Kiyémis - Et, refleurir

Et, refleurir

Kiyémis

Editions Philippe Rey

Février 2024

384 pages

ISBN : 978-2-38482-005-4

4ème de couverture :

Née dans le village camerounais de Nyokon, Andoun est entourée du bruit des houes retournant la terre des cultures d’arachides. Mais ses rêves sont plus grands que cette vie dans les champs. À chaque instant, elle souhaite casser la routine dans laquelle son village entend l’installer. Entre une volonté d’étudier contrariée, une grossesse imprévue et une indépendance arrachée, chaque pas vers son destin produira une onde de choc, transformant définitivement la jeune femme, ses proches et tous ceux qui croiseront son chemin.

De Nyokon à Paris, en passant par Douala, Andoun devra affronter la résistance de sa famille très conservatrice. Tiraillée entre son envie d’appartenance et ses désirs de flamboyance, elle tentera de dépasser les préjugés des mondes traversés. Avec ce premier roman inspiré de l’histoire de sa grand-mère, la poétesse Kiyémis rend hommage aux rêves déraisonnables, à la témérité, à la capacité de renaître de celles qui choisissent de suivre leur destinée hors des sentiers tracés.

L’autrice (site de la maison d’édition) :

Kiyémis est poétesse et essayiste. Ayant à coeur de transmettre un message d’émancipation des normes de beauté et d’épanouissement des femmes, elle participe à des conférences en France et à l’étranger, et anime des ateliers d’écriture. En 2018 elle publie son premier recueil de poésie, À nos humanités révoltées (éditions Métagraphes), suivi en 2022 de son essai Je suis ton pire cauchemar (Albin Michel). Depuis mars 2023, elle présente l’émission « Rends la joie » sur Mediapart. Et, refleurir est son premier roman.

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« A toutes les danseuses, les rêveuses, présentes ou passées, qui méritent d’être illuminées, nous vous construirons, mot par mot, de nouveaux panthéons. » Très bel incipit du livre

Le livre commence dans les années cinquante, le Cameroun est alors une colonie française.

Andoun vit avec sa famille à Nyokon et aller travailler aux champs n’est pas sa tasse de thé « Malgré des années de pratique, elle n’arrivait pas à maîtriser l’outil. Elle tapait à côté, dépouillait les feuilles des plants ». « Andoun, tu n’es pas comme les autres » lui répète son père.

Andoun rêve d’une autre vie, soutenue par son père qui reconnaît en elle un besoin de s’émanciper, elle va chez sa sœur et son mari pour aller à l’école, apprendre. Las, elle sert de bonniche et est refusée à l’école car elle vient avec sa petite nièce bébé… Cela ne se fait pas.

Elle désire toujours apprendre mais une grossesse à seize ans l’oblige à dire adieu, temporairement à ses rêves. Andoun, active, ne se laisse pas aller et devient manucure à domicile. Cela ne lui suffit pas, avec sa fille, elle part à Paris pour une école esthéticienne et pense revenir au pays pour avoir son propre institut.

À Paris, son frère, marié, chez qui elle vit lui pique passeport et économies. encore, projet contrarié. Elle est noire et, voyez-vous, cela ne se fait pas dans une bonne maison d’esthétique. Elle devient donc, ce à quoi les blancs la destine : femme de ménage.

Elle ne baisse pas les bras et fait tout pour que sa fille puisse étudier. Les déboires ne l’empêche pas d’avancer.

Côté mec, ce n’est pas mirobolant. Le père de sa fille la laisse tomber. Elle fuit le mari qu’on lui impose, rembourse la dot. A Paris, son frère veut la caser et, ma foi, elle pense avoir trouver une âme compatissante. Une fois de plus, désillusion. Renaud, qui fait des études d’ingénieur, la laisse avec des loyers impayés. Son bel amant, rencontré lors de son seul retour au Cameroun la prendrait peut-être comme seconde épouse.

Et puis, ne pas oublier d’envoyer de l’argent au pays, sa sœur, veuve

Basta, Andoun décide de vivre seule avec sa fille dans son petit appartement HLM. Andoun, illettrée, a réussi ce qu’elle voulait ; sa fille a fait des études et travaille dans l’administration française. Ses petits-enfants apprécient qu’elle leur raconte son Cameroun.

Que de luttes tout au long de sa vie. Les hommes ne sont pas fiables, la famille veut qu’elle rentre dans le rang et épouse le pêcheur qui sent si mauvais. En France, on l’assigne à ce qu’elle représente, une bonniche invisible et non pas ce qu’elle est.

J’ai aimé la façon dont Kiyémis narre l’histoire de sa grand-mère, j’ai apprécié les poèmes qui scandent l’histoire. Kiyémis raconte la difficulté des immigrés, même légaux, face à un pays dont ils ne connaissent pas les codes. Andoun, femme de courage et de détermination qui a toujours refusé de se plier à des traditions qui veulent l’asservir à un homme, vous êtes un modèle de ténacité, la foie chevillée au corps, malgré toutes les chausse-trappes.

Andoun vous pouvez être fière de votre petite-fille et de vous.

Un très bon livre lu grâce à Lecteurs.com. « Et, refleurir » figure dans la sélection finale du Prix Orange du Livre en Afrique 2024.

 

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V
whaouh, belle leçon de vie !
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Z
Ou de survie
M
Un livre qui doit être émouvant. J'aime ces histoires de femmes, ces parcours malheureusement douloureux. Merci pour ta chronique il faut que je me penche d'un peu plus près sur ce prix pour aller voir la sélection, je lis trop peu d'auteur africain.
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Z
J'avoue qu'elles me réjouissent
A
Encore un parcours de femme bien difficile, mais elle a réussi à ce que ce soit mieux pour les suivantes.
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Z
Les immigrés 1ère génération font tout pour leurs enfants
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