Sébastien Berlendis - Une dernière fois la nuit

Une dernière fois la nuit

Sébastien Berlendis

Editions Stock

Collection la Forêt

Février 2013

80 pages

ISBN : 9782234075351

 

4ème de couverture :

"Adolescent, j'attends les heures d'été. Que mon corps s'ouvre, se dilate, respire et se brûle".
C'est la dernière nuit d'un homme, arrivé d'Italie après un long chemin. Ses poumons suffoquent. Il se souvient.
De l'enfance et des premières crises d'asthme, du lac de Côme, de la mer de Trieste, du premier corps aimé...
L'écriture de Sébastien Berlendis, mélancolique, sensuelle et envoûtante, agit comme un rêve éveillé dont on ne voudrait plus sortir.

L’auteur :

Sébastien Berlendis vit à Lyon où il enseigne la philosophie. Son premier récit Une dernière fois la nuit a été publié en mars 2013 chez Stock dans La Forêt.

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La construction du livre, des paragraphes me font penser au livre de Pascal Quignard « La barque silencieuse », mais là s’achève la ressemblance puisque, pour le narrateur, ce sont des souvenirs qui ressurgissent, qu’il expectore comme les glaires qui encombrent ses poumons.

« Recroquevillé sous les draps de lit, à l’abri des brumes et du froid de juillet, ma mémoire s’effiloche. » Allongé dans une chambre au dix, chemin de la Résistance, l’homme se souvient. De retour d’Italie, il passe ses dernières nuits dans cette maison dévastée du plateau d’Assy. Cette adresse martelée, répétée comme si l’homme avait peur d’oublier ou avait besoin de concret à quoi se raccrocher.

Une lecture faite d’allers et retours dans ses souvenirs sans tenir compte d’une quelconque chronologie. Les premières crises d’asthme, son enfance de Bracca, ses parents, son premier amour…

Les souvenirs sont fragmentés, l’écriture, tendue, suit les difficultés de respiration du narrateur. Lire ce livre c’est s’essouffler, reprendre son souffle, manquer d’air, reprendre sa respiration. C’est passer de l’ombre au soleil, de la mélancolie au bonheur, même furtif. C’est suivre et subir la dévastation de l’homme et de la maison.

Il y a une sorte de contradiction. Il s’agit du premier livre de Sébastien Berlendis et il ne parle que de dernières fois, derniers souvenirs, dernier souffle. Ce livre parle du corps, des différents états de la toux. Cela pourrait être trivial, voire chiant, mais non, il s’en dégage une poésie, même, par certains souvenirs une certaine sensualité. Chaque chapitre est un instantané, une photographie un peu jaunie de son passe. Norma, Sébastien Berlendis est également photographe.

J’avais arrêté une première fois cette lecture car je n’étais pas prête à recevoir ce texte exigeant dans la déconstruction du temps. Je l’ai perdu, bien caché dans le vide-poche de ma voiture, pour mieux le retrouver et là, ce furent de belles retrouvailles. L’émotion peut vous prendre à la gorge (sans jeu de mots).

Merci Catherine de m’avoir permis de lire ce très bon livre et d’avoir patienté si longtemps.

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C’est une dernière fois l’été au dix, chemin de la Résistance sur le plateau d’Assy. L’ancien sanatorium de Martel de Janville est en voie de destruction. Une fois les décombres enfouis et le sol aplani, il sera remplacé par un hôtel de luxe.

Le dix, chemin de la Résistance rappelle la maison natale de Bracca, ce minuscule village lombard qui domine, à vingt-cinq kilomètres de Bergame, les thermes de San Pellegrino.

Les vapeurs des bains de San Pellegrino Terme. J’ai sept ans. Ce sont des heures lentes d’oubli et de rêveries. L’oubli sans blessure du visage de mon père dans les bois de Bracca.

Et ma respiration se bloque et mon corps disparaît et la me s’accumule au-dessus, cette mer familière qui immunise. J’apprends à régler mon souffle dans le sillage de mon oncle et la mer lave les fatigues de la nuit.

Cracher. Cracher la toux qui blesse le thorax et qui pétrifie l’élasticité des alvéoles, c’est le médecin qui parle.

Lorsque je rêve, je ne redoute pas les fièvres nocturnes et les crises qui me laissent au bord du lit.

Mon enfance repose là. Le corps de Simona est le corps de la première femme.

Est-ce que quelqu’un veillera sur moi, même mort, des journées entières, sans couvrir mon visage ?

Un matin de brumes et de juillet, mon corps au ralenti ne se lève plus. Il reste dans la nuit.

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B
Bonjour,<br /> je consulte très rarement les pages du web qui me sont consacrées, et je suis tombé sur vos mots un peu par hasard. Je veux vous dire combien ils me touchent. J'écris (entre autres) pour ce genre de miracle! Alors merci encore pour vos mots, pour votre soutien. Au plaisir d'échanger<br /> Sébastien berlendis
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Z
C'est moi qui vous dis merci. J'ai vraiment aimé la construction de votre livre et son contenu.<br /> &quot;L'autre pays&quot; a tout autant de charme avec moins de dramaturgie ; La mort n'est pas au bout du voyage
Y
Belle critique...
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Z
Merci
S
Je ne comprends pas les commentaires, il est sorti en octobre 2014 et il y en a déjà un autre derrière ?<br /> Sinon, je ne sais pas si je pourrais l'aimer, il me paraît très introspectif comme livre, et généralement, je n'accroche pas nécessairement à ce type de littérature, même si les extraits sont beaux, est-ce que je tiendrai sur la longueur?....
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Z
Merci, j'ai mélangé les deux livres !! correction faite. Celui-ci est sorti en 2013.<br /> C'est un petit livre, dense
N
J'avais beaucoup aimé ce texte ! Une très belle plume...!
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J
Je crois que tu t'es trompée de couverture ;)<br /> J'ai adoré ce texte. Il me reste à lire l'autre maintenant.
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Z
Merci Jérôme, j'ai réparé mon erreur
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