Joy Sorman - Comme une bête

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Comme une bête

Joy Sorman

Editions Gallimard

 

4ème de couverture :

«Pim passe sa main partout où il peut, identifie à haute voix le jarret, la côte première et le filet mignon - les mots la font rire et puis moins quand il passe à la tranche grasse et au cuisseau. Le corps de l'apprenti ankylosé par des jours de découpe, de désossage et de nettoyage se détend enfin, s'assouplit, ses mains se décrispent, la chair est mobile, la peau se griffe, le sang détale dans les veines, il pose ses doigts sur les tempes de la fille, ça pulse.»
Comme une bête est l'histoire d'un jeune homme qui aime les vaches au point de devenir boucher.

Joy Sorman est née en 1973. Elle a reçu le prix de Flore pour son premier livre Boys, boys, boys (Éditions Gallimard, 2005). Elle est également l'auteur de Du bruit, Gros œuvre et Paris Gare du Nord parus aux Éditions Gallimard.

 

Votre enfant n’est pas doué à l’école, le collège l’ennuie profondément….. Le lycée professionnel, l’apprentissage sont là, non pas comme roue de secours, mais comme découverte vers une voie royale, peut-être faite de passion !!!

Et oui, Pim est un de ceux-là. Pim s’est tenu tranquille jusqu’à la fin de la troisième, élève médiocre mais poli, discret et sans histoires. A la fin du deuxième trimestre la conseillère d’orientation lui remet une plaquette sur l’apprentissage –Pim tu sais c’est pas une voie de garage, c’est la garantie d’avoir un bon métier-, mais Pim n’a pas d’états d’âme et la plaquette promet une formation en alternance, un CAP en deux ans après la troisième, plus de 4000 postes à pourvoir chaque année dans toutes les boucheries de France, un salaire d’apprenti qui varie entre 25 et 78 % du smic et un secteur qui ne connait pas la crise. »

De plus Pim est un manuel, c’est-à-dire qu’il est doté de longues mains pâles –de pianiste, pas de boucher, lui dit souvent son père-, aux doigts effilés, osseux et agiles. »… »Il ne le sait pas encore mais ces mains lui assureront un avenir radieux »

 

Voici notre Pim qui entre dans le métier de boucher comme on entre en religion, et les nouveaux convertis sont les plus assidus et les plus fervents, c’est bien connu. Pim aime la viande et Joy Sorman nous promène avec un luxe de détail sur le chemin de la viande de la ferme aux boucheries en passant par les abattoirs.

 

Pour assurer dans ce métier de boucher, Pim assure….. comme une bête ! « Pim se rêve chevalier viandard »

 

Il aime son métier, mais il aime également les bêtes au point de vouloir faire partie du troupeau. Il entrera dans la chaîne non pour y découvrir une malfaçon, mais pour refaire le parcours, reprendre le chemin aux côtés des animaux, emprunter les mêmes couloirs, les suivre à la trace….

Joy Sorman est fort bien documentée sur la technique de la boucherie, que ce soit en amont ou en aval (mais pas en avalant). Les points techniques sont précis. Patrice David qu’elle remercie, à juste titre, a été un très bon mentor en ce domaine. Le vocabulaire technique n’est pas froid, grâce à une écriture vivante, voire vibrante. J’y ai senti les odeurs, vu les gestes précis, entendu les bruits divers, le rouge est omniprésent tout comme le vert des prairies …. Et oui, ce livre grouille de tout ça et c’est vivant bien que ces animaux aillent à l’abattoir. « Comme une bête » est à faire lire dans les lycées professionnels, aux apprentis car c’est un hommage aux artisans, aux métiers manuels, à ces personnes qui comme Pim « n’a peur de rien, ni de la fatigue ni du froid ni du travail… »

Comme me l’a gentiment écrit Joyce Sorman dans sa dédicace (j’ai pu la rencontrer lors du Salon des Dames à Nevers : « un roman d’amour vache, une plongée au cœur de la chair, de l’autre côté des bêtes ».

Un livre que j’ai aimé lire sur le grill, à peine sorti du four du sac. Une lecture mitonnée aux petits oignons crus et que je vous recommande.

Les avis de Mimi -    Jostein - Par contre, dans mon souvenir Le parfum de Patrick Süskind est beaucoup plus violent et nauséeux. 

 

Joy Sorman - Comme une bête
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Z
Un thème assez étonnant mais pourquoi pas?
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Z
C'est jubilatoire à certains moments
R
D'abord peu attirée par le sujet, je me suis laissée emporter par ce livre, plus documentaire que roman, grâce au style de l'auteur qui sait mettre en valeur un métier que l'on connaît mal et nous fait nous interroger sur toutes les filières animales souvent condamnables. Une grande richesse et précision dans le vocabulaire, un récit vivant!
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Z
D'accord avec toi, mais l'écriture est bien celle d'un très bon roman fort bien documenté et non d'un documentaire. Il y a de la vie, du nerf dans ce livre
A
Une lecture que je n'ai pas aimé. Pas fait mon billet, encore....
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Z
Comme quoi !
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