Laura Alcoba - Manèges

Manèges

Petite histoire argentine

Laura Alcoba

142 pages

ISBN : 9782070782031

 

4ème de couverture :

" Maintenant, nous allons vivre dans la clandestinité, voilà exactement ce que ma mère a dit.
Pour la trappe dans le plafond, je ne dirai rien, même si on venait à me faire très mal.
Je n'ai que sept ans mais j'ai compris à quel point il est important de se taire. "

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J’ai rencontré Laura Alcoba au Salon des Dames de Nevers en juin dernier. Je voulais acheter « Le bleu des abeilles » et je suis partie avec « Manèges » pour lire l’histoire dans le bon sens, même si les deux livres peuvent être lus indépendamment l’un de l’autre.

Le temps est venu de raconter, de faire l’effort de mémoire, de remonter le temps, de retourner vers les années 70, celles de l’enfance sous la dictature. La gente des colonels est au pouvoir.

Avec des parents résistants, la petite fille a appris et enregistré la clandestinité et tout ce qui va avec : le secret, se taire, regarder derrière soi sans en avoir l’air, être certaine de ne pas être suivie. Le père est emprisonné ; un nouveau déménagement avec un grand changement à la clé : elle est baptisée mais sans prêtres, comme les premiers chrétiens. Pour ne pas être repérées, elles vont de maison et maison. Personne ne pose de question ; côté rassurant de la chose pour l’enfant.

Elle ira de rencontre en rencontre, ira jusqu’à discuter d’Edgard Poe avec l’ingénieur qui construit une pièce secrète. Bien sûr, tout est enregistré, ne pas faire ceci, ne pas dire cela, mais, lorsque l’on a sept ans, même si on sait,  on ne comprend pas et des bourdes arrivent qui pourraient mettre en danger le groupe. Comment ne pas parler à cette jeune femme si gentille ? Il y a de bons côtés dans la clandestinité, comme les lapins, ou les paquets cadeaux qu’elle crée avec sa mère... pour cacher les journaux sortant de l’imprimerie clandestine.

Laura Alcoba raconte son enfance en Argentine d’une voix douce, avec beaucoup de tendresse. Petite histoire argentine en est le sous-titre, mais le son des souvenirs de Laura Alcoba n’est pas argentin. Les enfants comprennent beaucoup plus de choses que les adultes ne le pensent, même s’ils ne peuvent analyser les faits. Il y a, malheureusement, encore et toujours, de par le monde, des enfants qui doivent vivre cette même vie.

Merci pour votre gentille dédicace, votre charmant sourire et, surtout, pour vos explications lors du « café littéraire » où vous avez parlé de votre livre, « Le bleu des abeilles » que je vais m’empresser d’acheter et, surtout, lire. Oui, j’ai fait un beau voyage au pays de votre enfance. Votre écriture délicate est aussi douce que pudique, tout est dit sincèrement.

 

 

Laura Alcoba - Manèges

Si je fais aujourd’hui cet effort de mémoire pour parler de l’Argentine des Montoneros, de la dictature et de la terreur à hauteur d’enfant, ce n’est pas tant pour me souvenir que pour voir, après, si j’arrive à oublier un peu.

Si nous avons quitté notre appartement, c’est parce que maintenant les Montoneros doivent se cacher. C’est nécessaire parce qu’il y a des personnes qui sont devenues très dangereuses : ce sont les hommes des commandos de l’AAA, la Alianza Anticomunista Argentina, qui enlèvent les militants comme mes parents et les tuent ou les font disparaître.

Pour toi, ce sera comme avant. Il faudra juste que tu ne dises à personne où nous habitons, pas même à la famille.

Souvent, c’est moi qui regarde derrière nous. C’est plus naturel qu’une enfant s’arrête et se retourne ; chez un adulte ce pourrait être un comportement suspect, le signe d’une inquiétude qui risquerait d’attirer l’attention. Moi j’ai appris à glisser ces gestes de prudence dans un jeu.

J’ai bien compris l’idée de l’Ingénieur quand il m’a expliqué comment on pouvait cacher tout en ne cachant pas. Mais les lapins ? Pourquoi faudrait-il accueillir des centaines de lapins pour mieux nous protéger ?

Je comprends alors que si quelqu’un, à la prison, pose des questions, je ne pourrai pas retourner dans la maison aux lapins. Il semble que j’en ai peur. Enfin, c’est encore une de ces choses dont je ne suis pas tout à fait sûre.

Je fais quelques pas en direction de mon père, sans décoller les yeux du canon le plus proche, celui de l’homme qui est juste en face de moi. Je vois bien que ce trou noir arrive au niveau de ma tempe.

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A
Te voilà sous le charme de cette auteure.
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Z
Oui
A
Je note les deux titres, le thème m'intéresse.
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Z
Très intéressant et très bien écrit
S
Je n'ai pas encore lu cette auteur mais comme tout ce qui touche à la littérature argentine et à l'histoire de ce pays m'intéresse, il ne fait pas de doute que j'y viendrai.
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Z
MP
S
pourquoi pas ! Je note
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Z
Je ne peux que t'y encourager
J
Une enfance argentine, un court roman... tout pour me plaire !
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Z
et fort bien écrit
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