Jean-Louis Fournier - La servante du seigneur
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Jean-Louis Fournier
Editions Stock
150 pages
Août 2013
ISBN : 9782234075368
4ème de couverture :
« Ma fille était belle, ma fille était intelligente, ma fille était drôle. Mais elle a rencontré Monseigneur. Il a des bottines qui brillent et des oreilles pointues comme Belzébuth. Il lui a fait rencontrer Jésus. Depuis, ma fille n'est plus la même. Elle veut être sainte. Rose comme un bonbon, bleue comme le ciel. »
Quelques mots sur l’auteur :
Jean-Louis Fournier, né en 1938, est un écrivain, humoriste et réalisateur de télévision. Il est le créateur, entre autres, de La Noiraude et d'Antivol, l'oiseau qui avait le vertige. Par ailleurs, il fut le complice de Pierre Desproges en réalisant les épisodes de La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède. C'est également à lui que l'on doit l'intitulé de la dépêche AFP annonçant le décès de l'humoriste: "Pierre Desproges est mort d'un cancer. Etonnant non ?". Il adore Ionesco. Auteurs de plusieurs livres dont « Où on va papa ? » qui évoque sa relation avec ses deux fils handicapés
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Je remercie et la librairie
de m’avoir inclus dans leur panel de lecteurs VIP pour cette opération de la rentrée littéraire "Coup de cœur des lecteurs"
Je remercie Entrée et Livre et la librairie Decitre de m’avoir inclus dans leur panel de lecteurs VIP pour cette opération de la rentrée littéraire "Coup de cœur des lecteurs"
Jean-Louis Fournier a écrit un Hymne d’amour à sa fille Marie « entrée en religion ». Oui, mais quelle religion ? Mis à part Monseigneur qui a étendu son emprise sur elle, nul couvent ou ordre religieux ne se profilent. « Monseigneur ne me paraît pas très catholique. Je ne lui donnerais pas le bon Dieu sans confession. »
« Elle est dans les ordres ou elle est aux ordres ?».
Elle a fait vœu de pauvreté, mais demande, à son père, un 4x4 intérieur cuir et une pension…. « Elle voudrait être une sainte subventionnée ». « Heureusement qu’elle a fait vœu de pauvreté, sinon elle m’aurait demandé une Rolls-Royce ».
Jean-Louis Fournier écrit : « S’ils plaisantent, c’est peut-être pour être moins malheureux.
L’humour est un antalgique, on l’utilise quand on a mal ». C’est ce qu’il fait dans ce livre d’une fort bien belle façon, à la manière des désespérés, il invite même Desproges, son compagnon, à son secours.
Parodiant une des dernières paroles du Christ, il écrit « Fille, Pourquoi nous as-tu abandonnés ? »
Il lui pose et se pose beaucoup de questions, voudrait comprendre :
« Peut-être qu’à la différence des piles, les sentiments s’usent quand on ne s’en sert pas ».
« Pourquoi maintenant c’est si difficile ? »
« Pourquoi, maintenant que tu dis être heureuse, que tu déclares être sur terre pour le bien des autres, tu t’es durcie ? »
Pourquoi, depuis que tu es à Dieu, tu es odieuse ? »
Que peut-il espérer d’autre que le bonheur de Marie ; « L’important, c’est qu’elle soit heureuse. Est-ce qu’elle est heureuse ? »
Au fil des années, il ne partage plus grand-chose avec sa fille et c’est terrible pour lui « Je ne l’ai pas invitée au Théâtre du Rond-Point pour voir mon dernier cheveu noir. Je n’ai pas eu envie qu’elle vienne. » Quelle phrase terrible et horrible
Petit livre qui se lit très vite, mais poignant et qui ne se laisse pas oublier. Le sectarisme enferme et coupe de tout. « Sectaire, ça commence comme sécateur, ça coupe. Ça coupe des parents, ça coupe des amis, ça coupe du monde professionnel, ça coupe du monde tout court. ».
Et puis, il y a l’attente, cette attente de la voir quitter son gourou, revenir à son travail de graphiste qu’elle aimait tant. Jean-Claude Fournier avec l’humour acide du désespéré, souffre. Sa détresse affleure à chaque phrase, mais il ose quémander avec cette supplique : « Reviens, avant que je m'en aille. »
J’ai lu de lui Poète et paysan où il y avait déjà cet humour noir et acide. D’autres sont dans l’attente. Jean-Louis Fournier est une belle personne, normal puisqu’il a travaillé avec Desproges en réalisant « La minute nécessaire de Monsieur Cyclopède » !
N’hésitez pas, lisez-le, c’est un petit bijou acide.
Quelques extraits :
« Elle vit en monophonie, j’aimerais tellement qu’elle redécouvre la stéréophonie, la polyphonie… »
« Tu étais notre lumière, après tellement de ténèbres.
Maintenant, elle vit avec un allumeur de réverbères. Elle est dans l’ombre des certitudes du Moyen Âge. Il est illuminé, mais il n’éclaire pas.
Elle croit y voir plus clair.
Ses parents sont restés dans le noir. »
« La conversion, c’est un brutal éblouissement. Après un éblouissement, on ne voit plus clair, on est aveuglé, on se retrouve dans le noir, comme les lièvres éblouis par les phares d’une automobile. »