Osca Zeta Acosta - Mémoires d'un bison

  • zazy

Mémoire d’un bison

Oscar Zeta Acosta

Traduction Romain Guillou

Editions Tusitala

310 pages

Mai 2013

ISBN : 97910922159004

 

4ème de couverture :

Rongé par les ulcères, abruti par dix ans de thérapie, incapable de trouver sa place dans un pays qui rejette ses enfants basanés, Oscar Acosta plante son boulot d’avocat à l’aide sociale le 1er juillet 1967. Il quitte San Francisco et file sur les routes de l’Ouest américain. C’est le récit, quasiment initiatique, de cette journée-clé et de l’errance qui s’ensuit, que retrace Acosta dans ce premier roman. Il évoque son enfance dans un bled de Californie, l’absence du père parti pour combattre les Japonais en 1941, la violence quotidienne que subissent les siens, rejetés par les Blancs comme par les « vrais » Mexicains immigrés. Mais aussi son obésité qui le répugne, la découverte du sexe, de l’alcool et des drogues… Toutes ces blessures et ces obsessions qui nourriront son œuvre, littéraire comme politique : la discrimination raciale et la recherche de l’identité, individuelle et collective.

Marqué par le gonzo journalisme de son ami Hunter S. Thompson et la contre-culture ambiante, Oscar Acosta signe un roman foisonnant, brut, traversé par un humour décapant. A travers son autoportrait tour à tour grotesque, lâche, agaçant, amusant ou attachant, le Bison californien esquisse un tableau plein d’ironie du pays qu’il aime et déteste à la fois.

Quelques mots sur l’auteur (site des éditions Tusitala):

Avocat, politicien, activiste au sein des mouvements pour les droits civiques, écrivain, Oscar Acosta reste l’une des figures légendaires de la culture mexicaine-américaine, minorité bafouée qui prit le nom de « Chicanos ». Né à El Paso, Texas, en 1935, il travaille d’abord auprès des plus pauvres pour l’aide sociale d’Oakland, dans la baie de San Francisco, avant de trouver sa voie en optant pour l’activisme politique.

Avocat attitré du mouvement chicano, il devient l’un des porte-parole de la mouvance que la police de Los Angeles considère à l’époque comme « plus dangereuse que les Black Panthers ». Dans le même temps, Acosta lie une amitié chaotique avec l’écrivain et journaliste Hunter S. Thompson : leur virée à Las Vegas passera à la postérité grâce au roman Las Vegas Parano, dans lequel Acosta est incarné par le personnage de Maître Gonzo. Il disparaît mystérieusement au Mexique en 1974.

Oscar Acosta est l’auteur de deux romans autobiographiques. La Révolte des cafards (1973), suite des Mémoires d’un Bison (1972), paraîtra aux éditions TUSITALA en 2014.

 

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Dans nos folles années de jeunesse où nous nous couchions tôt le matin après une nuit blanche, de temps à autre il y avait une sorte de bison blanc qui nous trottait dans la tête ; ça, ce n’était rien s’il n’y avait eu le troupeau de bisons bruns qui lui courait derrière et là, croyez-moi, bobo têtête !!! Comme quoi, le bison brun n’est jamais innocent, tout comme la gueule de bois,  mais nous étions petits joueurs !

Ce bison est d’un tout autre acabit !!! Avocat « de bas étage » à la grâce des cours du soir, il est le défenseur des déshérités et il prend tellement son boulot à cœur qu’il en nourrit un ulcère très vorace. « Malgré tout, comme à chaque nouvelle journée de travail, mon ventre continue de me faire mal et mes entrailles se consument tandis que je me gare derrière l’immeuble gris et terne qui abrite les nombreux bureaux du  Programme de Lutte contre la Pauvreté. » Il décidé, à la mort subite, pour lui, de sa secrétaire, de tout plaquer, de larguer les amarres et de tailler la route vers son enfance.

 

C’est vrai qu’il est mal à l’aise dans son costume étriqué d’avocat latinos, rejeté, d’un côté, par les mexicains dont il ne parle pas la langue et de l’autre côté par les Okies, dont il peut être l’avocat par les bons soins de l’assistance juridique, et les américains purs jus.

