Théo Ananissoh - L'invitation

  • zazy

 

L’invitation

Théo Ananissoh

Editions Elyzad

Paru le 04/04/2013
146 pages
ISBN : 9789973580535

 

4ème de couverture :

En France, au nord de la Loire. Un écrivain togolais est accueilli en résidence d'écriture pour quatre mois à Moisant, village de mille habitants. On l'installe dans un ancien presbytère, on l'invite à déjeuner, on lui présente les uns et les autres. Des plaines dénudées, un unique café, une place du village à peine animée en cet automne ensoleillé, une église déserte. Ces endroits sans aspérités, ces gens plus ou moins retirés de la vie active, prennent peu à peu du relief. Les habitants se muent en personnages de roman. Car les meurtrissures ne sont pas rares, mine de rien ; la haine et la générosité non plus.

Théo Ananissoh nous convie à le suivre dans une observation fine des joies et des peines de "villageois" français. Venu d'ailleurs, il évite cependant tout exotisme. Par-delà, son regard attentionné et sensible fait de Moisant le tranquille théâtre d'un questionnement sur la condition humaine.

L’auteur :

Théo Ananissoh est né en 1962 en Centrafrique. À l'âge de 12 ans, fuyant Bokassa, il rejoint le Togo. En 1986, il se rend à Paris pour y suivre des études de lettres. Il obtient une Maîtrise de Lettres Modernes et un doctorat en Littérature Générale et Comparée à l'université Paris III - Sorbonne Nouvelle. Maintenant, il vit près de Düsseldorf. Il est l'auteur de trois romans : Ténèbres à midi ; Un reptile par habitant ; Lisahohé. À l'occasion d'une résidence d'écriture en Tunisie, il a aussi écrit un récit, publié dans un ouvrage collectif : Vingt ans pour plus tard,

 

=================

J’ai eu la chance de lire ce livre dans le cadre de l'opération organisée  par  et les éditions concernées, ici Elyzad  dont je ne dirai jamais assez de bien.

 

Quatre mois à Moisant, petit village tourangeau, invité par la Maison des écritures de Moisant où tout commence par un pique-nique ; voilà l’invitation et la base de départ de ce livre-récit de Théo Ananissoh.

Pendant ces quelques mois, il habitera un presbytère un peu décrépi et prendra ses repas à l’auberge du village, le Bon Accueil - lieu hautement recommandé pour découvrir les us et habitudes des autochtones de quelque village français que ce soit- ou sera reçu par des personnes que je qualifierai, sans ironie aucune, d’intellos. « Et oui ! Bien que vivant dans ces lieux, on n’est pas tous des ruraux, cher ami » répond Yvonne a une question précise de l’auteur.

Par petites touches, Théo Ananissoh dessine le portrait des invités du pique-nique. Comme un photographe, nous passons du plan général au gros plan et même à la macro.

Le style narratif, tel un recueil de souvenirs, m’a un peu gêné au début, puis la musique s’est installée et j’ai pu imaginer les panoramas que Théo Ananissoh nous décrivait.

Il y a un fantôme dans ce livre : Louis Ribassin « Celui qui a vécu en Afrique ? Yvonne agite ses cheveux gris. Oui. L’homme qui a si longtemps et si bien conseillé des tyrans africains. »

C’est un des fils conducteurs de ce livre et je ne vous dévoilerai pas la teneur de leur rencontre, à vous de la découvrir.

Théo Ananissoh parle du handicap, de la maladie, de la mort et de sa gêne devant tous ces chiens et chats vivant dans les maisons. Pour en venir à quelque chose de beaucoup plus joyeux et rabelaisien (cela va si bien à cette Touraine qui l’a vu naître) on voit son attrait pour la gent féminine et Gérard, un des invitants, l’a très bien compris « Un homme qui aime les seins sait apprécier également le vin »

Je suis en même temps témoin de la création de ce livre et lectrice du même livre terminé « je me récite des phrases que j'ai écrites dans la journée; je me suis mis à table et j'ai écrit fiévreusement pendant des heures » « j'ai trouvé un point de départ ». La fin est un joli pied-de-nez à Ribassin. « Tu écris quoi ? » « Disons que j’essaye de rendre mon séjour au jour le jour »

Ce livre est d’une écriture simple, comme un carnet de voyage ou de peintre. Le carnet de voyage est celui d’un africain sur un village français, alors que nous avons été habitués à l’inverse. Sa galerie de portraits est intimiste et très humaine. Un livre qui ne se dévoile pas de suite comme le rideau d’un théâtre que l’on ouvre doucement pour découvrir le décor et les comédiens.

Ce bouquin me fait penser à un film de Claude Sautet, tout en simplicité apparente, mais…

 

Quelques extraits :

Sur ces voies et chemins de campagne déserts, je me parle à haute voix, me récite des phrases que j’ai écrites dans la journée, discute avec moi-même de politique, de littérature, me donne des interviews imaginaires où, tout à tour interviewé et interviewé, j’interroge, conteste et réfute. Je donne libre cours à mon irritation et à mon mépris pour ceux-ci ou ceux-là. J’ai hérité de ma mère cette manie.

Comment dire ? Isabelle n’est pas d’emblée une femme belle. Mais elle est singulièrement attirante. Son visage est un peu charnu. Les cheveux chatains sont coupés presque court. A-t-elle étudié ce qu’elle porte ce dimanche ? Pour recouvrir ses rondeurs et ses courbes - les hanches pleines, la poitrine en saillie -, les vêtements sont juste suffisants si je puis dire.La regarder par derrière quand elle s’éloigne me fait un tel effet que j’arrête de manger pendant quelques instants.

Elle est petite, ronde et n’a aucun attrait particulier en dehors d’une belle et longue chevelure dont la blondeur résiste admirablement à l’âge. Ces cheveux rehaussent son visage, et atténuent la négligence de ses vêtements. C’est un atout qu’elle n’a sans doute jamais su mettre à profit.

Nous accueille à l’entrée de la clôture une femme d’une quarantaine d’années, de taille moyenne et vêtue près du corps. Le jean serre des fesses expressives et le haut noir épouse le galbe des seins.

Je suis reparti de Moisant avec un insigne cadeau : deux tomes du Tableau de la littérature française édité par Gallimard et préfacés par Jean Giono et l’autre par André Gide.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
A
Comment ça, tu termines ton billet sur un "mais" ?!
Répondre
Z
C'est pour mieux te faire envie
A
J'ai assisté à une rencontre intéressante et sympathique avec l'auteur en juin. Son roman m'attend dans ma PAL.
Répondre
Z
J'aurais aimé l'écouter
Personnaly © 2014 -  Hébergé par Overblog