Kossi Efoui - L'ombre des choses à venir

L’ombre des choses à venir

Kossi Efoui

Editions du Seuil

Février 2011

ISBN : 9782020990974

160 pages

4ème de couverture :

Lorsque les dimensions du monde se ramènent à celles d’une cellule. Lorsque le temps qui reste avant de comprendre se réduit à une nuit, une seule, durant laquelle un tout jeune homme nous souffle à voix basse une enfance sortie des âges archaïques. Et lorsqu’un père trop longtemps attendu, un père revenu du bagne, devenu bien malgré lui un héros, préfère s’enfuir aux confins de la réalité, réservant aux oiseaux, dans la boue des marais, les seuls sons qui s’échappent de sa gorge…

Après Solo d’un revenant, Kossi Efoui poursuit le fil de la plus tragique des histoires : celle d’une guerre interminable où la fausse parole s’allie à la violence des armes. Ici ou ailleurs, cela nous concerne intimement.

Un livre éblouissant et visionnaire, sur fond de mélancolie radicale, de dérision absolue, de générosité désespérée.

L’auteur (Babelio):

Kossi Efoui est dramaturge, chroniqueur (notamment un temps pour Jeune Afrique) et romancier.

Étudiant en philosophie à l'Université de Lomé, il prend part au mouvement de contestation du régime de Gnassingbe Eyadema.

Ses activités politiques lui valent quelques ennuis avec les autorités de son pays et finissent par le contraindre à l'exil, puis à l'installation en France.Il obtient le Prix du Nouveau Talent Radio de la SACD en 1993, la Bourse de la Création du Centre National du Livre en 1996 et le Grand prix littéraire de l'Afrique Noire 2002 pour La Fabrique des cérémonies.

Son roman Solo d'un revenant, publié en 2008 aux Éditions du Seuil a reçu trois prix en 2009: le Prix Tropiques, Prix Ahmadou Kourouma et Prix des cinq continents de la francophonie.

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« Il n’y a pas de meilleure cachette qu’une cachette peuplée », c’est ce que lui dit celle qu’il prénomme « l’hôtesse ». Il n‘en saura pas plus, ni sur l’endroit où il est caché, ni sur les autres.

Le clair de lune laisse voir « la bassine avec son pêle-mêle de carnets aux feuilles arrachées, la bouteille encore pleine aux trois-quarts, couleurs brune macérée, les pieds du tabouret ».

C’est là, dans cette pièce, avec une petite lucarne à l’arrière, que l’homme attend l’arrivée de ceux qu’ils appellent « les hommes-crocodiles » qui lui feront passer la frontière de ce pays et dont on ne sait rien, si ce n’est qu’ils font peur aux garde-frontières.

Le narrateur revoit le passé, l’ancienne dictature qui lui a volé on père, musicien, parti dans un camp, appelé « La Plantation » et revenu du néant sans jamais plus parler avec, pour seul bagage, l’étui vide de son instrument de musique « En raison des circonstances, préparez-vous à être momentanément éloigné de vos proches », paroles des gardes venus faire des razzias. «La mère a été internée pour grave dépression et en est morte. Le narrateur est recueilli,vers cinq ans avec d’autres enfants, par une femme au grand cœur. « Maman Maïs » qui se prostitue pour nourrir les enfants recueillis; ce furent peut-être ses meilleures années.

Avec l’arrivée du nouveau gouvernement, tous les espoirs sont permis. Comme son père revenait de « La Plantation », l’état lui verse une pension et l’enfant intègre une école réputée. C’est là qu’il rencontre un vieil homme et sa librairie où il travaille, se forme

« La matière première » nom donné au pétrole est convoitée, le pétro-dollar bien sûr et la crainte est là. Le gouvernement décide que les jeunes à partir d’un certaine âge, doivent subir « l’épreuve de la frontière », autrement vous êtes considéré comme un « déserteur en temps de paix. ». Déloger les frontaliers, les affamer pour une réddition, « une sédentarisation forcée et oisive », mais qui ne fonctionne pas très bien, alors, l’obligation de défendre la frontière et d’y mourir… On donnera à une avenue le nom de « Martyrs de l’esprit modèle » des morts valent bien une plaque à leurs noms !!!

Ceux qui en reviennent ne sont pas mieux que ceux revenus de la Plantation ». Le tuteur du narrateur l’exfiltre vers « l’hôtesse » et lui donne un précieux conseil « Quand tu parles, pense toujours que quelqu’un est en train de te traduire dans une langue que tu ne connais pas, et tu feras plus attention à tes mots »

 

Sans faire référence à un pays spécifique, et je ne connais pas l’histoire togolaise, l’auteur nous parle de résistance, des camps de concentration (la Plantation) ce qui rend malheureusement son histoire universelle.

Un livre où la poésie n’efface pas l’horreur, où un humour caustique et sain permet d’avancer. L’espoir réside dans les failles que tout système comporte. Une curiosité, les titres des chapitres : Premièrement, deuxièmement...

Un coup de cœur. Je retournerai auprès de cet auteur.

Je suis de plus en plus séduite par la littérature africaine.

 

Jusque vers l’âge de neuf ans, le mont « fête » n’a jamais rien évoqué pour moi, je veux dire aucune expérience directe, pas le moindre souvenir de sensations, d’images, d’états d’âme liés à ce mot-là. Voilà tout, dit l’orateur, voilà comment on sait à quoi ressemble une enfance qui ne fut pas sans histoires.

Tous mes gestes, comme tous tes gestes, sont contrôlés. Mais il y a un geste que moi seul, je peux décider de faire, le seul geste qui dépend de moi, et rien que de moi. Et de personne d’autre, même pas eux, jamais.
Et l’autre, un cran plus haut.
– Et c’est quoi ce geste ?
– Jouer la note juste.

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M
Voilà une lecture qui doit être poignante et un auteur qui m'est totalement inconnu. C'est très tentant ! Merci pour ta chronique détaillée et édifiante
Répondre
Z
Certaines pages difficiles dans la compréhension,mais si beau
A
Je pourrais me laisser tenter. Originaux ces titres de chapitres.
Répondre
Z
Lecture édifiante,
L
Merci pour cette découverte ! <br /> Bises.
Répondre
Z
J'aime ce genre de découverte
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