 

Les apartés avec son psychiatre juif, ce cher docteur Serbin » valent leur pesant de cacahuètes de beurre de cacahuètes (nous sommes aux States !!), même plus besoin d’aller le voir, Oscar fournit les questions et les réponses. Cette descente dans l’enfer des bars, entre alcool, mescaline, acide, amphétamine et que sais-je encore fut très rude, j’ai dû lâcher à plusieurs reprises pour reprendre une bouffée d’oxygène. Le moins que l’on puisse dire c’est que cet homme ne s’aime pas. Il répugne à regarder son corps d’obèse. « Je suis à poil devant mon miroir. Comme chaque matin, je regarde ce ventre brun sous toutes ses coutures. D’aussi loin que je m’en souvienne il a toujours été là : j’étais déjà obèse quand j’étais môme. » Sa petite bite, sa sexualité en berne, il nous raconte tout ça et quelque part, ça fait mal.

« J’ai baissé la tête vers ma bite toute flétrie.

-Je te jure devant Dieu que cette chose ne s’est pas dressée depuis six ans ».

 

A travers ces descentes d’alcool et autres substances non autorisées et inconnues de lui, il se cherche ou cherche à se détruire ? Peut-être est-ce synonyme chez Acosta. En tout cas, il nous promène dans les USA des seventies tout en nous racontant son enfance, sa jeunesse, ses amours ratées, toujours foireuses, son boulot, ses rencontres, sous les hospices sirupeux de Procol Harum….

 

Ce livre n’est pas « propre sur lui », mais si bien écrit et si fort que je n’ai pu faire autrement que de le terminer même si j’ai frôlé l’overdose. C’est qu’il a un cœur grand comme ça Acosta !

Le vocabulaire en est très imagé mais la grossièreté n’est pas gratuite.  

 

Acosta, d’une écriture sarcastique, nerveuse, nous parle de sa difficulté d’avoir « le cul entre deux chaises » dans ces années 60-70, trop basané, pas assez américain, trop ceci, pas assez cela : « Avec les Okies, on devait se foutre dessus juste parce qu’on était Mexicains. Ils s’en fichaient pas mal qu’on soit exclus de notre camp, mon frère et moi. Ils se seraient marrés si on leur avait dit  qu’on était aussi des immigrés de l’Est. Pour eux on était des sales Latinos, des bouffeurs de guacamole, des nègres. »

 

Hunter S. Thompson dit de lui, dans sa préface, « C’était un personnage, il était monstrueux. Et quand il débarquait chez nous, vous saviez ue la nuit allait être agité »e, que vous le vouliez ou non ».

« Mon pote, mon frère, mon complice le plus cher. Oscar Zeta Acosta. Faites place, car il nous a quittés, mais rien qu'à son souvenir, des vents terribles se lèvent et emportent tout sur leur passage. »

 

Il disparait mystérieusement au Mexique, en 1974.

Quel personnage, quel bouquin !!!! Si ce livre n’avait pas voyagé, à ma demande, vers ma table de chevet, grâce à , je n’aurais jamais, au grand jamais, lu ce récit. Oui, ce n’est pas ma tasse de thé, mais je ne regrette aucunement cette lecture.

Allez, osez, vous ne serez pas déçu par le personnage, même si je n’ai pas su bien en parler.

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D
hum, ça me tente beaucoup. Il me ferait un peu penser à Bukowski. Je vais voir si je le trouve à la bibliothèque.. bonne journée
Répondre
Z
Quelques uns le compare à lui, mais comme je ne le connais pas, je n'en sais pas plus. D'ailleurs ai-je envie de lire Bukowski ?
A
Pas tentée....
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Z
Drôle de lecture, mais très intéressante
P
J'aurai du le garder et ne pas le faire voyager :-D<br /> Du pur alambic seventies gonflé aux produits dopants de l'époque ! Une écriture singulière mais qui parfois prend aux tripes. Je pense que je me laisserai tenter par la suite...
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P
Je l'attends. ;D
Z
Je ne sais pas si j'aurai ce courage.<br /> Il faut qu'il continue son voyage, j'attends les demandes.<br /> Perso, j'aurais bien gardé &quot;un locataire&quot; que je te recommande
A
Je ne suis pas sûre qu'il soit pour moi, quelque soit l'intérêt du personnage.
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Z
Je te comprends, mais c'est un livre tellement fort
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