Pierre Filoche - Harcelé
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Février 2022
192 pages
ISBN : 9791090175891
4ème de couverture :
Suite à sa fuite de la clinique Barnier, Vincent Martin, victime d’un traumatisme crânien, en partie amnésique, se retrouve face à un comité médical qui doit le juger. Son supérieur hiérarchique a déposé une plainte pour une agression physique dont il ne se souvient pas.Ce dont il se souvient, en revanche, et qui l’obsède, c’est le harcèlement qu’il a subi sur son lieu de travail en tant qu’ingénieur informaticien. Et de son évasion vers Port-en-Goel, dans la Baie de Somme, en passant par Compiègne.En chemin il rencontre Virginie, son avocate, qui le croit innocent des accusations qui pèsent contre lui. Elle l’entraîne dans son manoir familial, où il rencontre Guillaume, son frère, un décliniste, et Ariane, psychothérapeute, qui l’aideront à démêler la toile d’araignée mémorielle dans laquelle il se débat. Avec des rebondissements et des résultats pour le moins surprenants.
L’auteur (site de la maison d’édition) :
Pierre Filoche est né en 1951 à Châtellerault, dans la Vienne. Il a fait des études de sciences sociales à l’université de Poitiers, puis a travaillé comme Responsable de conceptions informatiques. Auteur connu pour ses nouvelles et romans policiers, il participe à l’aventure du Poulpe avec la publication en 1998 de Eros les tanna tous. Son dernier roman, Ce bel été 1964, très bien accueilli, a paru en chez Serge Safran éditeur en 2020.
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J’ai lu ce livre en revenant de l’hosto et ma perception était altérée ou différente (je préfère).
Vincent Martin aurait agressé son supérieur hiérarchique et une plainte a été déposée contre lui. Or, il ne s’en souvient pas puisque, à la suite d’un accident, il est devenu amnésique. La seule chose dont il est sûr et certain c’est que ce même supérieur hiérarchique, après avoir poussé son collègue au suicide, l’a harcelé, dévalorisé au possible pour le pousser à démissionner (tiens, cela me remémore certains tristes évènements). Interné à la clinique Barnier, Martin avale les médicaments (beaucoup) et… un beau jour, prend la poudre d’escampette, direction un petit village côtier normand où il allait en vacances avec ses parents.
Pourquoi cette destination, je pense que son esprit endormi, brumeux n’en sait rien. Bon, le voici dans ce train où il se sent suivi. Une jeune femme l’accoste, se présentant comme son avocate. Oui, mais c’est bien sûr, il l’avait croisée à la clinique, elle était même entrée dans sa chambre.
A partir de là, j’entre dans une autre dimension, la nuit, la pluie, la brume, le voyage en train interrompu plusieurs fois, l’arrivée chez Virginie (c’est le prénom de la jeune femme)...
Là, il rencontre la sœur, Ariane, psychologue qui veut l’aider à retrouver la mémoire ou la partie qui les intéresse. Léonard, majordome qui fut au service des parents, un majordome qui est chez lui. Le frère présente quelque intérêt, un peu barré, féru d’antiquité, de brocante, il veut reconstituer le passé de Wassel. Le tout baigne dans une atmosphère de semi-obscurité, bruine, brume, comme dans le cerveau de Vincent. J’allais oublier Baraduc, le détective au service de l’avocat de la partie adverse qui les file ; cet avocat est également le futur ex-mari de Virginie (ils travaillent tous les deux dans le même cabinet).Les deux sœurs ont pris Vincent sous leur aile et veulent palier à l’injustice criante. Oui mais voilà, est-ce vraiment désintéressé ?
« Quand je fermais les yeux, je voyais Mourier dans son bureau. Mourier, « manager junior number one », c’était inscrit sur une de ses cartes… On lui avait appris à aboyer, alors il aboyait. ». Son amnésie n’a pas oublié les vexations, le harcèlement dont lui, ingénieur informatique et son collègue et ami furent victimes. Mourier ? il ne va rien lui arriver, il ne paiera pas pour le suicide de son collègue, ni pour avoir harcelé le narrateur et ils ne se rencontreront même pas. Est-ce cela la justice ?
Le narrateur passe du statut de mouche empêtrée dans la toile d’araignée à balle de flipper que s’envoie les deux avocats, les deux sœurs…
Je suis le « réveil » de Vincent, son retour au monde moins brumeux, plus concret, sans médicament
A quel moment suis-je dans la réalité ? Est-ce lors du séjour à Wassel, ou lorsque Vincent retrouve, enfin, son harceleur et une certaine lucidité ?
Tous les personnages semblent jouer un rôle ; bons ou mauvais acteurs, ils ont, pour moi un côté irréel, anachronique.
Une lecture bizarre, mais j’y étais si bien dans la toile d’araignée, à dérouler le fil ! La fin peut surprendre… ou pas. L’air de rien, Pierre Filoche tire les ficelles de ce roman gris foncé où le harcèlement est bien évoqué avec ses ravages,
Merci Serge Safran pour ce livre qui aborde le sujet du harcèlement au travail et Pierre Filoche pour la gentille dédicace ; auteur que j’ai découvert grâce à un joli roman d’apprentissage, Ce bel été 1964