Michaël Uras - Chercher Proust
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Chercher Proust
Michaël Uras
224 pages
Date de parution:
Avril 2014
ISBN: 9782253177593
4ème de couverture :
J’ai toujours eu un problème avec Proust. Dès le départ, j’ai su qu’il me ferait mal. Au-dessus de mon lit d’adolescent, à côté du poster de mon footballeur préféré, Marcel trônait, fier, sûr de lui, la tête inclinée sur ma droite, reposant contre sa main. Il me fixait. Quand je regardais trop mon idole sportive, j’avais l’impression que… Proust me rappelait à l’ordre : « Jacques Bartel, cessez de scruter cet idiot, je suis là, moi, seul être valable dans cette chambre. Vous n’êtes plus un enfant et bientôt, vous pourrez vous targuer d’avoir une aussi belle moustache que moi. » J’ai donc grandi sous le regard de mon maître
L’auteur :
Michael Uras est né en 1977. Son père a fui la Sardaigne et sa misère pour s'installer en France. Il est très influencé par ses origines méditerranéennes. Il a grandi en Saône et Loire avant de suivre ses parents en Franche-Comté. Il a débuté des études de Lettres modernes à Besançon, et les a terminées à la Sorbonne. Aujourd'hui, Michael est professeur de lettres modernes près de Montbéliard. Depuis toujours, il est passionné par la littérature et l'art en général. Chercher Proust est son premier roman.
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Prenez un petit garçon lambda, son idole peut être un sportif, un chanteur, bref rien que de normal. Entre gamins, ils peuvent se raconter les exploits de leurs idoles.
Maintenant, prenez un autre gamin. Appelons-le Jacques par exemple. Son idole s’appelle Marcel Proust ! Imaginez la tête des copains de classe lorsqu’il sort cette incongruité car, avouons-le, c’en est une pour les autres. Pensez à la réaction et la peur de sa « pôvre » mère découvrant que ledit Marcel Proust est homosexuel !!! D’aigüe, la proustomania de jacques va devenir chronique.
C’est la vie de Jacques Bartel (presque Barthès) que raconte Michaël Uras. Ce gamin est proustien depuis sont plus jeune âge. J’ai même l’impression que cela va plus loin ; sa vie colle à celle de Proust. Souffreteux, malingre, fragile comme lui ; une mère omniprésente et collante ; il n’aime pas jouer avec les enfants de son âge ; vieux avant l’âge ; A connu les amoures tarifées… Jacques a cherché Proust toute sa vie, mais il était en lui, il était Lui.
OK, Gravement malade, sa guérison a tenu au miracle d’un de SES livres, miracle qui se renouvelle à chaque fois, Saint Marcel (non pas Saint Marcelin) prenez-moi entre vos saintes mains.
Je n’en reviens pas, je n’imaginais pas Proust capable de faire autant d’effet à un adolescent « je jouis en fixant Marcel ». Une irrésistible envie de rire me prend à la gorge.
Devenu chercheur en proustologie, il cherche (normal pour un chercheur), lit d’autres articles dont « un article sur l’utilisation de la lettre « i » dans l’œuvre de Proust». Alors là, je ne peux m’en empêcher ; je rigole. Monsieur, qui lit aussi, se demande, vu le titre, ce qu’il peut y avoir de marrant à lire un bouquin traitant de Proust.
Mais, est-ce la vraie vie que « de se pencher sur les textes originaux d’un écrivain, on finit par apercevoir ses rognures d’ongles » ? Jacques ne vit qu’au contact de vieux proustiens, fait se sauver ses conquêtes avec sa vie médiocre. J’avais presque envie de lui crier : « Marcel sort de ce corps !! ». M’a-t-il entendu ? Toujours est-il qu’un bon autodafé vous purifie un homme.
Un bouquin (autofiction ?) fort bien écrit ou l’autodérision accompagne la drôlerie. On sent le respect de l’auteur pour Marcel Proust. Un bon premier roman où les personnages secondaires ne déméritent pas. Un livre qui se lit d’une traite avec beaucoup de plaisir.
Merci Ramette pour ce livre-voyageur.
J’ai toujours eu un problème avec Proust. Dès le départ, j’ai su qu’il me ferait mal.
Mes premières lectures de La Recherche étaient forcément imparfaites. Je ne comprenais pas tout, et souvent, la syntaxe de mon maître m’ensevelissait.
Combien ont tenté de répondre à cette terrible question : à quoi sert la littérature ? Pour bon nombre d’êtres humains, l littérature sert à combler le vide des étagères de bibliothèque.
Pour les lecteurs, les passionnés, Proust aide à vivre, c’est un plaisir. On le garde donc.
Pour les marchands, Proust est un produit que se vend assez bien. Ses livres sont toujours disponibles, on l’adapte partout dans le monde, pour reprendre un terme anglais, il est bankable. Pour les éditeurs, les maisons de production, Proust est rentable.
Proust apporte donc « quelque chose » à celui qui s’en sert (plaisir ou argent).
« Monsieur, s’il vous plait, je ne tiens pas une bibliothèque, grommela le libraire, achetez les livres ou alors reposez-les, si tous les gens suivaient votre exemple, je fermerais boutique. »