Olivier Truc - Les sentiers obscurs de Karachi

Les sentiers obscurs de Karachi

Olivier Truc

Editions Métailié

Octobre 2022

272 pages

ISBN : 9791022612227

4ème de couverture :

En 2002, à la sortie d’un hôtel à Karachi, un attentat à la bombe a coûté la vie à 14 personnes, dont 11 ingénieurs français travaillant à la mise au point d’un sous-marin acheté par le gouvernement pakistanais. Toutes les victimes venaient de la base navale de Cherbourg.

Vingt ans après, un jeune journaliste localier proche de l’un des ingénieurs rescapés de l’attentat décide de mener une véritable investigation sur les coupables. Une enquête menée par les Français a certes révélé les probables pots-de-vin ayant servi au financement de la campagne de Balladur, mais tout s’est arrêté là. Les victimes ont été abandonnées.

Le journaliste trouve à Karachi de l’aide auprès d’une jeune lieutenante pakistanaise et d’un homme droit, fidèle aux valeurs du travail bien fait et de la loyauté. Mais il progresse dans une jungle de mensonges politiques avant de s’apercevoir que la vérité de Karachi ne se trouve pas dans les journaux mais peut-être dans les poèmes que tous récitent.

Des personnages attachants et une enquête rigoureuse nous plongent dans les mystères de la ville de Karachi, mais nous dévoilent aussi les luttes de pouvoir régionales et syndicales en France. Un thriller remarquable, furieusement décoiffant, au rythme addictif.

L’auteur (site de la maison d’édition) :

Olivier TRUC est né à Dax. Journaliste, il vit depuis 1994 à Stockholm où il est le correspondant du Monde. Spécialiste des pays nordiques et baltes, il est aussi documentariste. Il est l'auteur de L'Imposteur, du Cartographe des Indes boréales, et de la série sur la police des rennes : Le Dernier Lapon (prix des lecteurs Quais du Polar et prix Mystère de la critique), Le Détroit du Loup, La Montagne rouge et Les Chiens de Pasvik.

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« Nous qui fûmes exécutés sur des sentiers obscurs »

J’ai suivi Olivier Truc en Laponie et là, il m’emmène dans la chaleur,l’humidité et la pollution de Karachi.

Rappelez-vous le drame de l’attentat de Karachi où des techniciens français ont trouvé la mort dans un car détruit par une bombe, cela se passait en 2002. Et les raisons évoquées, en France, pour cet acte odieux ; les fameuses rétrocommissions. Oui, souvenez-vous, Balladur, Léotard et leur condamnations à minima « Quelle mascarade ! Quand tu penses que tout le monde ressort libre... Quelle claque pour pour ceux qui sont morts, pour les blessés, pour les familles ! »

Vingt ans après, Cherbourg veut commémorer la mort des techniciens en présence des survivants et de la famille des disparus. Jef Kerral, journaliste, localier est l’ami de Marc, survivant de l’attentat. Son désir, remettre en relation deux amis de l’époque qui travaillaient sur la plateforme, Marc et Shaheen, Pakistanais.

Il n’a qu’un nom, celui de Sara, militaire, lieutenante, elle-même fille du médecin de la plateforme à l’époque de l’attentat. Sara est une rebelle qui fait très attention à tout ce qu’elle fait et dit.

Ce n’est pas tant l’énigme de la recherche de la vérité sur l’attentat que l’atmosphère de la vie à Karachi qui m’a séduite . Olivier Truc raconte les rickshaws, le bruit de la population, des voitures, le vieux bazar, labyrinthe où le journaliste se perdrait sans l’aide précieuse de Sara. Je sens les regards fureteurs, inquisiteurs des passants ou de ceux qui suivent le français. Le soupçon règne en maître dans la capitale. L‘armée est partout, surtout l’ISI, services secrets pakistanais. L’atmosphère est de plomb. Les attentats ne sont pas rares, comme celui qui a lieu dans une école de filles alors que Sara passe devant en voiture. Il y a tant de morts dus à la lutte entre tribus pour asseoir un pouvoir. Pakistan « pays des purs » entre de plus en plus dans un islam dur ou la pureté n’est un critère que pour les jeunes filles, pas pour les politiciens

Sa recherche de Shaheen l’emmène à rencontrer la débrouille, les magouilles, la pureté , la beauté. Toujours faire attention à ce qu’il fait, à ce qu’il dit, où il se trouve, c’est devenu le quotidien du journaliste.

J’ai aimé que Olivier Truc égaie son roman de poèmes en ourdi qu’apprécie beaucoup Sara. J’ai beaucoup moins goûté leur romance téléphonée à des kilomètres tant elle est convenue.

J’ai découvert la lutte entre tribus pour le pouvoir qui fait totale abstraction des milliers de morts, la misère, la saleté, la pollution d’un pays dont les chefs et sous-fifres sont plus occupés à leur carrière qu'aux intérêts du pays.

J’ai pris plaisir à cette lecture nonobstant l’inégalité du roman.

 

 

« Ces quelques-uns qui ouvrent la bouche,

Ne sont-ils que des mécréants.

Fais arracher leurs langues !

Fais-les étranger !

Voici ce que je lui ai dit

Ceux qui maniaient la langue,

Leurs gueules ont bien été fermées.

Il y a la paix dans la société.

Quelle différence ! »


« Si tant est que je sois condamnée,

A vivre dans une jungle,

Et si c’est certain que dans toute jungle,

Les loups me guettent,

Alors pourquoi ne pas choisir ma jungle. »

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