Xinran - Baguettes chinoises

Baguettes chinoises

Xinran

Tradution Prune Cornet

Editions Philippe Picquier

janvier 2008

ISBN : 978-2-87730-991-2

336 pages

4ème de couverture :

« Je vais leur montrer, moi, à tous ces villageois, qui est une baguette et qui est une poutre ! »

C’est ce cri qui a donné envie à Xinran d’écrire cette histoire. Celle, lumineuse, chaleureuse, émouvante, de trois sœurs qui décident de fuir leur campagne et le mépris des autres, pour chercher fortune dans la grande ville.

Sœurs Trois, Cinq et Six n’ont guère fait d’études, mais il y a une chose qu’on leur a apprise : leur mère est une ratée car elle n’a pas enfanté de fils, et elles-mêmes ne méritent qu’un numéro pour prénom. Les femmes, leur répète leur père, sont comme des baguettes : utilitaires et jetables. Les hommes, eux, sont les poutres solides qui soutiennent le toit d’une maison.

Mais quand les trois sœurs quittent leur foyer pour chercher du travail à Nankin, leurs yeux s’ouvrent sur un monde totalement nouveau : les buildings et les livres, le trafic automobile, la liberté de mœurs et la sophistication des habitants…

Trois, Cinq et Six vont faire la preuve de leur détermination et de leurs talents, et quand l’argent va arriver au village, leur père sera bien obligé de réviser sa vision du monde.

C’est du cœur de la Chine que nous parle Xinran. De ces femmes qui luttent pour conquérir une place au soleil. De Nankin, sa ville natale, dont elle nous fait voir les vieilles douves ombragées de saules, savourer les plaisirs culinaires et la langue truculente de ses habitants. Et d’un pays, une Chine que nous découvrons par les yeux vifs et ingénus des trois sœurs, et qui nous étonne et nous passionne car nous ne l’avions jamais vue ainsi.

L’autrice (site de la maison d’édition) :

Xinran est née en 1958. Pendant la révolution culturelle, elle et son frère sont enlevés par les Gardes rouges, à leurs parents jugés « réactionnaires » et envoyés dans un orphelinat réservé aux enfants de « chiens à la solde de l’impérialisme ».A partir de 1983, la Chine a besoin de personnes pour développer la télévision et la radio, capables de diriger des émissions de débat éducatives tout en s’assurant que les sujets « interdits » sont évités. On confie à Xinran la production de ces émissions. Mais elle devient rapidement l’animatrice d’une émission de radio, Mots sur la brise nocturne, diffusée quotidiennement entre 22h00 et minuit. En 1997, elle décide de quitter la Chine et s’installe en Angleterre. Elle s’y marie et a un fils.En 2002, un recueil de ces vies de chinoises est publié par Chatto & Windus. (paru aux éditions Philippe Picquier sous le titre Chinoises, en 2003). Il dit la souffrance, mais aussi l’amour et l’espoir de ces femmes.Depuis la publication de son premier livre, un best-seller international, Xinran est connue dans le monde entier. Elle publie une colonne bimensuelle dans The Guardian sur les questions relatives à la Chine et tient le rôle de conseiller aux relations avec la Chine pour de grandes corporations comme la BBC.

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Être le père de filles est une véritable malédiction en Chine et, chose plus importante, qui fait perdre la face. Il était si « heureux » des naissances successives de ses filles, qu’il leur a donné pour prénom leur ordre d’arrivée. Un, deux, trois…. Elles sont six sœurs dans une campagne bien éloignée de la modernité chinoise des villes, six baguettes chinoises (c’est ainsi que l’on nomme les filles là-bas, alors que les garçons sont des poutres) . Sans trop d’éducation, l’une ne sait même pas lire, trois choisissent de partir à Nankin pour un avenir qu’elles espèrent meilleurs : Trois, Cinq et Six.

Trois part la première et se retrouve, grâce à ses talents artistiques (elle fait de superbes tableaux avec les légumes), employée dans un restaurant . Cinq, quant à elle, bien qu’illettrée, est embauchée dans un établissement de bains. Six, la seule à être allée au collège travaille dans un salon de thé qui fait salon de lecture.

Ce qu’elles veulent ? Sortir de la pauvreté, ramener des liasses de billets et montrer à leur père que, bien que baguettes chinoises, elles valent une poutre.

Le roman est tiré de trois destins de jeunes chinoises que l’autrice a romancé. Un livre léger sur un sujet grave. J’aimerais croire que le conte de fée des jeunes filles a été réel, que les citadins qu’elles ont rencontré les ont vraiment aidées. J’imagine leurs peurs lorsqu’elles ont déboulé à Nankin venant de leur campagne, elles devaient être terrorisées, surtout ne parlant que leur dialecte et non le mandarin.

Un livre qui montre la grande disparité entre la ville et la campagne, le dénuement dans lequel les paysans se trouvent alors qu’à Nankin, la modernité est présente. L’on nous vend la modernité chinoise, mais elle n’est pas allée au-delà des faubourgs, la campagne est totalement ignorée, sauf pour en faire de la main d’œuvre à bon marché !

Très instructif malgré la légèreté.

 

 

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A
Si le ton léger ne gâche pas le propos, je note ce titre.
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Z
Je pensais que le "l'enfant unique" était une obligation en Chine, et bien non !! En ville, il fallait payer pour pouvoir en avoir un second (et cher) dans les campagnes, auprès de ces gens laissés dans l'ignorance, ce n'était guère possible.
A
Une lecture légère, ça fait du bien aussi entre deux et mine de rien celui-ci a l'air de bien décrire la situation. C'est noté.
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Z
Tout-à-fait
M
De Xinran, je n'ai lu que "Funérailles célestes", qui est je crois son premier roman, relu d'ailleurs depuis sa sortie. C'est un livre que j'avais beaucoup aimé. Je ne connaissais pas ce nouveau titre. Merci pour ta chronique
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Z
Trouvé sur les étagères d'Emmaüs, comme quoi !!
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