Jean-Michel Guenassia - La vie rêvée d'Ernesto G.
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La vie rêvée d’Ernesto G.
Jean-Michel Guenassia
Editions Albin Michel
536 pages
Août 2012
ISBN : 9782226242952
4ème de couverture :
De 1910 à 2010 et de Prague à Alger en passant par Paris. La traversée du siècle de Joseph Kaplan, médecin juif pragois. De la Bohème et ses guinguettes où l'on croisait des filles qui dansaient
divinement le tango en fumant des Bastos, à l'exil dans le djebel, de la peste d'Alger aux désillusions du communisme, voici la vie d'un héros malgré lui, pris dans les tourmentes de l'Histoire.
Une vie d'amours et de grandes amitiés, une vie d'espoirs et de rencontres, jusqu'à celle, un jour de 1966, d'un certain Ernesto G. guerrier magnifique et terrassé, échoué au fin fond de la
campagne tchèque après sa déroute africaine.
On retrouve ici toute la puissance romanesque de Jean-Michel Guenassia qui, après Le Club des incorrigibles optimistes, nous entraine dans la délicate nostalgie des hommes ballottés par
l'Histoire, les hommes qui tombent et qui font de cette chute même et de leur désenchantement une œuvre d'art.
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« Chez les Kaplan de Prague, on était médecin de père en fils depuis une dizaine de générations. Le grand-père de Joseph, le professeur Gustav Kaplan, avait tracé un arbre généalogique qui remontait au début du XVIIe siècle avant de laisser son nom dans l'histoire comme découvreur de la maladie de Kaplan, affection dermatologique qui défigurait une des nièces de François-Joseph. »
Sur un fond de tangos chantés par Carlos Gardel, Jean-Michel Guenassia nous promène à travers le 20ème siècle en suivant les pérégrinations et la vie de Joseph Kaplan, fils d’Edouard étudiant en médecine à Prague. Tout en poursuivant de brillantes études, il fait état de ses attentes socialistes. Il va même jusqu’à envisager de se battre au côté des républicains espagnols, mais ne concrétisera jamais... il écume les bals où il est considéré, à juste titre, comme un très bon danseur qui collectionne les conquêtes féminines.
Les blessures de la première guerre ne sont pas encore refermées que la seconde s’annonce. Edouard convainc son fils de continuer ses études à Paris.
Son diplôme en poche, il part en Algérie pendant la seconde guerre mondiale où le supérieur de Joseph l’enverra au fin fond du bled pour le soustraire aux autorités car il est juif. Totalement changé par cet isolement forcé et l’armistice à peine signée, il décide de retourner vivre à Prague où les « libérateurs russes » sont traités en héros. Joseph qui croyait au communisme pour aider son peuple, deviendra député. député dépité, il ne renouvellera pas son mandat et retournera à la médecine qu’il aime tant. Devenu directeur d’un sanatorium, On lui impose un malade. « Ce fut à la fin d’une journée brumeuse et au froid mordant que l’homme arriva. Le malade reposait à l’arrière d’une ambulance militaire précédée d’une somptueuse Zil 111 noire qui brillait comme un miroir » Un personnage important puisqu’il a dû faire évacuer tout le sanatorium alors en construction et retarder l’arrivée des patients. Ramon Benitez Fernandez arrivent entre la vie et la mort. Mais qui est cet homme très important qui nécessite des rapport très détaillés et quotidiens que Joseph doit sauver ?
A partir de faits réels, l’hospitalisation de Ramon, alias Ernesto G., autrement dit Che Guevara, Jean-Michel Guenassia imagine une romance amoureuse entre cet homme si important et la fille de Joseph. Une histoire d’amour impossible entre ces deux personnages qui lui permet de donner une dimension humaine à cette icône révolutionnaire.
L’air de rien, il nous pose une question : Pourquoi les grandes utopies se heurtent-elles toujours au Pouvoir, pourquoi cela ne marche jamais lorsqu’un, ou plusieurs hommes, veulent changer le monde ?
Jean-Michel Guenassa nous fait traverser le 20ème siècle riche en tragédies humaines. Je ne saurais dire pourquoi, j’ai un sentiment mitigé sur ce livre agréable et qui se lit facilement. Est-ce la trop longue période courue, est-ce le caractère de Joseph et le désenchantement qui lui colle à la peau, seulement enjolivé par les chansons de Gardel ? Je ne sais pas, j’ai l’impression que tout glisse sur lui, sans l’atteindre réellement. J’ai lu sans pouvoir m’accrocher à Joseph.