Sybille Grimbert - Le dernier des siens

Le dernier des siens

Sibylle Grimbert

Editions Anne Carrière

26 août 2022

182 pages

ISBN : 9782380822571

 

4ème de couverture :

1835. Gus, un jeune zoologiste, est envoyé par le musée d’histoire naturelle de Lille pour étudier la faune du nord de l’Europe. Lors d’une traversée, il assiste au massacre d’une colonie de grands pingouins et sauve l’un d’eux. Il le ramène chez lui aux Orcades et le nomme Prosp. Sans le savoir, Gus vient de récupérer le dernier spécimen sur terre de l’oiseau. Une relation bouleversante s’instaure entre l’homme et l’animal. La curiosité du chercheur et la méfiance du pingouin vont bientôt se muer en un attachement profond et réciproque.

Au cours des quinze années suivantes, Gus et Prosp vont voyager des îles Féroé vers le Danemark. Gus prend progressivement conscience qu’il est peut-être le témoin d’une chose inconcevable à l’époque : l’extinction d’une espèce. Alors qu’il a fondé une famille, il devient obsédé par le destin de son ami à plumes, au détriment de tout le reste. Mais il vit une expérience unique, à la portée métaphysique troublante : qu’est-ce que veut dire aimer ce qui ne sera plus jamais ?

À l’heure de la sixième extinction, Sibylle Grimbert interroge la relation homme-animal en convoquant un duo inoubliable. Elle réussit le tour de force de créer un personnage animal crédible, de nous faire sentir son intériorité, ses émotions, son intelligence, sans jamais verser dans l’anthropomorphisme ou la fable. Le Dernier des siens est un grand roman d’aventures autant qu’un bouleversant plaidoyer dans un des débats les plus essentiels de notre époque.

Sibylle Grimbert est éditrice et romancière. Elle a déjà publié aux éditions Anne Carrière Le fils de Sam Green, Avant les singes et La Horde

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« De loin, seule la tache blanche de leur ventre se détachait sur la paroi de la falaise, surmontée d’un bec qui brillait, crochu comme celui d’un rapace, mais beaucoup plus long. Ils avançaient en balançant de droite à gauche ; on avait l’impression qu'ils prenaient leur temps, vérifiaient à chaque pas leur stabilité, et qu’à chaque pas ils rétablissaient leur corps par un roulement du bassin ».

1835, Gustave, dit Gus, travaille pour un naturaliste français de Lille qui veut absolument un grand pingouin, pour l’empailler  et être à la hauteur du muséum parisien. Le bateau sur lequel il navigue s’arrête sur l’île d’Eldey et les marins fondent sur les grands pingouins venus nidifier ; un vrai carnage, œufs y compris. « Maintenant il n’y avait plus un seul animal vivant sur l’île ».

Il récupère un jeune animal vivant mais blessé, et l’enferme dans une cage pour qu’il ne soit pas tué. Gus commence son observation. Observations qu’il poursuit à son domicile malgré les cris d’orfraie de sa logeuse. Il est captivé car il voit les états d’âme de l’oiseau et le voici captif du pingouin. Une relation s’établit entre respect, puis amitié, puis affection. L’oiseau devient Prosperus puis Prosp

Gus décide de garder l’animal vivant avec lui. Ils vont cheminer ensemble vers les îles Ferroe où Gus fonde une famille dont Prosp est le membre principal.

Aux Orcades, un notaire se lie d’amitié avec Gus et il lui fait comprendre que Prosp pourrait bien être le dernier exemplaire de sa race. Une idée qui va à l’encontre de l’époque. Nous sommes avant Darwin et l’homme pensait qu’il y aurait des grands pingouins quelque part ailleurs et que l’espèce survivrait toujours.

A un moment, il part pour l’Islande dans l’espoir de trouver un autre grand pingouin en vain. Là, j’entre dans une nouvelle réflexion. La vie interdépendante de Gus et Prosp. « Il était le propriétaire d’un anomalie, d’un être comme il n’en existait aucun autre… Il possédait un animal qui n’’existait pas ou plus, l’équivalent d’un griffon, » Une situation très difficile à gérer ; savoir qu’à la mort de Prosp, l’extinction de la race serait définitive. « Il avait honte, il ignorait comme il pourrait lui expliquer la chose étrange et insensée qui lui arrivait : être le seul des siens encore sur la terre, être – autant le dire une fois pour toutes – le dernier grand pingouin d’un monde qui était pourtant immense et mystérieux. »

D’une écriture fine, classique, Sibylle Grimbert décrit avec beaucoup d’intelligence et de finesse les émotions ressenties par Gus et Prosp. Gus reste un humain et Prosp un pingouin, aucun anthropomorphisme, mais les liens sont là avec une réciprocité étonnante.

Une réflexion sur la disparition des espèces animales du fait de l’homme, comme c’est arrivé au dodo alors que nous serions au bord de la sixième extinction massive d’êtres vivants sur terre .

Un livre que je vous recommande, lu sur les conseils de « ma » libraire.

"le dernier grand pingouin d'un monde qui était pourtant immense et mystérieux et aurait pu en abriter encore des millions. Une créature au destin unique : le dernier à connaître les sensations, le langage, l'instinct des siens, le seul de toute la non-éternité des grands pingouins à se souvenir des plus de cent mille ans qu'ils venaient de passer sur terre."

En 1844, sur l'îlot d'Eldey, au large de l'Islande, a été tué le dernier des grands pingouins qui jadis peuplaient par milliers le Grand Nord. Moins connue que l'extinction du dodo sur l'île Maurice à la fin du XVIIe siècle, c'est un autre exemple d'une espèce animale détruite par l'homme. Le grand pingouin était connu depuis au moins 20 000 ans, et on en retrouve la trace sur les parois de la grotte Cosquer près de Marseille.

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V
ça a le mérite d'être original et apparemment intéressant.
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Z
Tu as tout compris !
I
Mince, on dirait que mon précédent commentaire n'est pas passé.. je disais donc que j'avais repéré ce titre chez Kathel, et qu'il avait rejoint mes étagères. J'attends un peu avant de le lire, car je sors de la lecture d'un essai sur la dévastation environnementale... ce sont toujours des expériences qui suscite à la fois tristesse et sentiment de révolte...
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Z
Je te comprends.
B
Très tentant, merci.
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Z
<br /> Un roman qui amène des réflexions salutaires
A
Merci à te libraire, me voilà tentée.
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Z
Veux-tu que je te l'envoie ?
C
J'en ai lu beaucoup de bien, j'espère qu'il va vite arriver dans ma bibli! je trouve l'idée de départ vraiment très intéressante. Je crois d'ailleurs qu'on peut l'appliquer à la planète entière: j'y pense souvent en me disant que plein de choses que j'ai vécues/vues étant petite, ma fille ne les verra jamais, parce qu'on détruit la nature.
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Z
Cela peut s'appeler le progrès, mais là, il devient très néfaste
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