Andrée Wilhelmy - Peau-de-sang

Peau-de-sang

Andrée Wilhelmy

Editions Le Tripode

240 pages

ISBN /9782370554239

août 2024

4ème de couverture :

Isolée dans le froid et la solitude des forêts, la ville de Kangoq est figée dans le temps. Ici, on vit de peu, du labeur des ouvrières dans les filatures et des hommes dans les champs. Mais une femme différente donne un secret équilibre à ce monde. Dans sa boutique, selon les heures, elle déplume de grandes oies des neiges, initie discrètement de jeunes filles aux élans de leur corps, ou accueille les hommes qui cherchent, dans sa chair, un impossible repos.

Peau-de-Sang est le cinquième roman d’Audrée Wilhelmy, et celui de la maturité. Portrait d’une femme extraordinaire à la fois mère, sorcière et prostituée, ce roman est habité d’une force rare, incantatoire, à la croisée de la liberté de Goliarda Sapienza et de la poésie de Bérengère Cournut.

L'illustration de couverture a été réalisée par Marina Ho.

L’autrice (site de la maison d’édition) :

Écrivaine et artiste, Audrée Wilhelmy vit au Québec. Elle a fait depuis quelques années le choix de vivre en retrait des villes, dans une ancienne maison au milieu des bois de la région de Lanaudière. Elle est notamment l’autrice des romans Les Sangs, Le Corps des bêtes et Blanc Résine, publiés en France aux éditions Grasset. Peau-de-sang est son premier roman publié au Tripode.

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Audrée Wilhelmy narre la vie d’un village québécois. Les habitants vivent en autarcie, en vase clos. Pourtant, la vie grouille.

Je suis entrée dans ce livre et n’ai pu m’en échapper jusqu’au mot fin et, même maintenant, ce livre résonne encore en moi.

« Peau-de-sang » puisqu’il s’agit d’elle est une femme et pas n’importe laquelle ! Son rôle est important au village, bien que l’on ne parle jamais d’elle à voix haute. Non, ce n’est pas une sorcière, cette femme, c’est la vie même. Elle est plumeuse d’oie. Oui, mais qu’est-ce que cela a de choquant ? De plus, elle apprend aux jeunes filles à coudre et faire leur trousseau, la dentelle, en cela, il n’y a toujours rien de répréhensible… Oui, mais voilà, elle apprend à ces mêmes jeunes filles la liberté, la sensualité et reçoit des hommes seuls qui cherchent l’abandon dans son lit.

Je me suis laissée embarquer dans cette histoire tout en bistre sauf la chaleur du magasin de la plumeuse d’oie. La buée générée par la chaleur du poêle et l’eau chaude.

Peau-de-sang est la gardienne des traditions transmises par Yaga. C’est une femme libre, sensuelle, forte, nécessaire mais hautement décriée. Elle apprend aux jeunes filles, le besoin de liberté, d’assouvir les besoins de leur corps, de ne pas subir. Aux hommes, elle les aide à s’accepter. Nous sommes au XVIIIème siècle et, pour un homme, porter des vêtements féminins est pure hérésie, Peau-de-sang accepte cette lubie du notaire et lui permet de s’accepter.

 

Une chose que je n’avais pas remarqué au tout début ; il n’y a ni majuscule ni point pour singulariser le récit de Peau-de-sang. Retenez bien le chapitre qui ouvre le livre et relisez-le à la fin si vous vous êtes enfouies, comme moi, dans les tabliers de Peau-de-sang, un refrain qui revient souvent dans le récit de Peau-de-sang.

« Je retire mes tabliers

- le premier protège le second

- le second couvre le troisième

- le troisième, long du col aux chevilles, dissimule l'ombre rouille de ma jupe. »

Que ce conte est beau, puissant, charnel, violent, sombre, lumineux ; le souffle poétique qui s’en dégage est impressionnant. Les voix féminines sont de plus en plus présentes pour marquer leur place importante dans ce village québécois.

Un vrai coup de cœur. Une mention pour le dessin de Marina Ho qui illustre si bien "Peau-de-sang".


 


 

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V
On te sent complètement emballée, je note, je ne connaissais pas du tout (ma bibli ne connaît pas non plus, hélas!)
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Z
Tu sais que je peux te l'envoyer !!
M
Merci pour ton enthousiasme et en plus un coup de coeur ! Je n'aurais pas été attirée par le titre apriori mais par la couverture auréolée de mystère oui. Je le note donc...
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Z
Oui, vraiment un très gros coup de coeur
A
Merci pour cette mise en lumière. Un titre qui ne m'aurait pas attiré.
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Z
Je regarde toujours les titres du Tripode avec attention
A
Ton enthousiasme est communicatif et je suis toujours sensible à ce qui vient du Québec. Je note.
Répondre
Z
Un coup de coeur
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