Collectif : Vingt ans pour plus tard
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Vingt ans pour plus tard
Ouvrage collectif
Théo Ananissoh, Hélène Gaudy, Frank Secka, Claude Rizzo, Azza Filali
EDITIONS ELYZAD
388 pages
ISBN9789973580160
4ème de couverture :
Cinq écrivains réunis autour d'un mot : Adolescence. Cinq nouvelles inédites, autant de regards posés sur la Tunisie d'aujourd'hui, en contrastes et
résonances.
Virginité, sexualité, port du voile, religion, perspectives d'immigration... Wael, Sarra et les autres nous révèlent leur mal-être, leurs secrets, leurs rêves, dans
une société prise entre Orient et Occident.
De l'enquête au conte, un voyage en mots et en images pour nous livrer les facettes les plus intimes d'une génération en mutation.
Biographie des auteurs
Théo Ananissoh : originaire du Togo, il a enseigné le français et la littérature africaine francophone en France puis en Allemagne où il vit. Premier roman paru chez Gallimard intitulé Lisahohé en 2005. Le deuxième : Un reptile par habitant est sorti en 2007 chez le même éditeur.
Hélène Gaudy : travaille à Paris dans l’édition. Son premier roman, Vues sur la mer (Les Impressions nouvelles) a été retenu dans la deuxième sélection du prix Médicis 2006. Elle écrit également pour la jeunesse, collabore à des ouvrages collectifs et participe à la revue littéraire Inculte.
Frank Secka : Romans, contes et albums pour la jeunesse, photographie, graphisme, films d’animation… Le verrou, roman jeunesse en partenariat avec le collectif « Ni putes ni soumises », Le garçon modèle (éditions du Rouergue). Il vit à Paris.
Claude Rizzo : originaire de Tunisie, il habite Nice depuis de nombreuses années. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels Le Maltais de Bab el-Khadra (éditions Michel Lafon), Prix Maghreb/Méditerranée, Grand prix du Sénat.
Azza Filali : elle est gastro-entérologue et vit à Tunis. Auteure de romans, nouvelles, essais, elle est considérée comme l’une des plumes importantes de Tunisie.
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Ces écrivains d’origines diverses reçus en résidence d’écriture en 2007 par l’Institut Français de Coopération en Tunisie radiographient la jeunesse tunisienne de
2007 et nous offrent des nouvelles très différentes dans leurs écritures et dans l’intérêt que j’y ai trouvé.
Ils auront 20 ans… plus tard. Pour l’instant, ce sont des adolescents avec des problèmes d’adolescent tunisiens quelques peu différents des nôtres : la virginité des filles, une sexualité dont on ne parle pas. Arrive de plus en plus souvent la question du voile et de la montée en force de la religion dans un pays laïque. Le respect dû aux parents et les poids des traditions, les entravent dans le choix de leurs études et de leur vie future. Théo Ananissoh nous les raconte
La nouvelle d’Hélène Gaudy m’a mise mal à l’aise. J’avais l’impression que ces jeunes filles formaient un cercle de plus en plus étroit autour Zeïneb pour l’étouffer et la faire entrer dans le rang, car une des leurs a disparu et c’était devenue son amie. Heureusement, les courses à pied de Zeïneb et Nour sont une bouffée d’oxygène et une libération, même temporaire.
Claude Rizzo nous parle de Yassine, fils de bonne famille, oisif qui, comme un passage initiatique, va retrouver les valeurs de la famille et trouvera sa voie pendant un job d’été dans un hôtel à touristes à Djerba. Le monde des vacanciers et des serveurs y est très bien dépeint, ainsi que l’envers du décor qui n’est pas doux pour les travailleurs saisonniers.
Quant au conte d’Azza Filali : « vie de miettes », il m’a enchantée, ravie. Il y a du Kirikou dans cette enfant espiègle intelligente, vive, rebelle beaucoup plus mure que sa mère qui ne regarde que les feuilletons débiles à la télévision…. Son amitié avec « Monsieur Miettes » un vagabond poète va lui ouvrir la voie à la liberté. Beaucoup de poésie dans ce conte, beaucoup d’espoir pour une vie plus libre avec des livres. Car pour Azza Filali, la liberté vient du livre : « le livre inutile »
C’est un véritable plaidoyer pour une culture sans frontière et un très beau conte sur la liberté.
« - A la maison, il y a mes livres de classe, le code de la route et trois livres de cuisine de ma mère.
- Ceux-là ne sont pas des livres, juste des ustensiles, dit l’homme. Les vrais livres ne servent à rien, sauf à voir les choses comme elles devraient être.
- Parce que selon toi, elles devraient être comment les choses ?
La petite fille plissait les yeux mi-intéressée mi-méfiante.
- A l’envers, exactement à l’envers de ce qu’elles sont, répondit l’homme. »
« Au fait, j’aimerais voir tes livres, comme je n’ai jamais rencontré de livres inutiles….
L’homme balaya l’air de sa main comme pour chasser un malentendu.
De l’extérieur, ils ne paient pas de mine. Rien ne les distingue des autres ; leur inutilité est intérieure »
Nous découvrons que les adolescents, de quel pays qu’ils soient, connaissent tous cette période de mal-être, aggravée en Tunisie par le fait que les études n’ouvrent, le plus souvent, sur aucune perspective de travail.
En regard des évènements du « printemps tunisien », les adolescents réagiraient-ils de la même façon s’ils étaient interrogés maintenant ?
Un livre intéressant, mais inégal dans l’intérêt que j’y ai trouvé.
Je remercie beaucoup les Editions et
pour ce partenariat. J’apprécie toujours
autant la beauté et la qualité des ouvrages des Editions Elysad, le papier, la qualité d'impression... chapeau !