Sofi Oksanen - Purge
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Purge
Sofi Oksanen
Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli
Editions Stock
400 pages
Août 2010
ISBN : 9782234062405
4ème de couverture :
En 1992, l'Union soviétique s'effondre et la population estonienne fête le départ des Russes. Mais la vieille Aliide, elle, redoute les pillages et vit terrée dans sa maison, au fin fond des campagnes.
Ainsi, quand elle trouve la jeune Zara dans son jardin, qui semble en grande détresse, elle hésite à lui ouvrir sa porte. Mais finalement ces deux femmes vont faire connaissance, et un lourd secret de famille se révélera, en lien avec le temps de l'occupation soviétique. Aliide a en effet aimé un homme, Hans, un résistant. Quarante ans plus tard, c'est au tour de Zara de venir chercher protection, et la vieille dame va décider de la lui accorder jusqu'au bout, quel qu'en soit le prix.
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J’ai commencé par lire « Les vaches de Staline » ; cette corrélation entre la boulimie et l’Estonie russifiée m’avait déjà impressionnée . Dans Purge, je retrouve les mêmes thèmes ; le passé qui contamine le présent, les secrets qui se dévoilent telles les matriochkas (ce qui est un comble pour un pays colonisé, russifié), la honte, les allers et retours entre le passé et le présent, l’Estonie sous le joug soviétique et l’Europe libre libérale.
Aliide est la petite sœur d’Ingel
Aliide fait toujours moins bien qu’Ingel
Aliide se sent rejetée face à la « supériorité » de sa sœur
Aliide aime d’un amour fou et unique Hans qui épousera… Ingel
Aliide est jalouse d’Ingel
Aliide et Ingel seront humiliées de la plus vile des façons….
Comme toujours, l’histoire se trame avec les fils de l’Histoire non pour former un tissu de soie, mais un cilice qui meurtrira les chairs plusieurs générations après.
Sofi Oksanen, à travers Aliide et Zara, raconte une nouvelle époque de l’histoire de l’Estonie. Un pays occupé par les allemands pendant la seconde guerre mondiale pour passer sous le joug de l’URSS.
Trois générations de femmes sacrifiées sur l’autel russe qu’il soit soviétique avec la purge ethnique ou postsoviétique. Victimes des pires sévices lorsque les russes les torturent pour qu’elles dénoncent les résistants estoniens, Aliide, Ingel et Linda, fille d’Ingel resteront toujours droites pour ne pas montrer que…. Et puis, il y a Zara, la 3ème génération, celle de la mafia russe. Elle fut envoyée se prostituer comme on envoie du bétail à l’abattoir.
Elles vont se rencontrer, mais est-ce du pur hasard ? s’apprivoiser, se confier. Leurs confessions croisées donnent une image dure et crue de l’occupant russe, des difficultés d’être une femme dans ce monde sous domination masculine. Petit à petit, les histoires s’ouvrent et l’on découvre l’horreur qui amène à un dénigrement de soi, le bâillonnement, le non-dit, les silences, la peur de l’autre ami ou ennemi. Elles vont essayer de laver leurs maux grâce à leurs paroles.
Livre brutal, dur, implacable, qui ne permet aucune respiration, aucune échappatoire. Les rapports en fin de livre font froids dans le dos. Tout comme dans « Les vaches de Staline», Sofi Oksanen explore l’histoire de l’Estonie, pays maternel, petit pays balte indépendant depuis 1991, gratte là où ça démange, là où les croûtes font mal.
C’est le 3ème ouvrage que je lis sur ce pays et je peux dire que ce furent 3 lectures qui ne se laissent pas oublier.
Il me faut rendre ce livre à la bibliothèque et, comme souvent, je n’en ai pas envie du tout. C’est un livre à avoir dans sa propre bibliothèque.