Anne Gallois - Mes trente glorieuses
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4ème de couverture :
À travers ses souvenirs personnels, son enfance et sa jeunesse, Anne Gallois raconte le roman d’une vie et d’une époque. Trente glorieuses, 1945-1975, le relèvement de la France après la guerre, la société de consommation qui transforme nos vies. La grande histoire à travers la petite histoire, celle d’une famille de six filles, enfants, adolescentes, puis adultes. L’histoire de l’apparition des objets ménagers, des guerres d’Indochine et d’Algérie, de la pilule contraceptive, de mai 68, perçue à travers le regard de la narratrice.
Anne Gallois part des couvertures de Paris Match de son enfance pour faire apparaître les héroïnes et héros qui jalonnent ces trente années, ces trente glorieuses bouleversantes qui sont aussi le théâtre d’un drame familial.
L’autrice (site de l’éditeur) :
Journaliste indépendante pour la presse écrite (Le Monde, Libération...) puis réalisatrice de documentaires pour la télévision(52 sur la Une, TF1, Strip-tease, France 3) Anne Gallois a également écrit plusieurs livres, récits et romans (éd. du Seuil et Fayard).
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Paris Match ! Une revue qui a bercé mon enfance puis ma jeunesse, comme celle d’Anne Gallois que ce soit chez le coiffeur ou ailleurs. Nous partageons également la traversée, ou une partie de la traversée, des trente glorieuses.
D’ailleurs, chaque chapitre de son livre a pour titre une date et dessous, un extrait d’un article de Match qui lui permet d’égrener ses souvenirs.
Margot Bourdillon, le personnage principal du livre, est la seconde des six enfants d’une famille petite bourgeoisie, commençants aisés, catholiques de droite. « J’ai la place, peu enviable, du milieu, enfouie dans un magma de sœurs dont il faut s‘extraire, comme un rescapé des décombres. Condamnée à me faire remarquer à « faire mon intéressante. » »Elle fréquente une institution catholique, s’inscrit aux Jeannettes, l’équivalent des scouts pour les filles d’alors. Ses parents détestent toujours le Général de Gaulle, lui préférant le maréchal Pétain qui a sauvé la France. Oui, la seconde guerre mondiale est terminée, mais, on ne change pas les us et habitudes des familles bien pensantes de la petite bourgeoisie. Mendès non plus « Mendès, comme l’appellent mes parents et leurs amis, n’est pas en odeur de sainteté. On le dit sectaire, mauvais patriote. « Il n’a de France que le nom », persiflent les antisémites ». Pensez, Mitterrand refuse d’assister à une messe célébrée à la cathédrale de Nevers par l’évêque ! D’ailleurs, dans la Nièvre, on l’appelle Mitrand. On brûle les livres de Simone de Beauvoir, Sartre mécréants qui ne croient pas en dieu
Question sexe, même à la veille de son mariage, la grande sœur ignore tout « Pour ma sœur aînée, comme pour nous, le mariage ne peut être que d’amour. Un amour lisse, éthéré. Pour avoir des enfants, on s’embrasse et c’est tout. » Les « pédales », que Margot ne connaît pas risquent la prison. Les choses ont changé depuis, heureusement !
Margot, dans sa foi d’enfant et son éducation religieuse se posent des questions : « pourquoi doit-on croire aux miracles et pas aux contes de fées ? » Question qu’elle n’osera poser. Il y a également le chapitre Bernadette Soubirou, Sainte Bernadette dont le corps embaumé est exposé à Nevers, qui aurait subi quelques sévices et vexations de la part des sœurs du couvent. OH NON !! pas de ça chez nous, faux, faux, archi-faux… Les sœurs ne peuvent qu’être exemplaires
Il y a un grand écart, un mur entre les bourgeois et les ouvriers. Margot ne connaît pas d’ouvriers, hormis ceux de son père qui n’ont l’air « ni méchants, ni malheureux ». Les filles de l’école publiques sont, automatiquement, des délurées, enfin une surnommée « La Brigitte Bardot de Nevers »
Le samedi, il est de bon temps d’arpenter la rue du Commerce, de faire les arrêts chez le pâtissier, le boucher, les boutiques de mode.
Puis, mai 68 arrive avec sa « libération », l’espoir d’une vie plus libre. Le monde change.
Avec ce livre, j’ai revécu mon enfance, mon adolescence et je me suis quelque fois, reconnue dans Margot. Je n’habitais pas bien loin de chez elle, enfin dans le département limitrophe, en ville comme elle. A l’époque, d’ailleurs, il y avait une grande différence entre les urbaines et les rurales et il y avait quelques moqueries. Nous n’étions pas du même côté, je fréquentais l’école laïque, mais j’allais au cathé et… Je n’étais pas délurée.
Comme je connais bien Nevers, je l’ai suivie dans les rues, au bord de la Loire.
« Mes trente glorieuses » offre des pages de l’histoire contemporaine à travers une famille française bien comme il faut. Une jolie madeleine pour moi, non plutôt, une tranche de pain beurrée avec une barre de chocolat Poulain.