Whitaker et Harvey Keitel, et de La Route d’Istanbul, tous deux réalisés par Rachid Bouchareb. Ce que le jour doit à la nuit a été adapté au cinéma par Alexandre Arcady en 2012. L’Attentat a reçu, entre autres, le prix des Libraires 2006 et a été traduit dans 36 pays. Son adaptation cinématographique par Ziad Doueiri est sortie sur les écrans en 2013. Le film d’animation de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec Les Hirondelles de Kaboul, a été présenté à Cannes en 2019 dans la prestigieuse sélection Un certain regard. À 64 ans, Yasmina Khadra prône l’éveil à un monde meilleur, malgré le naufrage des consciences et le choc des mentalités.
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Khalil est dans une voiture conduite par un « frère » et doit se faire à Paris dans le métro, là où cela fera le plus grand nombre de victimes. C’est le 13 novembre 2015. « Nous étions quatre kamikazes ; notre mission consistait à transformer la fête au Stade de France en un deuil planétaire » Mais rien, rien, il a appuyé sur le détonateur, mais rien ne se passe, alors que son grand copain Driss a mérité son paradis. Dans sa tête, il a failli à sa mission et cherche la raison de cet échec. Veut-on le tester ? Est-ce une erreur de l’artificier ?...
Khalil retourne à Molembeek (si tristement connue) pour comprendre ce qui s’est passé et remonte dans son passé récent.
Lyès son référant, son phare « Lyès avait trouvé sa voie et occupait le rang d’émir, preux chef de guerre. Il avait appris à dire les choses sensées avec talent, à n’exiger des autres que ce que lui était capable d’entreprendre, et quand il lui arrivait de hausser le ton, je m’abreuvais sans modération à la source de ses lèvres. Il m’avait éveillé » aux indicibles beautés intérieures et avait fait de moi un être éclairé. Ma chienne de vie, je l’avais roulée dans un torchon et jetée au caniveau. »
Oui Khalil a été endoctriné en suivant Driss, puis a pris tout ceci très sérieusement « J’ai fini par reconnaître que j’avais bien fait de te suivre. Je naviguais à l’aveugle, avant. Il me fallait une voie, et les frères me l’ont montrée. Pourtant, à certains moments, il a eu des éclairs de lucidité, mais cela n’a pas suffi, les autres veillaient.
A Molembeek, il n’est qu’un arabe et se sera jamais un belge à part entière, alors, il erre dans son quartier, sans avenir, sans espoir. Les paroles des frères trouvent en lui un terreau fertile, le font se sentir mieux, plus fort, ils lui offrent une seconde chance, comme une seconde naissance et une nouvelle famille qui sait trouver les mots pour chaque circonstance. Il s’éloigne de sa vraie famille, de ses anciens amis. Seule sa sœur jumelle trouve grâce à ses yeux, même si elle ne le suit pas sur ce terrain religieux.
Yasmina Khadra, sans juger les protagonistes à aucun moment, déroule le système glaçant qui a amené Khalil entrer dans l’intégrisme religieux, à vouloir tuer des gens, beaucoup de gens, même si cela signifie tuer quelqu’un de sa famille très proche. Je plonge dans les phrases de Yasmina Khadra, suit la dégringolade de Khalil. Tout est décrit avec un réalisme et une violence qui font froid dans le dos.
Ce que j’en retire c’est que ces « fous de dieu » n’ont pas dieu en première attente, mais plutôt le désir de tuer le plus de gens possibles et, c’est le cas dans le dernier voyage de Khalil, des personnes ayant la même confession qu’eux. Ils veulent régner par la terreur, reste à savoir à qui cela profite.
Quand l’espérance fout le camp, n’est pas au rendez-vous, quand les propos racistes basiques polluent, les recruteurs de tout bord sont là pour cueillir des fruits mûrs. Pourtant, « On ne tue pas des innocents parce qu’un enfoiré de raciste a dit des conneries. »
C’est le premier roman de Yasmina Khadra que je lis et j’en ai aimé l’écriture.