Danielle Daniel - Les filles du Cerf

Les filles du cerf

Danielle Daniel

Traduction Florence Moreau

Editions Paulsen

mai 2024

368 pages

ISBN : 978237502-3242

 

4ème de couverture :

Deux destins de femmes dans le Canada du XVIIe siècle.

1657, Nouvelle-France, Trois-Rivières. Le clan du Cerf est exsangue après les attaques menées par les Iroquois. Pour assurer la survie du clan et sceller l’alliance avec le royaume de France, le sachem demande aux femmes d’épouser des soldats français. Soucieuse de donner l’exemple, Marie consent à s’unir à Pierre. Quand sa fille vient au monde, la chamane lui révèle qu’elle est promise à un destin tragique. À l’aube de ses dix-sept ans, alors qu’elle est déjà une « fille à marier » selon les lois de la Nouvelle-France, Jeanne s’éprend de Joséphine. Sa bispiritualité, perçue comme une marque de sagesse par les Algonquins, est une aberration aux yeux des colons. La meilleure façon d’y remédier, c’est de la marier.


Dans ce roman poignant inspiré de l’histoire de ses ancêtres, Danielle Daniel dénonce un crime impuni et retrace la vie de celles que l’histoire a réduites au silence.

L’autrice (site de la maison d’édition) :

Danielle Daniel a des origines algonquines, françaises et écossaises. Elle vit en Ontario, dans le territoire traditionnel d’Atikameksheng Anishnawbek. Diplômée d’un Master of Fine Arts de l’Université de la Colombie-Britannique, elle se consacre d’abord à l’écriture et à l’illustration jeunesse. Les Filles du Cerf est son premier roman.

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« Mon père m’a dit un jour qu’avant ma naissance, aucun homme blanc n’avait foulé notre terre, qu’il n’y avait pas d’église près de notre village, ni de soutanes qui rôdaient autour de nos wigwams en ânonnant d’interminables prières. Avant l’arrivée des blancs, nos seuls ennemis étaient les iroquois, qui avaient contraints mes parents à quitter leur territoire ancestral au nord de la rivière des Outaouais pour se mettre en quête d’un lieu sûr. C’est dans ces circonstances que les miens s’étaient établis à côté de la colonie que les Blancs appelaient Trois-Rivières. »

Ce livre est l’histoire romancée des ancêtres de l’autrice et quelle histoire !

Marie, algonquine, est veuve d’Assababich tué lors d’une attaque des iroquois qui lui ont pris de force ses deux enfants. Maintenant le clan du Cerf, très clairsemé, s’installe à Trois Rivières près des Blancs.

Commence une pression réelle sur les natifs par les catholiques français. Le Sachem de la tribu demande aux femmes d’épouser des colons français et ainsi, se mettre en sécurité. Marie épouse Pierre, ils auront plusieurs enfants. Marie, malgré son prénom catholique reste une chrétienne « d’extérieur » et garde la foi apprise avec sa tribu et n’oublie jamais les petits gestes pour remercier la terre, la rivière…. Ceci n’est pas bien vu par les prêtres et autres grenouilles de bénitier. D’ailleurs, elle ne manque jamais de rappeler à Pierre d’où elle vient « N’est-ce pas ce que font tous les Blancs, nous voler ? ». Les Blancs marient leur fille vers dix-sept ans, l’âge de la fille aînée du couple « La loi veut qu’elle se marie, c’est son devoir ». Son amie de cœur a été mariée à un vieux, mais cela n’a aucune importance, c’est normal… On ne va pas lui demander son avis n’est-ce-pas ?

Pierre a la foi chevillée au cœur et au corps et va même jusqu’à se flageller pour exorciser le pêché entré dans sa maison par l’homosexualité de sa fille.

Pourquoi les blancs ne se contentent-ils pas de préempter dans la nature que ce qui leur est nécessaire à la vie quotidienne. Non, ils tuent les animaux pour en revendre la peau et maintenant, Pierre et Jacques (marié à la meilleure amie de Marie), doivent faire de longues expéditions pour rapporter de quoi manger.

Le couvent « accueille » de jeunes indiennes pour les éduquer dans le bon sens et « faire d’elles de bonnes épouses catholiques pour les colons. Elle a entendu dire que les religieuses cloîtrent les filles dans le couvent et les font obéir à coups de badine. Il parait que les pensionnaires se laissent dépérir. » Une longue déconstruction de leur civilisation, une emprise psychologique sur des êtres sans défense, c’est la loi, toujours en vigueur, du conquérant

Danièle Daniel dépeint un choc violent entre deux cultures où chacun a besoin de l’autre pour survivre où les français cherchent à détruire la société animiste des algonquins pour la mettre au service de leur dieu catholique. Nous sommes au XVIIème siècle, mais… Cela a-t’il tant changé ? La religion ne sert-elle pas encore de levier pour réduire des populations à la pauvreté, les détruire ?

Danièle Daniel met en avant Marie, guérisseuse qui, même mariée à Pierre catholique convaincu ne plie jamais et n’abandonne pas sa propre vue qu’elle transmet à ses enfants et sa fille Jeanne, deux destins tragiques

Un très beau portrait de femme. «Quelques mots sont gravés dans la pierre qui marque l’endroit où elle repose. Une femme sauvage – décès, 1699 » Lui dénier, jusque dans l’éternité son identité. Malheureusement rien n’a changé en ce bas-monde.

Une très belle découverte que je dois à mes libraires préférées

 

 

 


 

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A
Tu remercieras tes libraires, je note ce titre.
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Z
Je viens de leur passer une nouvelle commande et je les remercie à chaque fois pour leurs conseils
V
Quelle richesse d'avoir de telles origines ! Un sujet que je connais peu mais qui m'intéresse.
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Z
Oui, mais voilà !!! ce n'est jamais bien vu
M
Tu me tentes beaucoup avec cette lecture ! J'aime les auteurs canadiens et le sujet de ce roman me plait beaucoup. Je viens de le noter sur les listes de ma médiathèque pour la rentrée...Merci pour ta belle chronique
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Z
Pas de pleurs, du combat et j'aime ça
A
Le theme a tout pour m'interesser. J'attendrai le poche, plus facile a emmener partout.
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Z
Un gentil cadeau de mes libraires adorées
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