Guillaume Viry - L'Appelé

L’appelé Guillaume Viry Editions du Canoë

L'Appelé

Guillaume viry

Septembre 2024

160 pages

ISBN : 978-2-490251-98-8

 

4ème de couverture :

Appelé de la guerre d’Algérie, Jean est rapidement évacué sanitaire.

Il mourra à l’âge de trente ans, lors d’un dernier séjour à l’asile.Soixante ans plus tard, Joseph, le frère de Jean, mélange les générations. Il prend son fils Julien pour son frère Jean. Cette confusion répétée a l’effet d’une déflagration, Julien est happé par cette brèche dans le temps.

S’affranchissant du silence familial et social autour de cette guerre sans nom, entremêlant investigations et imaginations, Julien n’a alors de cesse de tenter de donner vie à l’histoire de Jean, l’appelé.

Ce très beau livre, intense, écrit avec des blancs, des non-dits, des silences, révèle un écrivain expérimenté qui maîtrise à la fois la langue et le temps fracassé de l’histoire banale et terrible qu’il nous raconte.

L’auteur (site de la maison d’édition) :

Guillaume Viry passe son enfance au milieu des champs en Bourgogne.

D’abord comédien au théâtre ainsi que dans une cinquantaine de films et séries, il joue notamment chez Philippe Genty et Alain Guiraudie.

Il réalise ensuite plusieurs films à la lisière de la fiction et du documentaire.

Résident de la Fondation Jan Michalski, il écrit L’Appelé, son premier roman, dans une cabane face au lac Léman.

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« je suis allongé

moi Jean

je ne suis que l’allongement immobile de mon long corps maigre déposé sur un petit lit en ferraille

l’allongé du deuxième étage de l’asile de Saint-Dizier

moi Jean

suis l’allongé de l’avant-dernière porte à gauche de l’étroit couloir aux murs jaunis écaillés moisis tristes

tristes murs »

Ainsi débute ce court roman, poésie, sorte de chanson de geste, sans rimes, ni majuscule, ni ponctuation qui raconte la guerre d’Algérie à travers Jean le fils, parti là-bas, revenu trois mois après traumatisé par la séance à laquelle il a dû assister, la torture à mort d’un suspect. Hospitalisé à l’asile comme l’on disait à l’époque, il y meurt.

Son père, un an après, décide de brûler tous les papiers de Jean

« brûler l’ensemble de la boîte

l’ensemble des papiers des histoires de Jean ceux empilés dans la boîte à bottes de pêche

parce que ça suffit les histoires

toutes celles qui tournaient dans la tête de Jean

les histoires à nous faire devenir chèvres tous autant qu’on est les et les autres

c’est aujourd’hui bien suffisant comme ça »

 

« aujourd’hui cinquante années ont passé

aujourd’hui Joseph me demande se je me souviens

si moi Jean je me souviens

à moi qui ne suis pas Jean »

Julien, le fils de Joseph et l’oncle de jean dit lors de ses trois jours

« ça ne s’est pas bien passé le service militaire de mon oncle en Algérie

le médecin militaire me regarde

me dit

je vous réforme

me dit à moi Julien

vous êtes réformé psychiatrique

P4

une lettre un chiffre »

Comme si P4 pouvait pardonner ou faire pardonner les horreurs

Un court récit poignant dans l’entrelacement des paroles de Jean, Louis le père, Joseph le petit frère, Julien, le neveu. Elles disent la torture en Algérie, la peur, la folie, les meurtres, les viols… Tout cela, Jean l’a vécu en trois mois qui ont définitivement scellé sa vie.

Les répétitions de phrases scandent le récit comme un refrain, comme pour mieux marteler l’antienne nous faire entrer dans la tête de Jean, le faire revivre, déchirer le voile de l’oubli où le père l’a mis en brûlant ses papiers.

Pour les gens de ma génération, ce petit livre ouvre les vannes des souvenirs, rappelle qu’untel est revenu défoncé, broyé, que l’autre n’a jamais pu se remettre de ce qu’il a vécu, que tous ont laissé une partie de leur âme dans cette guerre qui ne disait pas son nom, de ces « évènements d’Algérie ».

Guillaume Viry par la forme de son récit, en peu de mots, amplifie les silences, les secrets, la tragédie vécue un peu comme l’unique livre de Joseph Pontus.

Merci à Sabine et aux éditions du Canoë. Ce fut une très belle découverte et un coup de coeur.

 

 


 


 

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A
Une lecture qui me tente de plus en plus.
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Z
Je comprends
B
merci de sortir ce livre de ma pal coup de coeur possible, tu m'y encourages; cela fait remonter les souvenirs de ceux qui ne sont pas revenus et de ceux qui sont revenus traumatisés à vie: trois amis. On parle peu de ces jeunes qui sont morts pour rien ou ont perdu des années de jeunesse. Je repense au film Avoir vingt ans dans les Aurès.
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Z
Il devrait te plaire
M
Un livre qui a l'air poignant en effet. Les extraits choisis sont superbes ! Merci de nous le présenter...je le note
Répondre
Z
L'écriture est belle
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