Pascal Mercier - Le silence de Perlmann

Le silence de Perlmann

Pascal Mercier

Traduit de l’allemand par Nicole Bary et Gaëlle Guicheney

Editeur  Buchet Chastel

5 septembre 2013

770 pages

ISBN : 9782355800269

 

 

4ème de couverture :

Philipp Perlmann, éminent linguiste allemand, réunit, à l’invitation d’un sponsor, quelques spécialistes internationaux des sciences du langage pour réfléchir aux articulations du récit et de la mémoire : La mémoire existe-t-elle indépendamment du récit que nous nous en faisons ? 

Cette réunion est, pour Perlmann, un calvaire. En pleine crise psychologique et existentielle après la mort accidentelle de sa femme, il doute de ses capacités intellectuelles, de ses compétences, de son aptitude à vivre. En un mot, il n’a rien à dire à ses collègues dont la seule présence l’angoisse. Son unique refuge est le silence.

Pour faire face à la situation, il ne reculera ni devant le plagiat ni devant le mensonge, envisagera même le meurtre ou – pourquoi pas – le suicide.

Entre thriller et monologue intérieur, Le Silence de Perlmann, paru en 1997 en Allemagne, est le premier roman de Pascal Mercier, l’auteur du célèbre Train de nuit pour Lisbonne.

 

 

Quelques mots sur Pascal Mercier :

De son vrai nom Peter Bieri, il est né à Berne (Suisse) le 23 juin 1944.  Il enseigna à Berkeley et Harvard. Titulaire de 1993 à 2007 de la chaire de philosophie des langues de l’Université libre de Berlin et publie plusieurs publications philosophiques. Ses romans publiés sous le pseudo de Pascal Mercier sont traduits en français : L'Accordeur de pianos, Train de nuit pour Lisbonne, Léa. Le silence de Perlmann (Perlmannns Schweigen) est sorti en version originale en 1995.

 

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J'ai eu le plaisir de lire ce livre en avant-première grâce à l'opération organisée par et la librairie Furet du Nord .Je les remercie pour ce moment de plaisir que je vous convie à partager. Si vous voulez nous rejoindre, cliquez sur les icônes.

 

A réception de ce livre, j’ai eu un léger recul à la vue de l’épaisseur du livre, 770 pages, mazette, j’espère que j’y arriverai et qu’il y aura de l’action ! La couverture, anodine, presque légère me fait penser à un polar.  Avec ce nom à résonnance très française, pourquoi une traduction ? Une petite visite sur le net me renseigna, lire la petite bio ci-dessus.

Là, j’ai eu carrément peur, un philosophe, vais-je y comprendre quelque chose ?

En épigraphe, cette phrase : « les autres sont vraiment autres. Autres ». A méditer, en cette période de bac philo

 

« Philipp Perlmann ne savait pas comment vivre le présent. Toutefois ce matin, c’était pire qu’à l’ordinaire. » Ainsi débute ce gros pavé.

Le « héros » de ce livre, Philipp Perlmann, linguiste de renommée mondiale est l’organisateur d’une rencontre entre confrères éminents dans un grand hôtel de la baie de Naples.  Veuf depuis peu ; Agnès, sa présence, son regard, ses piques lui manquent cruellement. Il ne se sent bien nulle part et, surtout, il est incapable de s’en ouvrir à quelqu’un, même à sa propre fille.

 

Bien que reconnu mondialement, Perlmann est un homme peu sûr de lui, toujours sur la défense, toujours cette impression de devoir se justifier, toujours à se comparer négativement aux autres « Voilà ce qu’au fond je n’avais jamais eu : la curiosité intellectuelle ».

Il doit présenter son travail, mais…. de travail il n’en a pas. Impossible d’écrire un seul mot : Il avait « le sentiment très précis qu’il n’avait rien à dire » Toute la première partie du livre, tourne autour de ces thèmes et nous suivons la lente, très lente descente en enfer de Perlmann. Son silence ne lui autorise même pas l’écoute de ses confrères, tant il est pris dans ce maelström malsain.  Tout son monde s’écroule lorsqu’il comprend qu’il a commis le délit de plagiat et qu’il ne peut plus revenir en arrière. Sa solitude, la spirale infernale vers le bas deviennent de plus en pus dures et lourdes à porter. C’est son chemin de croix. Quelles descriptions, quelles forces dans le détail. Oui, c’est long, oui, ce fut dur pour moi d’entrer dans la vie et le cerveau de Perlmannn. Une fois cela franchi, quel plaisir de lecture. Quelle écriture, à la fois simple et forte. Les relations entre tous ces universitaires, leurs jalousies, la paranoïa envahissante de Perlmann… Quelle force dans le dessin, dans la description au scalpel et tout ça avec une lenteur digne des pires tortures hitchcockiennes.

Dans la seconde partie, le rythme s’accélère, le cœur s’emballe. Perlmann envisage sérieusement de tuer, sous couvert d’un accident automobile, l’auteur de l’étude qu’il plagie !

Tout est minutieusement étudié, détaillé jusqu’au moindre détail dans sa tête. Une partie époustouflante dans le crescendo de sa paranoïa. Un rythme d’enfer, des trouvailles risibles, bref, du thriller psychologique.

 

Perlmannn ferait-il de la procrastination ? Non, je ne pense pas vraiment, c’est surtout quelqu’un qui est au bout du rouleau, qui tourne en rond dans son domaine, qui n’a plus d’essence plus envie de continuer et qui ne sait comme le dire, comment « l’avouer » aux autres.

 

Mais ce n’est pas que cela.  L’étude de Leskov (donc celle de Perlmannn) porte sur «  l’idée que l’on pouvait s’approprier son passé au moyen des souvenirs que l’on raconte. » ; Une théorie fort intéressante. En pleine lecture de ce bouquin j’ai écouté l’émission de François Busnel, sur France Inter, qui recevait Boris Cyrulnik. Celui-ci parlant de son livre raconta un souvenir qu’il avait en tête et qui s’est avéré erroné (la dame qui l’a sauvé était, pour lui, jolie et blonde. Or elle était jolie mais brune) modifié, pour lui, par les réclames américaines. Bien dans le ton.

 

La grande force de ce livre c’est que l’on ne peut le lâcher, même fermé, il vous hante, vous force à réfléchir. Pourtant nous connûmes un début de liaison chaotique tant je voulais le quitter, mais Perlmann, avec ses réflexions philosophiques m’y autorisât pas. La torture psychologique que s’inflige Perlmann l’amène, petit à petit, à se re-trouver.

 

Voilà, j’ai lâché le mot et vous vous dites, ce n’est pas pour moi. Non, il faut être patient et laisser Perlmann entrer en vous.

 

Pascal Mercier connait fort bien le milieu universitaire de haut rang et le décrit méthodiquement avec beaucoup d’ironie. Il demande à ses lecteurs un effort, mais le plaisir naît souvent de la difficulté et ce livre en vaut vraiment la peine. Chaque page, outre la lutte interne de Perlmannn, offre un raisonnement philosophique très facile à appréhender.

 

Un bon livre et j’ai déjà retenu à la bibliothèque d’autres titres de cet auteur.

 

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A
Malgré les 770 pages, je note.
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envoie-moi un MP
A
Oui, oui, je suis intéressée !
Z
Je le fais voyager, si cela t'intéresse
Y
oui, mais 770 pages !!!
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Z
OUI
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