Thomas B. Reverdy - Les évaporés

  • zazy

Les évaporés

Thomas B. Reverdy

Editions Flammarion

303 pages

ISBN : 9782081307056

 

4ème de couverture :

Ici, lorsque quelqu’un disparaît, on dit simplement qu’il s’est évaporé, personne ne le recherche, ni la police parce qu’il n’y a pas de crime, ni la famille parce qu’elle est déshonorée. Partir sans donner d’explication, c’est précisément ce que Kaze a fait cette nuit-là. Comment peut-on s’évaporer si facilement ? Et pour quelles raisons ? C’est ce qu’aimerait comprendre Richard B. en accompagnant Yukiko au Japon pour retrouver son père, Kaze. Pour cette femme qu’il aime encore, il mènera l’enquête dans un Japon parallèle, celui du quartier des travailleurs pauvres de San’ya à Tokyo et des camps de réfugiés autour de Sendai. Mais, au fait : pourquoi rechercher celui qui a voulu disparaître ?

Les évaporés se lit à la fois comme un roman policier, une quête existentielle et un roman d’amour. D’une façon sensible et poétique, il nous parle du Japon contemporain, de Fukushima et des yakuzas, mais aussi du mystère que l’on est les uns pour les autres, du chagrin amoureux et de notre désir, parfois, de prendre la fuite

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Cet archétype du privé alcoolique, dépressif, englué dans un chagrin d’amour m’a un peu rafraîchi au début. Je lui donnais jusqu’à son arrivée au Japon avec Yukiko, son ex-belle pour. Bien m’en a pris, car Thomas B. Reverdy a sorti sa palette d’écrivains pour raconter le japon actuel englué dans les suites de la catastrophe nucléaire de Fukushima, de l’emprise des Yakusas, ce syndicat du crime qui dirige tout, de l’inertie, voire pire, des hommes politiques à tous les niveaux.

 

Les évaporés. Quel joli mot pour parler de ces personnes qui décident de disparaître pour une quelconque, surtout une très bonne, raison. Il serait malvenu et malséant d’alerter la police, les voisins, de lancer des recherches, la honte serait sur vous. C’est la raison de l’arrivée au Japon de Yukiko et Richard pour tenter de retrouver son père. Tous ces évaporés, ces johatsu, fournissent le gros des troupes chargées de déblayer les alentours de la centrale et toute cette région du nord dévastée par le tsunami.

 

Le comportement des japonais est une énigme pour moi. Votre patron peut vous inviter dans un grand bar avec des filles simplement pour vous annoncer votre licenciement !

Le quartier de San’ya est le quartier des évaporés, tout le monde le sait, mais chacun se tait et fait comme si…

Richard B. part à la recherche du père de Yukiko et, chemin faisant, rencontre le « monde flottant ». Pour moi, cela sent les bateaux, la vie sur l’eau… et bien non ! « C’est ainsi qu’on appelle la société des vagabonds, des brigands, des prostitués et des moines errants, des comédiennes comme moi »

Vous voulez un job d’étudiant au Japon ? Louez, gratuitement, le logement abandonné d’un johatsu afin que le propriétaire puisse le relouer ensuite. « Un johatsu dans une maison, c’est comme un suicide. Vous ne la relouez pas facilement. Ce n’est pas considéré comme une maison hantée, mais il y a un peu de ça : le malheur porte malheur.

Partir, fuir pour mieux revenir ou repartir ? Ce livre est également celui de la renaissance. Yukiko va renaître à son pays, Akainu, le gamin osera, avec l’aide et le soutien très ferme de Kaze, partir à la recherche de ses parents, Kaze, lui, se créé une toute nouvelle vie. Seul Richard B. repartira chez lui comme il est venu, en compagnie des textes de Richard Brautigan.

Avec beaucoup de délicatesse et de poésie, dans un Japon submergé par la catastrophe, Thomas B. Reverdy explore les âmes humaines et leurs désirs d’ailleurs, le désir de fuite et de tout recommencer, d’effacer l’ardoise pour certains.

Malgré un début hésitant, j’en fais un coup de cœur, c’est dire si cette lecture m’a séduite.

Livre reçu grâce à l'opération "Coup de cœur des lecteurs" en partenariat avec la librairie et les éditions Flammamrion. Merci pour ce beau moment de lecture.

 

 

Quelques extraits :

La misère est une énergie renouvelable

 

Il n’y a guère qu’à l’aube et au coucher du soleil que perce parfois une lumière électrique, jaune et crue rasante, qui n’éclaire par le monde mais en souligne les arêtes saillantes comme des lames.

 

Il y a tous les survivants, les riches et les pauvres, remis à égalité par le malheur : les maisons sont effondrées, le commerce ruiné, l’agriculture détruite, ceux qui survivent ont tout perdu. Ce sont des temps où chacun peut refaire sa vie, repartir de zéro. Les cartes du destin sont rebattues, ce sont des temps d’espoir, malgré tout. On les voyait ainsi, autrefois.

 

Les hommes ici se conduisent comme des cons, mais ce sont aussi des pauvres types qui travaillent comme des dingues pour ramener un argent dont ils ne profitent pas. De leur côté, les nanas sont des potiches bafoues, mais elles règnent sur la maison, elles se vengent à leur façons, c’est elles qui donnent à leurs maris, tous les matins, l’argent liquide dont ils ont besoin, y compris celui qu’il va dépenser, le soir, avec des filles. C’est la névrose à tous les étages.

 

On ne parle pas des johatsu. Ça porte malheur.

 

C’est vrai, il y a le syndicat. Mais chez nous, les yakuzas contribuent à rendre la société plus sûre.

Parfois, ce sont leurs propres parents qui les placent dans un gang. Tout le monde a besoin de suivre des règles malgré tout, le syndicat c’est comme une entreprise pour les gens qui ne peuvent pas devenir salaryman.

 

Jusqu’à l’âge de six ou huit ans, chez nous –ici-, l’enfant dort avec sa mère. Le couple n’existe plus. Les parents ne font plus l’amour. La relation avec la mè-re est fusionnelle, charnelle. Le père, il travaille et il ramène l’argent, c’est tout. C’est une sorte d’étranger à qui ont doit montrer toutes les marques de respect.

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S
Quand il est sorti, je l'ai noté et plusieurs fois...et puis ça s'est émoussé...tout risque de me plaire dans ce livre qui a eu beaucoup d'espoir pour finalement sortir bredouille des prix. Noté et intégré au non-challenge. (j'aime beaucoup comment tu places tes extraits...ça donne une belle visibilité au roman)
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Z
Merci de ce compliment. Les extraits sont souvent des phrases fortes pour moi.<br /> Je l'ai sur mes étagères....
J
Ton avis me rassure. Je viens de lire une autre chronique très négative et je commençais à me demander si je n'avais pas êté trop influencée par la tendresse du jeune garçon. Autant de lecteurs, autant d'impressions. Heureusement.
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Z
J'ai lu cette chronique négative, cela dépend juste de notre ressenti (pourtant je n'aime pas ce mot trop galvaudé)
C
Ce livre est sur ma P.A.L et je me languis de le lire :D
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Z
OH, combien de livres attendent que nous les sortions de nos piles !!!
S
Ce livre a l'air de cartonner en cette rentrée littéraire.
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Z
Normal pour un livre avec une couverture cartonnée !!!
A
Ce titre m'intrigue depuis sa sortie, ce que tu en dis me plaît beaucoup, je le note.
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Z
Tu peux
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