Béatrice Wilmos - Tant de neige et si peu de pain

Tant de neige et si peu de pain

Béatrice Wilmos

Editions du Rouergue

Janvier 2024

160 pages

ISBN : 9782812625473

4ème de couverture :

En 1919, Marina Tsvetaeva a vingt-sept ans lorsque, en pleine guerre civile, elle se retrouve seule à Moscou avec ses deux filles. Son mari s’est engagé dans les armées blanches et elle ignore s’il est toujours en vie. Dans une ville sous le joug du froid et de la famine, les difficultés matérielles la contraignent à laisser ses fillettes dans un orphelinat. Alia a sept ans. C’est une enfant d’une intelligence exceptionnelle. Irina a deux ans. Mal aimée et sans doute atteinte de troubles mentaux, elle va mourir de faim. Un drame qui pousse Marina à revenir sur sa vie passée pour essayer de comprendre comment elle en est arrivée à laisser périr son enfant dans un orphelinat, alors qu’elle en avait sorti l’aînée quelques jours plus tôt.

Avec ce roman fervent, Béatrice Wilmos nous fait traverser deux années d’une vie percutée par la Révolution. Dans un dénuement extrême, Marina Tsvetaeva vole de l’encre pour écrire des poèmes, raconte dans ses carnets la douleur comme les joies dérobées aux désastres du temps, se retient de s’effondrer lorsque la tragédie la frappe. Poétesse, mère, femme amoureuse, Marina Tsvetaeva nous bouleverse.

L’autrice (site de la maison d’édition) :

Journaliste, écrivain, Béatrice Wilmos est l’autrice de trois romans parus chez Flammarion (La Dernière Sonate de l’hiver et L’Album de Menzel) et Belfond (Le Cahier des mots perdus). En janvier 2024 paraît dans la brune au Rouergue son roman Tant de neige et si peu de pain consacré à la poétesse russe Marina Tsvetaeva.

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Extrait du carnet de marina, 14 mai 1920 :

Jugez-en vous-mêmes : qui a raison ? Et du tréfonds de mon âme, je vous dis -compatissez, parce que je méritais qu’on m’aime ».

Béatrice Wilmos, après des recherches et une riche documentation, raconte une partie de la vie de la poétesse russe Marina Tassette qui se suicide par pendaison en 1941.

La Russie est en pleine guerre révolutionnaire. Marina et son mari font partie de la bourgeoisie très aisée de Crimée. Le mari de Marina est engagé du côté des blancs. Elle se retrouve seule à élever ses deux filles Alia et Irina. Alia, sept ans au début du livre, semble être une enfant surdouée, poussée par sa mère. Irina a deux ans. Elle est née alors que son mari était déjà enrôlé du côté des blancs. Il semble qu’Irina soit handicapée mentale.

La mère et les deux filles se retrouvent dans le grenier de sa maison qu’elle partage avec d’autres.

Ces années où elle lutte pour leur survie. Elle court les files d’attente à la quête de lait, de pain, de pommes de terre, craint les mauvaises rencontres, la peur que Serioja, son mari, soit tué. La lecture des journaux rajoutent à ses peurs.

Marina ne sait pas comment s’occuper d’Irina, privilégiant sa relation avec sa fille aînée Alia, souhaitant presque la disparition d’Irina. N’en pouvant plus, elle retourne à l’orphelinat récupérer Alia et laisse Irina, malade «Irina reste en haut de l’escalier, tordant le cou pour regarder en bas. Pour regarder la porte d’entrée qui s’ouvre. Pour regarder sa mère et sa sœur qui partent et la laissent ». Irina meurt seule à l’orphelinat, sans revoir sa mère, et Marina ne sait même pas où elle est enterrée, certainement dans une fosse commune.

A partir de cet instant, le remord, la tristesse, l’battement tombent sur Marina. Plus le temps passe, plus elle aime sa benjamine.

Un livre prenant où les années de peur, de guerre, de révolution marquées par une grande famine. Les truands, le marché noir, les manifestations, les crimes, enlèvements, mutineries, exécutions sommaires, sans oublier les bons vieux mouchards rendent la vie impossible sans espoir d’un retour en arrière et un avenir qui est noir. Serioja est-il encore en vie ? De temps à autre une lettre arrive par un canal intérieur secret, mais depuis, est-il encore en vie ?

Béatrice Wilmos narre ces journées harassantes, la terreur journalière, la faim, la peur, le manque dans la vie de la poétesse Marina Tsvetaeva.

Sa fin de vie est différente mais tout aussi dure. Elle vit seule dons une maison commune à Elabouga. Sergueï a été exécuté par les russes en 1941 alors que les allemands approchent d’Orel où il est détenu. Marina se suicide, ses enfants ne viennent pas à son enterrement. «Elle était fourbue, d'âme et de corps, sans ressort ni force pour écrire, ou à peine quelques phrases brèves, jetées sur la page.»

Un livre très fort, bouleversant, noir, éclairé par les quelques poèmes d’Irina retrouvés. Une vie brisée comme tant d’autres lors de la révolution russe et la guerre.

 

« L’amertume de malheur, de tristesse,

Je l’avale avec mon eau, la mange avec le pain,

Elle existe cette herbe mauvaise,

Dans tes prés, ô ma Russie. »

 


 


 

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A
Il y a des parcours de vie absolument atroces .. et toujours la grande histoire qui écrase les individus sans la moindre once d'humanité.
Répondre
Z
Malheureusement, cela continue
M
J'avais beaucoup aimé "le cahier des mots perdus" de cette autrice lu il y a longtemps, j'avais aimé l'écriture et celui-ci devrait me plaire aussi. Merci pour ta chronique enthousiaste
Répondre
Z
Une lecture dure mais éclairée par les poèmes de Marina Tsvetaeva et servi par la belle écriture de Béatrice Wilmos
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