Gisèle Halimi - Annick Cojean - Une farouche liberté
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Gisèle Halimi avec Annick Cojean
Août 2020
160 pages
ISBN : 9782246824237
4ème de couverture :
Gisèle Halimi : Soixante-dix ans de combats, d’engagement au service de la justice et de la cause des femmes. Et la volonté, aujourd’hui, de transmettre ce qui a construit cet activisme indéfectible, afin de dire aux nouvelles générations que l’injustice demeure, qu’elle est plus que jamais intolérable. Gisèle Halimi revient avec son amie, Annick Cojean, qui partage ses convictions féministes, sur certains épisodes marquants de son parcours rebelle pour retracer ce qui a fait un destin. Sans se poser en modèle, l’avocate qui a toujours défendu son autonomie, enjoint aux femmes de ne pas baisser la garde, de rester solidaires et vigilantes, et les invite à prendre le relai dans le combat essentiel pour l’égalité à l’heure où, malgré les mouvements de fond qui bouleversent la société, la cause des femmes reste infiniment fragile.
Depuis l’enfance, la vie de Gisèle Halimi est une fascinante illustration de sa révolte de « fille ». Farouchement déterminée à exister en tant que femme dans l’Afrique du Nord des années 30, elle vit son métier comme un sacerdoce et prend tous les risques pour défendre les militants des indépendances tunisienne et algérienne et dénoncer la torture. Avocate plaidant envers et contre tout pour soutenir les femmes les plus vulnérables ou blessées, elle s’engage en faveur de l’avortement et de la répression du viol, dans son métier aussi bien que dans son association « Choisir la cause des femmes ». Femme politique insubordonnée mais aussi fille, mère, grand-mère, amoureuse… Gisèle Halimi vibre d’une énergie passionnée, d’une volonté d’exercer pleinement la liberté qui résonne à chaque étape de son existence.
« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque » : ces mots de René Char, son poète préféré, pourraient définir Gisèle Halimi, cette « avocate irrespectueuse », et sa vie de combats acharnés pour la justice et l’égalité.
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La vie de Gisèle Halimi a été un long combat, d’abord pour sa propre liberté puis pour nous les femmes. Avec Annick Cojean elle raconte son parcours de combattante.
Son combat contre les tabous, les freins de la religion est une de ses premières victoires. Oui, à cette époque, les parents utilisent la religion pour nous tenir, nous les filles« Dieu avait donc perdu. Il n’allait plus m’encombrer ni me faire peur. Finie, cette contrainte à laquelle nous condamnait ma mère. »
Sa seconde grande victoire, continuer ses études « Je voulais apprendre, apprendre, apprendre. Et il ne fallait par qu’on m’en empêche car je devais me sauver ! C’était une conviction, ancrée au plus profond de mois. Je dirais même une rage. »
Gisèle Halimi a été le phare de ma jeunesse, avec d’autres, elle a osé signer le « manifeste des 343 » n’est pas rajouté dans le livre le mot « salopes » alors qu’il était dans toutes les têtes mâles et curetones. J’ai admiré son courage et, pour moi, il est indissociable de celui de Simone Veil.
Oui, l’éducation est source de liberté et d’émancipation. Gisèle Halimi passe, avec succès, le concours pour obtenir une bourse. Malin, car ainsi, elle ne coûte rien à son père. Oh sacrilège ! Elle se retrouve dans la même classe que son frère qui a redoublé deux fois et est renvoyé du lycée.
A cette époque, et pas seulement dans la famille juive tunisienne qui est la sienne, la femme se marie jeune, fait des enfants, les élève, éduque les filles pour qu’elles deviennent à leur tout de bonnes épouses soumises. A seize ans, commence chez les parents, l’offensive du mariage. Une jeune vierge dans le lit d’un barbon plus riche, c’est un succès pour la famille. Et oui, Gisèle « c’est pas juste ». D’ailleurs ce leitmotiv motive toute sa vie. Lutter contre « c’est pas juste’.
Donc, pas de mariage arrangé. Elle rejette la religion, sa mère est séfarade. La religion refuse son besoin de liberté et d’épanouissement personnel (quels gros mots!!). Je la comprends, comment faire autrement lorsqu’elle entend une prière débuter ainsi « Béni soit l'Eternel qui ne m’a point fait femme... » et pour les femmes « Béni soit l'Eternel qui m’a faite comme il a voulu ». Tout est dit et la messe est dite pour Gisèle, elle rejette la religion, toutes les religions. D’ailleurs, comment un dieu peut-il faire une telle différence entre ses ouailles ??? Allez, vous savez bien que ce sont des hommes qui ont écrit les textes et, eux, ils voulaient affirmer et affermir leurs pouvoirs.
Les années passent, avocate, elle se tourne vers la politique et… « une marée d’hommes en costumes sombres ont envahi les bancs, d’où émergeaient ça et là quelques femmes isolées en tailleurs colorés… C’était l’exposition implacable du mensonge de la République qui proclamait l’égalité démocratique entre les hommes et les femmes mais confisquait entre les mains des premiers l’outil du pouvoir. ».
L’avocate sait être implacable, juste et pleine d’empathie envers les femmes qui ne veulent plus subir le joug de l’homme.
Gisèle Halimi est une très belle personne. Il faut que la nouvelle génération prenne le problème à bras le corps. Il ne faut pas rejeter les hommes, mais exiger l’égalité de traitement, récupérer une égalité que nous n’avons toujours pas acquise ; partis politiques, syndicats… restent bien tièdes.
Vociférer ne sert à rien, l’homme n’est pas un ennemi, mais n’est pas non plus l’être supérieur à la femme. Tout passe par l’éducation et celle des enfants en ce sens, est la meilleurs protection pour les petites filles.
Le droit des femmes, le droit à avorter ne sont pas inaliénables, il faut s’en souvenir et veiller à ce que la droite religieuse dure ne s’empare pas des pouvoirs car la cata ne sera pas loin. Vigilance, vigilance, vigilance
Dernière belle phrase du livre
« On ne naît pas féministe, on le devient ».
C’est ma petite-fille de 18 ans qui m’a refilé le livre. J’en suis fière car, peu d’années auparavant, elle était dans la littérature jeune adulte, un peu trop rose. Mais, quand la graine est semée... la plante devient superbe.
Un livre vivant, très agréable à lire, à mettre entre toutes les mains, . Merci Emilie.