Max Porter - La douleur porte un costume de plumes
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La douleur porte un costume de plumes
Max Porter
Traduction Charles Recoursé
Editions du Seuil
Janvier 2016
125 pages
ISBN : 9782021243567
4ème de couverture :
Une mère meurt. Elle laisse derrière elle deux petits garçons et leur père terrassés par le chagrin. Un soir, on frappe à la porte de leur appartement londonien. Surgit alors un étrange personnage : un corbeau, doué non seulement de parole mais d’une verve enfiévrée, d’un aplomb surprenant et d’un sens de l’humour ravageur. Qu’il soit chimère ou bien réel, cet oiseau de malheur s’est donné une mission auprès des trois âmes en péril. Il sera leur confident, baby-sitter, analyste, compagnon de jeu et d’écriture, l’ange gardien et le pitre de service — et il les accompagnera jusqu’à ce que la blessure de la perte, à défaut de se refermer, guérisse assez pour que la soif de vivre reprenne le dessus.
Bouleversante, hilarante, audacieuse et unique, cette fable moderne est un bijou littéraire qui nous rappelle ceci : ce sont les pouvoirs de l’imaginaire et la force des mots qui nous tiennent en vie.
L’auteur (site de la maison d’édition) :
Max Porter est éditeur pour la maison d’édition britannique Granta. Il vit à Londres avec sa femme et leurs trois enfants. La douleur porte un costume de plumes est son premier livre.
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Le père est dévasté, sa femme vient de mourir le laissant seul et désemparé avec ses jumeaux.
« J’étais seul dans le salon à me demander que faire. A tourner en rond en attendant que le choc se résorbe, à attendre qu’une émotion structurée, n’importe laquelle, émerge de l’imposture organisée qu’étaient mes journées. J’étais aussi vidé qu’un pendu. Les enfants dormaient. Je buvais. Je fumais des roulées à la fenêtre. Je me disais que peut-être la conséquence principale de son départ serait que j’allais devenir ce coordinateur, ce vendeur méthodique de gratitude cliché, cet automate architecte de routines pour petits enfants sans mère. La douleur me semblait quadridimensionnelle, abstraite, vaguement familière. J’avais froid »
Lorsque l’on sonne à la porte, ivre mort, il ouvre et un corbeau se manifeste. A partir de cet instant, laissez vos certitudes, votre réalité au placard, en faisant attention qu’il n’y ait pas de plumes noires.
Un récit-conte polyphonique. La voix du corbeau répond à celles du père et des jumeaux (qui s’expriment d’une seule voix). Le vocabulaire est particulier à chaque intervenant. Personnellement, je suis le corbeau et lorsqu’il parle, car oui il s’exprime, c’est un mélange de propos très leste, consolateur, d’amour, de clown, d’humour, des fois doux d’autres fois acide… Un corbeau comme j’aimerais en rencontrer en ce moment. « Très romantique notre première fois. Gros malpoli. Croche-piège. »
« Il était une fois un oiseau qui gardait les enfants. Appelons-le Corbeau. Il avait lu trop de contes de fées russes… mais était toutefois un assistant maternel homologué, fort admiré des parents londoniens. »
Les enfants font de petites bêtises car ils voudraient que maman soit là et les gronde « On a laissé filer plusieurs choses. On pissait sur la cuvette. On ne fermait jamais les tiroirs. On faisait ça parce qu’elle nous manque, pour continuer à avoir besoin d’elle. »
Le père voudrait un mausolée de trois mères de haut construit de ses mains tant elle manque, tant il se sent seul et trop plein de chagrin… Mais Corbeau veille sur eux.
Il est temps pour Corbeau de partir : « Je sens que si le fantôme de ma femme m’a un jour hanté, le moment est venu où il va commencer à murmurer, »Tu dois demander à Corbeau de s’en aller » ».
Au revoir Corbeau, le Mari, les Enfants, grâce à Corbeau comblent le manque. Cher Corbeau, vous fûtes un bon compagnon de deuil. Vous ne fûtes pas un oiseau de malheur mais un bon consolateur. Maintenant...
« Autorisation de décoller, j’en ai fini.
Est-ce que je dois boucler la boucle la frontière
Papa/Garçons, saute/zyeute/saute/stop.
Est-ce que je dois me fier à mon instinct, traquer le
deuil, sandwich à la main . »
Un livre drôle et attendrissant sur un sujet difficile. Très court, il est dense de par sa construction. Je dois le rendre à la bib et me demande si je ne vais pas l’acheter car j’aime, de temps à autre, lire ce que fait Corbeau.
Un coup de cœur.