Ivan Vladislavic - La lecture
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La lecture
Ivan Vladislavic
Traduction Georges Lory
Editions Elyzad
juin 2024
60 pages
ISBN 9782494463219
4ème de couverture :
Lors d’une soirée littéraire en Allemagne, une jeune Ougandaise lit en acholi un extrait de son histoire. Enlevée par l’Armée du Seigneur, Myriam a survécu à un cruel esclavage. Le public cultivé s’efforce d’être à la hauteur de son récit, mais l’ennui guette : comment être ému par des mots qu’on ne comprend pas ? Quand le traducteur doit à son tour prendre la parole, c’est à ses risques et périls.
Avec une grande force dramatique et un humour certain, Ivan Vladislavić nous convie au cœur d’un face à face policé entre deux mondes. Son ironie questionne notre propension à l’empathie. Un texte subtil et bouleversant.
L’auteur (site de la maison d’édition) :
Ivan Vladislavić est né à Pretoria en 1957. Il écrit en anglais et vit à Johannesburg où il enseigne à l’université de Witwatersrand. Il est l’auteur de nombreux romans et essais récompensés de plusieurs prix littéraires en Afrique du Sud, en Angleterre et aux États-Unis où il a reçu le prestigieux Prix Windham-Campbell pour la fiction à l’université de Yale. Son œuvre est traduite dans une dizaine de pays.
Ivan Vladislavić occupe une place à part dans le paysage littéraire sud-africain : un styliste polyvalent et un innovateur formel dont l’œuvre est néanmoins fermement ancrée dans la vie urbaine contemporaine. J.M. Coetzee
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« Elle lisait d’une voix doucement monocorde qui se faufilait dans l’esprit ouvert du public comme du sable s’échappait d’un poing fermé. »
Maryam Akello a écrit un livre sur son passé plus que douloureux. Avec sa sœur, Elle a été enlevée en Angola par l’Armée du Seigneur, mise en esclavage, a survécu à l’horreur. Traduit en allemand, elle le présente devant un parterre de lettrés spécialistes, amateurs de littérature africaine. Elle lit des extraits de son livre dans sa langue natale, l’acholi. Sur un ton monocorde où ne passe aucune émotion « Une lecture de machine à coudre, un rythme précis, régulier tout au long de la ligne, cousant une imagination à une autre. », c’est ce que préfère Sheldon un auteur gravement handicapé, afin de pouvoir y apposer ses propres émotions.
Le public semble suspendu à ses lèvres, mais, quelques fois, l’esprit s’évade et Ivan Vladislavic le décrit avec une pointe d’humour et de subtilité très agréable.
Il ne doit pas être aisé de suivre une lecture dans une langue inconnue « Portée par le ton cotonneux d’Akello, la professeure Steffi Ziegler ressassait ces constations »
Tout ceci est très consensuel, un peu formaté.C’est au tour du traducteur qui, en allemand, reprend exactement les mêmes chapitres. Il ne peut s’empêcher de s’approprier le texte et de montrer son émotion, jusqu’aux larmes,ce qui laisse perplexes, voire interloqués l’autrice et les auditeurs.
J’ai aimé cette différence entre la lecture monocorde, sans émotion apparente de Myriam et l’appropriation des émotions du traducteur. Est-ce parce que Myriam est quelque part morte au monde et que le traducteur, après un page-à-page pour traduire au plus près les mots de Myriam intègre l’entièreté du livre et, ainsi sa monstruosité ?
L’auteur explique le difficile travail du traducteur « C’était le problème avec la traduction : il y avait toujours une autre possibilité. Cela rendait les suggestions doublement difficile ».
Ivan Vladislavic met en contrepoint l’apparente placidité des auditeurs écoutant Myriam et leur incompréhension des émotions du traducteur alors qu’ils écoutent le texte en allemand.
Un petit texte d’une cinquantaine de pages, où tout est dit… Excellent
J’ai lu ce livre grâce à une opération Masse Critique de Babelio que je remercie tout comme les excellentes éditions Elyzad que je suis depuis longtemps.