Le complot - Laurent Joffrin
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Le grand complot
Laurent Joffrin
Editions Robert Laffont
303 pages
Parution : 17 Janvier 2013
Isbn : 9782221130704
4ème de couverture :
Les nouvelles aventures de Donatien Lachance, détective de Napoléon.
Dans la France de 1804, la politique est-elle autre chose que le règne de la violence et du cynisme ? Malgré son trouble passé de révolutionnaire sous la Terreur, Donatien Lachance voudrait le croire. Mais, lors d'une fête à La Malmaison, sa vie prend un nouveau tournant et il se trouve plongé dans les secrets sanglants du régime consulaire. Bonaparte confie à celui qu'il considère comme son meilleur policier la mission de déjouer un complot chouan mené contre lui par Cadoudal. Le même soir, il rencontre Aurore de Condé qui autrefois a aimé le duc d'Enghien. Elle le séduit sans délai.
Donatien remonte la filière des royalistes financés par l'Angleterre. Il tombe amoureux d'Aurore, mais celle-ci se révèle sa meilleure ennemie : elle est liée à Cadoudal et participe à son projet d'enlèvement du premier consul. Le chef chouan est pris après une filature complexe.
Accusé de faire partie du complot – et bien qu'il soit innocent –, le duc d'Enghien est arrêté et exécuté pour des raisons politiques sur ordre de Bonaparte. Aurore prend la fuite.
Donatien est couvert d'éloges mais il lui semble avoir tout perdu : sa maîtresse, sa femme, le goût de son métier et l'estime de soi. Heureusement pour lui, Fouché veille.
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Il s’appelle Donatien Lachance, avec un tel nom, on peut espérer qu’il en ait…. De la chance. Oui, je sais, c’est facile, mais bon je ne pouvais passer à côté.
Ce Beau gosse à la belle tournure se voit confier par Bonaparte, pas encore empereur la lourde tache de déjouer un complot qui se tramerait contre lui par Cadoudal revenu d’Angleterre. Donatien se souviendrait de cet instant unique, quand le chevalier perdit son armure, quand le maître des batailles sembla soudain un gibier qu’on force dans son terrier. Bonaparte était l’homme de l’audace, le prince du danger, le général du risque. Aujourd’hui il avait peur : la menace était donc mortelle
Donatien se donne à corps perdu dans l’enquête, jusque dans le lit de la belle Aurore de Condé ! Cette jeune femme ne fut pas du même côté de la barricade pendant la Révolution. Petite fille du prince de Condé, elle suivit sa famille en Angleterre. Pendant ce temps Donatien fouraillait du côté des ci-devant et finit par se rallier à Bonaparte Ceci n’empêchant pas cela, l’enquête continue avec tous les moyens modernes de cette époque. Donatien remonte la filière. Les informations qu’elles soient données par les indicateurs (ils sont nombreux) ou soutirées par la torture ou par la peur, permettent d’avancer doucement jusqu’à Cadoudal. Cette enquête est émaillée de chausse-trappes, de rebondissements, de sous-terrains…. une histoire digne d’un bon feuilleton du 19ème siècle. La fin du récit, très inattendue nous rappelle que Laurent Joffrin est un brillant journaliste politique, doublé d’un bon historien. Tous les faits sont réels, Cadoudal, Pichegru, le général Moreau ont réellement existé et ont bien fomenté un complot visant à capturer ou tuer le Bonaparte et porter Louis XVIII sur le trône. La conspiration est déjouée par la police de Fouché dont fait partie notre cher Donatien (mais là, c’est de la fiction). Bonaparte ne s’y couvre pas de gloire, le commissaire sera un peu roulé dans la farine, l’Intérêt prime (tiens cela me rappelle quelque chose).
Ainsi Georges, Pichegru, Enghien, jusqu’à Bonaparte en passant par Donatien lui-même, avaient été des marionnettes dont les ficelles étaient tirées par un seul homme. Fouché l’observait avec un œil curieux. Il semblait suivre sur son visage le cheminement de son esprit.
C’est la seconde fois que Lachance apparaît sous la plume de Laurent Joffrin et gageons que nous le retrouverons. Mais ce sera la dernière fois qu’il servira le premier consul Bonaparte, car celui-ci va être sacré Empereur.
L’écriture de Laurent Joffrin est alerte, gaie. On sent qu’il aime cette période, qu’il s’est fait plaisir en écrivant ce roman historico-policier et je n’ai pas boudé le mien en le lisant. J’ai retrouvé quelques concordances avec nos actuels « monarques » qui m’ont soit amusée, soit agacée.L'histoire en se divertissant.
Taillerand, dit Bonaparte – il écorchait toujours le nom de son ministre- vous êtes le seul évêque qui soit marié à une jolie femme ! : Bonaparte écorchant le nom de son ministre, ça me rappelle les joutes orales avec Marchais qui écorchait toujours le nom de Mitterrand !!
Le tiers a gagné parce qu’il avait un monde à conquérir. Vous aviez seulement un monde à défendre. Vous étiez fatigués, nous étions faméliques. L’aristocratie monopolisait les places, alors que les talents naissaient en dehors d’elle. Nous disions souvent que la liberté nous guidait. C’était surtout l’ambition et la colère de voir que le pouvoir nous était fermé.
Tel était l’imbroglio infernal de la guerre civile, qui brouille toutes les pistes, qui mêle toutes les intrigues, toutes les carrières, tous les destins, qui mélange les combattants, amis et ennemis, bourreaux et condamnés, assassins et victimes. Une nouvelle fois, le sort de Bonaparte, celui du gouvernement et celui de la nation dépendaient de ce duel de l’ombre, entre un policier raisonneur et un combattant retors, dans lequel le chouan le plus dangereux de France avait pris un dramatique avantage.
En politique, une mort qui doit donner du repos n’est plus un crime.
Pour être aimé, un gouvernement doit être craint.
Pour sauver la Révolution, il faut la changer en monarchie
-C’est un reniement !
-Non, c’est une précaution. L’empereur Napoléon nous préservera du roi Louis XVIII. La République a besoin d’un tuteur. Bonaparte sera celui-là.
Bonaparte fit encore mine de balancer. Sa fibre républicaine, disait-il, répugnait à cette transformation dramatique. Puis il finit par répondre que devant l’insistance des républicains, faisant violence à son goût pour un pouvoir modeste et sans apparat, il acceptait finalement l’élévation qu’on exigeait de lui.
Ainsi vingt jours plus tard, le 28 floréal, le Sénat en grand appareil, présidé par Cambacérès, adopta par acclamation le sénatus-consulte préparé par Lacepède. Ainsi Napoléon Bonaparte, nobliau corse impécunieux, mal noté dans son école militaire, officier d’aventure dans les armées de Robespierre, jeté dans la misère parla réaction de Thermidor, jeune ambitieux aux joues maigres et au teint bilieux qui battait le pavé dix ans plus tôt, vivant sous les toits, mangeant à peine à sa faim et devant emprunter à ses amis pour payer le blanchissement de son linge dont l’usure exigeait un permanent raccommodage, devenait-il empereur des Français.
J’ai lu cet excellent livre lu dans le cadre sur le forum
que je remercie ainsi que la librairie
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